Essai publié le 03 mai 2017

Essai BMW R1200 GS Rallye style - Pas besoin d’être parfaite [page 2]

Texte de Patrick Schneuwly / Photo(s) de Patrick Schneuwly et Loranne Girasoli

Pages

Jour 2 : Grütli puis cap au Sud

Par curiosité, une étape par la prairie hautement symbolique pour la Confédération Helvétique est programmée. La route pour s’en approcher vaut déjà la peine bien qu’elle traverse quelques villages. Depuis la route, on a une vue plongeante sur la prairie et un magnifique panoramique. Je profite de l’arrêt pour jeter un oeil sous la selle, car une fiche codeuse s’y cache pour donner l’accès aux modes pros de l’électronique (Enduro Pro, Dynamic Pro), mais c’est une option.

Trop tôt dans la saison, il faut emprunter le tunnel du Gothard pour rejoindre le Tessin. L’énorme bouchon est une formalité à remonter, seul l’obstination de certains à ne pas s’écarter me laisse sans voix. Pour les 17 km de tube, je suis bien content d’avoir le régulateur de vitesse. Bloqué à 80 il n’y a qu’à se laisser porter. Je l’activais même systématiquement dans les villages, plus besoin de garder les yeux sur le compteur.

La prochaine étape sur l’itinéraire est le balcon d’Italie. Mais ce que je ne savais pas c’est que la route qui y mène depuis la Suisse est très très étroite et l'ascension finale est en piteux état. Et comme si ce n’était pas encore assez difficile, une généreuse averse s’est abattue sur la région avec une petite dose de grêle. Le ciel a décidé que j'essaierais tout de suite le mode pluie de la GS.

Devant moi, des amis abordent une enfilade d’épingle de façon hésitante. Pour moi c’est un jeu d’enfant: campé bien haut sur la moto avec le large guidon, j’ai toute la liberté de mouvement nécessaire pour regarder bien haut et braquer la direction au maximum. Tout juste sur le ralenti de la 2e, l’Allemande bondit hors du virage en allumant déjà le contrôle de traction. L'adhérence est soudainement très précaire avec cette pluie survenue après une période assez sèche, heureusement que l’électronique veille d’une façon sécurisante.

Jour 3 : Un ferry et retour en Suisse par le Simplon

Après la traversée de Laveno-Mombello à Intra sur le Lac Majeur, le détour par Piancavallo vaut autant le coup pour la vue que les petites routes. Mais le summum de la journée sera sans aucun doute la vallée allant de Cannobio direction Domodossola. Le route est par endroit très étroite, mais c’est là que j’ai poussé la Rallye dans ses derniers retranchements.

Avec le moteur en Dynamic Pro et le réglage rigide de la suspension, la moto réagit instantanément et se laisse piloter assez vigoureusement. Les 125 chevaux s’expriment pleinement bien qu’on aimerait en avoir 40 de plus. Equipé du shifter, le rapport supérieur s’engage instantanément et aide à mieux profiter du couple maximal à 6’500 tr/min. Inutile d’aller chatouiller la zone rouge à 9’000 tr/min.

Pour s’arrêter, on tape dans deux disque de 305 mm de diamètre à l’avant et un disque de 276 mm à l’arrière. En option, la GS prend aussi un ABS Pro, appliquant les freins différemment lorsqu’on est sur l’angle pour limiter le redressement et l’écartement de la trajectoire lors d’un freinage en courbe. Une technologie en laquelle il faut avoir confiance mais qui personnellement m’aide à rouler plus fort. Lors d’un gros freinage de l’avant, la suspension active compense immédiatement la plongée de l’avant. Il ne me reste qu’à rétrograder à l’aide de la commande hydraulique et du pied avant de me jeter dans le virage.

Arrivés au col du Simplon, retour au mode pluie aidé des poignées chauffantes pour affronter la neige. En 3 jours on aura affronté toutes les saisons.

Jour 4 : Le Valais pour rentrer

Avant de s‘engager sur la remontée du Valais par l’A9, faute de mieux, notre groupe s’offre un passage à Loèche-les-bains. Le séant de certain en a bien besoin, alors que le mien est choyé par le selle de la 1200 GS. Mon seul regret point de vue confort, c’est le saute vent enduro un rien trop court pour dévier le vent au dessus de ma tête. Bien qu’il soit très facilement réglable à une main, la position haute ne suffit pas. Mais ce choix est compréhensible, avec un grand pare-brise on ne verrait vraiment plus rien lorsqu’il est plein de boue. On regarde facilement par dessus celui-ci.

