
On l’attendait quand-même au tournant, la « grosse Vespa ». Dans sa version GTS Super 300i.e., dotée d’un monocylindre fort de 22 chevaux, la guêpe se veut une alternative aux incontournables Yamaha X-Max et autres Kawasaki J300, d'apparence bien plus sophistiqués. Mais sous son look rétro sobre et minimaliste, quels arguments avance-t-elle face à ces références du segment ?
Son look, d’abord, est une réussite totale, sublimée par une finition de qualité. Fluide et galbée, la ligne s’inspire brillamment de son aînée à moteur deux-temps. Des « ailes » carrossées à la fourche monobras à l’avant, en passant par les rétroviseurs chromés, la boîte à gants et le plancher plat, la Vespa est… une Vespa ! Les quelques chromes, sur les jantes, la carrosserie, la poignée passager et l’échappement finissent d’ancrer notre modèle dans la catégorie rétro. Officiellement distincte de Piaggio, la marque Vespa reste sous la coupe du groupe italien. Et on le ressent au rayon équipement.
Motorisée ici par l’éprouvé monocylindre de 278cm3 à injection électronique, notre signorina s’offre un inédit contrôle de traction, déconnectable via le démarreur, une fois le moteur lancé. Un système qui peut faire sourire sur un « petit » scooter, mais qui s’avérera fort utile et sécurisant à l'usage. L’ABS est également disponible en option et était monté sur notre machine d'essai.
Côté aspects pratiques, la boîte à gants du tablier avant embarque une prise USB pour la recharge de votre smartphone. S’ouvrant par le contacteur, la boîte à gants est bien sûr étanche, tout comme la soute de selle, qui se déverrouille par un bouton situé sur le tablier. On y range facilement deux casques jet, mais pas d’intégral (ou alors je dois me remettre à Tetris, ndr.).
La belle se dote en plus d’un crochet à sac, toujours sur le tablier. Le plancher plat accueille sans souci un bagage non-suspendu, même si poser les pieds au sol demande alors un peu de précision et de vitesse… La selle se couvrira volontiers de sa housse étanche, rangée dans un petit compartiment, sous l’assise avant. De quoi garder son postérieur au sec même par temps humide.
Si elle perd les porte-paquets de sa version de base, la Vespa Super peut sans problème s’occuper des affaires quotidiennes, courses comprises. Aucun risque de laisser couler votre fromage ou tiédir vos surgelés. Car la plus grosse des Vespa n’est pas seulement mignonne et bien équipée pour le quotidien. En vérité, c’est une vraie terreur une fois sur la route.
La nuance entre « faire les courses » et « faire la course » n’aura jamais été aussi subtile une fois au guidon. Le moteur, très réactif et volontaire au démarrage, permet d’évoluer en ville sans arrière-pensée. On profite de la maniabilité du châssis pour se jouer de tous les pièges de la circulation comme avec un petit 125, mais avec une puissance et un couple redoutables. Le freinage n’appelle aucune critique et l’ABS, très sécurisant par temps froid ou humide, n’entre quasi jamais en action sur le sec.
Très joueuse en ville, notre Super Vespa s’encanaille d'autant plus volontiers dans les ronds-points ou sur les petites routes de campagne. Cela grâce à des suspensions enfin à la hauteur de l’agilité de l’engin. Si l’avant offre un sentiment de légèreté permanent, le ressenti reste bon et l’on sent très bien le travail du pneu, d’ailleurs parfait en toutes circonstances.
Encline à s’incliner, latéralement bien sûr, miss Vespa aura semé le doute chez quelques motards un rien timides en courbe en ce début de printemps ! En usage plus sportif et même en duo, la stabilité d’ensemble et le freinage restent à la hauteur et l’on exploite avec plaisir le potentiel de la grosse guêpe. Il faudra prendre garde aux excès d'optimisme, surtout sous la pluie, mais le contrôle de traction ASR veille au grain et coupe l’arrivée de la puissance en cas de dérobade. On se rappelle enfin que la Vespa reste un scooter et qu’elle n’est pas une sportive pure et dure… mais quel régal !
Revenu à des allures plus raisonnables, on profite toujours de notre jolie demoiselle, malgré quelques petits détails qui chiffonnent. Les cale-pied passager, très bien intégrés, n'offrent toutefois pas un confort et un maintient optimum. Le pilote sentira parfois les pointes de pied de son passager et est forcé de placer les siens un peu trop en avant.
Le joli phare rond et le fin guidon seront la seule protection contre le vent, alors que son tablier peu enveloppant n’abrite que très peu les jambes des remous et de la pluie. On subit un peu passés les 100km/h, atteints plutôt rapidement sur autoroute. Pour les longs trajets, il faudra donc s'armer de patience et entraîner sa nuque aux remous.
Toutefois, le moteur se destine essentiellement à des trajets urbains et péri-urbains ; inutile d’aller chercher à dépasser le 120. Bonne nouvelle : vous pourrez entraîner votre nuque un bon moment, le réservoir de 9,5 litres et la consommation raisonnable permettant de dépasser les 210 kilomètres avant de repasser à la pompe.
La Vespa aura répondu à nos attentes lors de cet essai, largement. Techniquement aboutie, dotée d’excellents éléments pratiques et sécuritaires, elle offre de bonnes performances dans cette version 300cm3 et son châssis travaille très bien dans toutes les situations. On la croisera moins dans les rues que d’autres scooters, ce qui flattera certains egos.
C'est toutefois ailleurs qu'elle se distingue. Soulignons qu'ici s’arrête toute objectivité, mais la Vespa est vivante. Pas seulement en évoquant son illustre aînée par son look et son image de marque, mais surtout par ce qu’elle retransmet. Les sensations de conduites sont moins aseptisées que sur d’autres scooters, on ressent mieux la route, les conditions météo, la vie. Bref, la Vespa a conservé son âme... de Vespa. Sans moteur deux-temps, sans vitesses au guidon, sans roue de secours sous ses ailes. 70 ans et pas une ride : chapeau, la guêpe!