Ca y est, le moteur est chaud. A bonne température, le moteur grogne au ralenti avec cette sonorité typique des bicylindres en V. Ca broute légèrement et à la moindre sollicitation de la poignée de gaz, ça claque. Superbe !
Je lâche l’embrayage à câble un peu ferme et ma Scout démarre. Le couple délivré par le moteur est étonnant. Il arrive avec force et constance tout en profitant de la souplesse acquise par l’injection. Les premiers tours de roues sont prudents. On essaye de se faire au poids de la moto, à ses dimensions. Mais ça vient vite et les premières accélérations arrivent.
Une des choses à laquelle j’ai eu du mal à m’habituer, c’est le freinage. Bien qu’il soit couplé à un ABS relativement bien paramétré, je l’ai trouvé un peu faible dès le début. De plus, les rétroviseurs retombent systématiquement en position basse malgré mes maintes tentatives de réglages.
Fait étonnant pour la hauteur de la moto et sa garde au sol de 135mm, la Scout permet de prendre de jolis virages avant de frotter les cale-pieds. Le train avant n’est certainement pas étranger à ce sentiment.
Une virée au guidon de l’Indian Scout peut donc avoir plusieurs facettes. On peut se balader tranquillement, au son du moteur. La puissance délivrée par le moulin vous propulsera immédiatement à 100km/h. Et cela restera votre vitesse de croisière, profitant des virages d’un col ou d’une route sinueuse pour faire frotter les cale-pieds. L’autonomie d’un peu moins de 200km vous laissera flotter sur la route pendant quelques heures. Car c’est bien la sensation que l’on a lors d’une virée. On flotte. Mais cela n’empêchera pas la Scout de pousser fort et ce, sur tous les rapports.
Mais on peut aussi pousser plus fort. Attaquer correctement. Même si elle n’est pas prévue pour l’arsouille, elle s’en sort correctement à ce petit jeu. Elle se mue en jouet pour adulte averti. On ne prendra jamais de vitesses faramineuses, position oblige. En revanche, on fera facilement chasser le pneu arrière en sortie de virage alors que le cale-pied intérieur lèchera le bitume.
Le couple présent à tous les étages permet de conduire bas dans les tours et d’accélérer fort pour jouir du couple, ou alors de chercher les haut régimes. Si votre choix se porte sur cette dernière option, il vous faudra faire avec les vibrations qui iront avec. Et attention au freinage. S’il s’est révélé un peu léger pour le "tous les jours", il est clairement en deçà de ce qu’il faut pour élever le rythme... dommage !
Au niveau de la partie-cycle, je n’ai rien trouvé à redire tout pendant que la route était saine. Le train avant donne confiance et emmène la moto de tout son long en une seule et franche fois. En même temps, il devient difficile de rouler au-delà de 120km/h au vu de la position sur la moto. Pas évident de mettre le châssis en défaut à cette vitesse. J’ai réussi à aller plus vite, mais rien d’immense (comparé à une hypersport par exemple). Le comportement routier de la Scout n'a pas pour autant été mis à mal.
En revanche, lorsque la route se dégrade, cela devient digne du rodéo. Les suspensions fermes ne sont pas faites pour du bitume défoncé ou simplement en mauvais état. Ce sont en fait vos lombaires qui feront office d’amortisseurs. Mais l’Indian restera sur la trajectoire que vous lui demanderez quel que soit l’état de la route.
L’heure étant venue de ramener mon chopper au bercail, on m’explique que le problème rencontré avec les rétros n’a rien d’affolant. Il suffit de renvoyer les composant via la garantie et de les changer.
J’aurais aimé garder cette Indian un peu plus longtemps. Moi qui ne suis pas habitué à conduire ce genre de moto, j’ai pris un plaisir fou au guidon de l’américaine. Le fait de conduire une moto si authentique a vraiment été une expérience agréable. Pourquoi ne pas passer de ce coté là de la moto un jour où l’autre... c’est une hypothèse largement envisageable.
Si vous êtes intéressé par l’Indian Scout, sachez qu’American Bike a d'ores et déjà reçu la livrée 2016. Cette dernière est en tout point semblable à la 2015 à l’exception des jantes qui sont maintenant polies et que le compteur comporte un indicateur de rapport engagé.