Jusqu’à Monthey le régulateur de vitesse a une fois de plus sauvé mon poignet droit d’une crispation inutile. Pour la suite, nous avons repris la Vallée Verte pour ne pas sombrer dans l'ennui sur l’Arc Lémanique. Pendant tout le week-end, j’aurais suivi l’indication de vitesse du GPS de la moto. En effet le BMW Navigator VI fabriqué par Garmin est parfaitement intégré sur la R1200GS. A gauche, un grand sélecteur rotatif permet de zoomer sur la carte à tout moment. En poussant cette roulette vers le côté, l’affichage change et peut faire apparaître 1, 4 ou 16 informations concernant la moto, le tout étant paramétrable.  Cet ordinateur de bord est un vrai plus pour la moto, augmentant malheureusement un peu plus son prix.

Plein de bons souvenirs

En un peu plus de 1300 km en 5 jours, j’ai bien compris pourquoi ce modèle est un best-seller. La 1200 GS est confortable, polyvalente et reste excellente à rythme élevé. Son autonomie de chameau m’aura aussi pas mal surpris. Après 325 km, l’autonomie affiche 50 km et on doit pouvoir en faire le double. La fiche technique dit 4.96 l/100km, j’ai mesuré 5.16 pour la même distance, chapeau.

Mais je vais être dur avec cette moto, à titre personnel voici ce qui ne m’a pas plu sur cette BMW. Comme passé mi-régime, il n’y a plus de couple, on se retrouve en permanence en 6e. Pour avoir de la reprise, il faut tomber 3 rapports avant d’essorer la poignée. Je n'aime pas non plus le principe de la fiche codeuse pour les fonctions pros. Un menu dédié aurait été plus simple et éviterait de manipuler une fiche sous la selle.

Comparée à d’autre trails du genre (Multistrada, Super Adventure S) je trouve que la GS manque de tranchant. Les pneus font une différence, c’est une certitude, mais je ne pense pas que l’ESA ou le châssis gagneront en rigidité avec une monte pneumatique différente. L’équipement de série de cette BMW n’est pas extra-ordinaire non plus, tout ce qui fait la différence est en option ! Mode de conduite Pro, démarrage en côte, ABS Pro, intégration du BMW Navigator, contrôle de traction, régulateur de vitesse, etc. Tout est dans des packs additionnels, une habitude allemande sans doute.

Ces deux derniers paragraphes sont cinglants, mais ils concentrent l’essentiel de ce que je trouve de négatif sur tout mon essai, tout le reste n’est que positif. La R1200GS mérite sa place de légende incontournable, d’autant plus que cette version Rallye est une réussite visuelle. Il faut juste garder en tête que la concurrence ne chôme pas et se développe exactement là où BMW baisse sa garde.

Patrick

Au final...

On a aimé :
+
La boite très douce
+
La maniabilité excellente
+
Voyageuse hors-pair
On a moins aimé :
-
Tout le temps en 6e
-
Lourde pour du off-road
-
Compteur analogique peu pratique
AcidTracks 2019 - Organisation de sorties pistes

Suivez AcidMoto.ch !

Au final...

On a aimé :
+
La boite très douce
+
La maniabilité excellente
+
Voyageuse hors-pair
On a moins aimé :
-
Tout le temps en 6e
-
Lourde pour du off-road
-
Compteur analogique peu pratique

Fiche technique

Véhicule
Marque :
BMW
Modèle :
R1200 GS Rallye style
Année :
2017
Catégorie :
Routière
Kit 25 kW :
Non disponible
Moteur
Type :
Boxer bicylindre (flat twin) quatre temps, deux arbres à cames en tête, un arbre d’équilibrage
Cylindrée :
1170 cm3
Refroidissement :
A air/eau
Alimentation :
Injection électronique dans le collecteur d'admission
Performances
Puissance max. :
125 ch à 7'750 tr/min
Couple max. :
125 Nm à 6'500 tr/min
Transmission
Finale :
Par cardan
Boîte :
Boîte de vitesses six rapports à commande par crabots
Embrayage :
Multidisque en bain d'huile, commande hydraulique
Partie cycle
Châssis :
Cadre périmétrique en tubes d’acier, moteur à fonction porteuse
Suspension AV :
Telelever BMW actif ESA Next Gen
Course AV :
190 mm
Suspension AR :
Paralever EVO BMW actif ESA Next Gen
Débattement AR :
200 mm
Pneu AV :
120/70 R 19
Pneu AR :
170/60 R 17
Freinage
ABS :
Oui
Freinage combiné :
Non
Frein AV :
Doubles disques flottants, diamètre 305 mm, étriers radiaux à quatre pistons
Frein AR :
Disque simple, diamètre 276 mm, étrier flottant à deux pistons
Dimensions
Longueur :
2'207 mm
Largeur :
953 mm
Hauteur de selle :
850 mm
ou 870 avec la selle d'origine en position haute.
Poids total :
244 kg
Réservoir :
20 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Lupin Blue Metallic
Catalogue
Prix de vente :
CHF 16'100.-
Rallye Style +700.-, véhicule d'essai paré de 4'630.- d'options, 20'730.- hors GPS.
En ligne :

