Bon, assez tergiversé, maintenant il faut donner vie à la R1200R, une pression sur le bouton du démarreur et le boxer s’ébroue... et toute la moto prend vie. On sent bien les pistons boxer (d’où son nom de boxer). La bande-son est phénoménale et bien loin de l’image pépère que l’on se fait d’une BM... ça gronde, le son est caverneux et le graphe barre du compte-tours monte à la moindre sollicitation de la poignée droite.
D’ailleurs, à propos du graphe-barre indiquant le régime moteur, BMW a poussé le vice jusqu’à indiquer une zone rouge plus basse lorsque le moteur est froid, plus ce dernier monte en température plus la zone rouge est repoussée ! C’est une indication précieuse pour qui veut préserver son moteur.
Une fois en route, on est certain d’être sur une BMW, l’équilibre général est excellent et le poids de la bête, qui n’est pas si élevé avec seulement 231kg avec les pleins, se fait totalement oublier. En ville, on manie la R1200R avec aisance, le couple important aidant grandement à se sortir des embouteillages.
Le grand guidon assure un guidage facile, et ce dernier est grandement facilité par la grosse fourche inversée qui amène une certaine rigidité au train avant. Comme quoi, un flat peut être une moto moderne.
Vient le moment d’emprunter le réseau secondaire et c’est là que la R1200R distille tout son charme. Le moteur souple et ultra rempli démontre tout le bienfait du vilo alourdi en distillant un couple infernal dès les plus bas régimes jusqu’à l’approche de la zone rouge. Perso, au niveau des sensations moteur, j’ai eu l’impression de rouler sur un T-Max sous anabolisants qui revenait d’un séjour d’entraînement dans l’ex-Allemagne de l’Est, la boîte de vitesse en plus.
Il suffit donc de se caler sur le quatrième ou le cinquième rapport, de toute façon au pire il y a le shifter, d’enrouler et de profiter des moustiques qui viennent s’écraser sur votre sourire béat tant la R1200R pousse en sortie de courbe, martyrise son pneu arrière, gronde à la décélération et tient sa ligne en courbe.
C’est bien beau de watter en sortie de courbe, il faut aussi de temps en temps prendre les freins pour soigner son entrée en virage... et là, pas de surprise, la R1200R est au standard BMW, à savoir un freinage puissant et endurant.
Vous pensez peut-être que je vous rabâche avec le freinage made in BMW, mais il faut reconnaître que le constructeur à l’hélice est passé maître dans ce domaine. Comme quoi qu’il n’y a pas besoin d’avoir des derniers étriers Brembo monobloc pour planter des freinages de trappeur. Aujourd’hui, une excellente centrale ABS suffit.
Un autre élément que BMW maîtrise à la perfection est la transmission par cardan, ce dernier se fait oublier et on presque l’impression d’avoir un transmission par chaîne. Pour les plus vieux d’entre vous (comme moi...) on est bien loin des R80 par exemple qui se dressaient à l’accélération ou descendaient au freinage. Aujourd’hui, la transmission par cardan est totalement transparente, sauf lorsqu’il s’agit de passer par la case service et changer la chaîne... le cardan étant presque garanti à vie.
Après, que dire de la suspension électronique dont était équipée ma moto d’essai... Personnellement je pense que c’est l’avenir et que BMW a pris un TGV d’avance dans cette technologie qui est aussi révolutionnaire que l’injection à son époque et l’ABS après.
A l’usage, le mode adaptatif laisse la suspension s’auto-adapter aux conditions de la route, ce qui est juste magique. Vous pouvez partir en mode cooooool et la suspension le sera aussi, avant de "péter un fusible" car vous êtes en retard pour aller pêcher Cendrillon à la sortie du bal et là encore la suspension deviendra plus ferme, vous permettant d’attaquer.
Enfin, une fois votre belle sur la selle, vous pourrez la ramener tranquillement avec un mode à nouveau pullman, le tout sans sortir un seul outil ! D’ailleurs, ça me fait penser que mon SDS préféré a particulièrement apprécié le confort de la selle et son revêtement anti-dérapant l’empêchant de glisser sur moi, ou de partir en arrière vu le couple de l'engin (là je parle de la moto).
La R1200R vous amènera au bout du monde avec son réservoir de 18 litres, la consommation étant des plus raisonnables pour un gros twin de 1200cc, et ce même sur l’autoroute ou le moteur ronronne tranquillement alors que vous vous casez derrière le saute-vent. D’ailleurs, lors d’un passage sur nos "chères" double-voies, j’ai particulièrement apprécié le cruise-control qui permet de se caler sur une certaine vitesse sans se prendre la tête.
Bref, pour résumer la R1200R vous amènera à l’essence même du roadster : un moteur, du couple, du vent dans le museau et un plaisir infini de la moto alors que beaucoup du même genre se sont presque autant radicalisées que des sportives et sont contraignantes à la conduite. Croyez-moi, l’essayer c’est l’adopter, on parie ?