Aujourd’hui, votre serviteur, qui vient de se muer en fan des modèles du genre, vous propose de découvrir un modèle qui mérite le détour : la High-Ball, un modèle qui reprend les codes des motos au style Vintage. Pour ce faire, j'ai pu prendre possession de cette moto auprès du nouveau dealer de la marque, la concession genevoise American Bikes Geneva, qui distribue également les marques Indian Motorcycle et Harley-Davidson.
De prime abord, nous pourrions penser que la High-Ball est une énième moto américaine, avec un cadre en acier, une fourche king-size, le tout supportant un gros twin poussif et faisant un raffut d’enfer. Que neni les amis, si la High-Ball ne renie pas ses origines, elle a su les mettre en valeur et en tirer profit.
Que tu aimes ou pas le style, il faut reconnaître que le coloris noir mat lui va comme un gant, d’autant plus que les pneus à flanc blanc et les jantes à rayons accentuent ce côté Vintage. Le réservoir en goutte d'eau ou encore le garde-boue arrière enveloppant accentuent encore un peu plus le côté custom.
Le large et haut guidon noir mat de type "Ape Hanger" vous fera lever les bras au ciel, enfin surtout pour les petits gabarits, car comme vous pourrez le constater sur les clichés ci-dessous, mon mètre quatre-vingt-huit m’a permis de ne pas trop forcer sur cette position inhabituelle pour un non-initié. Le séant posé à ras le sol, 635mm pour être précis, et les pieds en avant donnent au final une position plutôt agréable. Une position qui va s’avérer au fil des kilomètres des plus confortables pour autant que l’on ne dépasse pas les 100km/h. Bien oui, après ça tire un peu sur les bras et la nuque.
Côté équipement, ne cherchez pas les dernières technologies à la mode, la High-Ball fait dans le brut de décoffrage avec pour seule assistance, un ABS avant et arrière. Le bloc compteur à rétroéclairage bleu vous donnera les informations de base mais pas une de plus. Vous pourrez passer de l’affichage des kilomètres (trip) à celui du compte-tours digital en pressant sur le commodo de gauche. Pas de jauge à carburant, mais un indicateur de réserve, la simplicité des motos de la bonne vieille époque est respectée.
Les finitions des pièces métalliques ou plastiques sont de bonne facture, seuls les divers câbles et fils apparents auraient mérités un peu plus d'attention, notamment du côté du poste de pilotage. Les fans devront obligatoirement passer par la case customisation afin de masquer ces derniers.
Les leviers de frein/embrayage font dans le style US en adoptant une couche de chrome sur leur largeur conséquente. Les poignées sont de type large et offre un excellent grip, certains n’auront pas l’habitude d'en avoir de si grosse entre les mains (de poignées donc). Les commodos tombent parfaitement sous les doigts. Les rétroviseurs black offrent une excellente vision et occupent un espace minimum. La selle est exempte de défaut, creusée à souhait et offrant un excellent confort, c’est assez rare sur un modèle de série pour que je le souligne. Le tour du propriétaire étant fait, il est temps de faire vrombir ce moulin.
Victory a choisi d’équiper sa High-Ball du bicylindre Freedom en V à 50° de type 106. Un coloris black avec des ailettes de refroidissement polies, le look est garanti. Ce dernier est incrusté dans le châssis tubulaire en acier.
Un moteur de 1’731cc qui offre 139Nm de couple pour une puissance maximale de 88.4cv. Alors certes sur le papier ceci peut paraître peu, mais une fois en selle, le couple associé à la boîte de vitesses à six rapports vous fera oublier le poids conséquent de 313kg de la bête. L’arrivée de l’injection électronique a permis à Victory de lisser la courbe de couple, mais pas le plaisir, ce qui permet d’avoir en tout temps un moteur qui répond présent et ce, avec le moins de vibrations possibles. Une fois la poignée de droite essorée, il ne faudra pas espérer pouvoir tirer la quintessence du moteur dans les hauts régimes. D’ailleurs vous seriez rapidement déçu, puisqu’il vous sera difficile de dépasser les 5’000tr/min.