Plus d'articles Moto

On a essayé la Yamaha R7 Turbo - Vidéo
Le garage GBK Motos nous a offert la chance unique d'essayer leur Yamaha R7 Turbo encore assez tôt dans son développement. Suivez-nous au Circuit de Bresse fin Mars pour une prise en main.
Fin de la phase d'essais réels de la Triumph TE-1 - Les résultats
Le projet anglais de moto électrique porté, pas seulement par Triumph, mais par un groupe d'industriels majeurs du secteur vient d'achever sa phase de tests réels. Le constructeur livre des chiffres concrets sur le projet.
BMW Motorrad Days 2022 : Le must de BMW
Le 1er week-end de juillet, nous avons été conviés aux BMW Motorrad Days à Berlin. Au programme: visite de l’usine, salon BMW, beaucoup de customs, de la musique live et une atmosphère unique. Récit.
Préparez-vous pour le 5e Rallye du Cromwell Moto-Club le 2 octobre 2022
Depuis 2016, le Cromwell Moto-Club propose à une vingtaine d'équipages de rouler toute une journée ponctuée de postes où des surprises les attendent. Après 2 annulations, rendez-vous le 2 octobre 2022 !
Bilan après 4'400 km en Aprilia Tuareg
4'400 km dont 2'000 km de tout-terrain par des températures allant de 6°C à 34°C, avec de la pluie, de la boue, des étapes de plus de 12 heures à son guidon dont une étape autoroutière marathon de 1’000 km, c’est ce qu’on a infligé à la nouvelle Aprilia Tuareg 660 durant les 9 jours de ce test extrême. Le tout en traversant 8 pays.
11ème édition de la Rétro Moto Internationale de St-Cergue ce samedi – L’appel du 18 juin
La 11ème édition de la Rétro Moto Internationale (RMI) de St-Cergue aura lieu ce samedi 18 juin 2022. Venez nombreux!

Hot news !

Essai Ducati Multistrada V4S Full - Un 4 cylindres addictif mais qui se mérite
C’était la nouveauté de l’année 2021 pour Ducati : une Multistrada propulsée par un moteur baptisé Granturismo. Le côté extraordinaire de ce moteur, c’est qu’il a 4 cylindres en V. Plus petit et plus léger, plus puissant en même temps. Difficile de dire non !
Essai Yamaha R7 - Attachante et efficace
Pour entrer dans le monde de la moto, nombreux sont ceux qui cèdent aux sirènes de la sportive. Reste qu’à 16 ans c'est 125cm3 et à 18 ans, 35kW, pas plus. Débarque sur le marché une nouvelle R7, qui veut bousculer la concurrence.
Yamaha Ténéré 900 – Une grande sœur pour la T7
Yamaha entend combler le vide laissé dans sa gamme par la Super Ténéré. Bientôt une Ténéré 900 ? Il semble bien que oui.
Triumph Street Triple RS-(RR ?) 2023 - Dorée à l'Öhlins
La Triumph Street Triple RS ne souffre d’aucun défaut et représente même le summum de sa catégorie. Mais voilà, pour les ingénieurs d’Hincley, apparemment, ça ne suffisait pas.
Présentation de la gamme Yamaha 2022 à l’anneau du Rhin
AcidMoto a été invité à l’anneau du Rhin par l’équipe Hostettler pour la présentation de la nouvelle gamme moto Yamaha. C’était durant cette fameuse journée où les nuages nous lâchaient une pluie teintée de sable du Sahara, donc un défi durant les essais.
Essai vidéo - Triumph Tiger 1200 GT et Rally Pro
À l'occasion de l'essai de la Triumph Tiger 1200 modèle 2022, nous avons roulé une journée sur la route et une journée en tout-terrain.