Il n’a suffit que de quelques pièces pour que la XSR900 devienne un authentique Café Racer. Le phare est enveloppé d’une tête de fourche aérodynamique en fibre de carbone brut. Les gardes-boue sont du même matériau et estampillés du Scorpion. Le guidon cintré façon bracelet et la nouvelle selle monoplace inclinée vers l’avant confèrent à cette moto une vraie position de conduite comme à l’époque.
La peinture tri-ton grise, noir et rouge donne un côté délicieusement désuet à la XSR, laquelle n’en demeure pas moins belle. Sa ligne d'échappement signée Akrapovic avec son silencieux en titane en position mi-haute est un peu étrange. La pièce est jolie, mais do profile gauche on voit bien le collecteur 3 en 1, une marmite où se terminerais déjà l’échappement de la MT-09, puis encore un tube vers les silencieux additionnels.
Cette édition limitée est même une preuve roulante que lorsqu’un constructeur veut faire un arrière élégant à la sortie d’usine, ils confectionnent un support de plaque et de clignotant du plus bel effet. Le capot de selle tout en carbone sert en plus à intégrer le petit phare arrière à LED. Sa forme rappelle une certaine poupe cachant habituellement un échappement, celui de la M1. La selle est aussi très élégante, recouverte d’alcantara et spécialement conçue à l’épreuve des intempéries. Comme pour signer l’oeuvre, une plaquette en aluminium numérotée est apposée à droite vers la colonne de direction.
Le coeur de cette édition Abarth ne diffère pas de celui de la XSR900 de série. C'est toujours le trois cylindre Crossplane de 850 cm3 qui offre 115 ch. et 87.5 Nm de couple. La MT-09 à motorisation identique s’est vue dotée d’un upshifter pour cette saison, lequel n’a pas suivi le mouvement sur le Faster Son. En revanche l’embrayage anti-dribble assisté est bien sur la XSR.
Pour les autres aspects technique, je ne vais pas user de trop mes doigts sur mon clavier et vous conseillerais simplement de vous replonger dans l’essai de mon collègue Jimmy, narrant une folle épopee dans les Îles Canaries.
Équipé de la sorte, la XSR allie le côté sportif à l’apparence exceptionnelle. En Café Racer, il faut être le plus rapide pour se rendre au bistrot tout comme avoir la moto qui attire le plus les regards quand on arrive à destination. La piste choisie est une boucle de 50 km en Sardaigne, un genre de TT pour petits bras étant donné que bien compté, il n’y a que 3 véritables lignes droites dont 2 arrivent et s’éloignent de notre point de départ.
Aller vite en XSR900 est une formalité, allongé sur ce qui n’est pas une sportive demande plus d’implication. S’habituer à l’ergonomie d’abord, avec un guidon bas mais quand même fixé au sommet des T de fourche surprend. Là au centre est aussi fixé le petit compteur qui ne maque cependant pas d’informations. Seulement, il y a un gros espace vide dernière la bulle carbone qui aurait pu abriter les instruments : trop compliqué pour le câblage.
Alors qu’on partait tranquillement faire notre essai, il n’a fallu qu’un enchaînement de virage pour qu’on se croit tous dans un nouveau tome du Joe Bar Team. Le moteur CP3 n’y est pas étranger, avec 115 ch. et un rupteur repoussé à un régime fou il reste toujours quelque chose en bout de poignée. À la moindre solicitation la réponse est immédiate. Et heureusement qu’il y a toute l’électronique de la MT-09 !
Avec les riding mode et le contrôle de traction, sur des routes vraiment glissantes, on a probablement évité les excès d’optimisme. Et comme expliqué plus haut, il n’y avait qu'une partie sinueuse qui faisait 48 km. Le feeling de la roue avant inspire confiance, comme plantée dans le sol elle confère une grande stabilité à la XSR. À chaque virage il faut travailler la moto au corps pour l’incliner correctement, avec le genou plaqué au réservoir. Elle est ainsi surprenante d’agilité.
Au freinage, alors qu’on est déjà bien en appui sur les poignets, ils reprennent un coup. Et à l’accélération il faut à nouveau s’agripper, le trois cylindre n’en finit pas de pousser jusqu’à finalement se dire que le shifter ça serait cool, mais tellement anachronique. A la longue, ne cherchez pas de confort sur ce Café Racer, la position est aussi exigeante que sur la R1 par exemple. Heureusement ce n’est pas un obstacle au plaisir, je me suis énormément amusé sur cette XSR !
Sceptique au départ, je me suis vraiment fait avoir par le look soigné et sans compromis de la XSR900 Abarth. Ses pièces en fibre de carbone, surtout le capot de selle, et l’échappement titane sont incontournables. La peinture grise, noir et rouge en fait un objet que j’aimerais pouvoir contempler à la maison. Livrez-la moi avec un moteur qui ne marche pas ! Non ce serait dommage pour ce CP3, si explosif et volontaire, il faudrait pouvoir en profiter de temps à autre.
Vendue contre un surcoût de 3’300 CHF, la version Abarth se mérite, d’autant qu’il faut encore avoir l’une des 695 produites. Comme unique moto je ne m’y risquerais pas. Aussi exigeant qu’une sportive, sauf qu’elle est moins pousse au crime, elle tiendrait plutôt la place de la moto du week-end. Celle qu’on gare à côté de sa Abarth 695 XSR Edition et qu’on sort pour se rendre au café en somme.