Oui, la High-Ball se conduit comme un bon gros diesel, sur le couple, ce qui permet d’adopter rapidement une conduite coulée et de ce fait de profiter de nos magnifiques paysages. Après tout, c’est peut-être ça, le Nirvana ?
Une pichenette sur le démarreur fait vrombir le bi en V. Pour l’occasion, l’importateur suisse a décidé de lui donner quelques vocalises supplémentaires en greffant un double silencieux V Performance, ce qui lui confère une sonorité rauque des plus agréables à l’ouïe. Dommage de ne pas avoir pu profiter du son originel, mais comme 99% de ce genre de moto, l’échappement d’origine servira certainement de lance flamme pour les enfants.
Sur la route, la High-Ball, grâce à son centre de gravité très bas, offre une agilité surprenante pour cruiser. Le passage en ville ne sera pas une surprise et révèlera que cette moto n’est pas faite pour ça. Quoi qu’il en soit, la monte pneumatique, un peu trop fine à l’arrière selon moi (140/90/16), aidera à la manœuvre et vous permettra de mieux vous échapper de cette jungle pour retrouver la verte campagne.
Une fois les routes sinueuses à portée de vue, vous pourrez apprécier le couple du moteur et vous mettre à rêver de routes typiquement US. Ah oui, mais non, les routes US c’est rectiligne, ce qui n’est pas le cas chez nous ! Fort heureusement, et étonnamment, la High-Ball m'a démontré qu’elle disposait d’un excellent châssis et de suspensions à la hauteur pour nos routes. Neutre et facile à prendre en main, elle se placera sur l’angle sans broncher, enfin si, elle toussera un peu lorsque le rythme s’accélérera et que les cale-pieds crieront au scandale. Les suspensions offrent un excellent confort et j’ai été agréablement surpris par l’amortisseur arrière qui a su gérer à ma convenance le mauvais état de nos routes. La transmission par courroie offre un excellent agrément et se veut très silencieuse.
A la sortie de courbe, le pneu arrière ne demandera qu'à danser la salsa si vous êtes joueur et que vous sollicitez un peu trop le moteur. Oui, je sais, la moto n’est pas faite pour ça. Quoi qu’il en soit, il est toujours plaisant de pouvoir maîtriser sa glisse que ce soit à l’accélération ou à la décélération. Lors de cet essai j’ai trouvé que la boîte de vitesses était un peu dure, malgré le fait qu’elle soit précise. Les rapports passent facilement pour autant que l’on prenne bien le temps de décomposer chaque mouvement. Victory aurait pu (ou dû!) faire un effort sur le levier d’embrayage en lui offrant une commande hydraulique. Ceci étant, la moto étant très peu kilométrée, il y a fort à parier que tout va s’assouplir au fil de son utilisation.
Afin de ralentir la bête, Victory a opté pour un freinage ABS, et équipe sa machine d'un simple disque flottant de 300mm à l'avant, enserré par un étrier à quatre pistons. L'arrière reçoit également un simple disque flottant lui aussi de 300mm, mais qui est pincé par un étrier à deux pistons. L'ensemble du système de freinage est relié par des durites de type aviation. Le freinage offre un bon feeling mais manque quelque peu d'endurance sur les freinages prolongés. Afin de soulager le frein avant, je me suis retrouvé à plusieurs reprises à me servir de la pédale de frein arrière, une simple habitude à prendre. Sur les freinages d'urgence (vécu durant mon essai : "s#*" de caisseux"), la moto est exempte de défaut et permet un arrêt immédiat, tout en conservant son cap. Il y a juste mon caleçon qui a eu droit à sa trace de gomme si j'ose dire. Bref, la moto est saine et ce, dans toutes les circonstances !
Le réservoir de 17 litres permet de parcourir un peu plus de 200km avant de passer chez le pompiste. Lors de cet arrêt, il faudra vous habituer aux regards des autres usagers qui n'auront d'oeil que pour cette moto au look des plus sympathiques.
La High-Ball arrive comme la balle d'un fusil dans le monde des customs Old School, proposant d'emblée tout ce qu'il faut pour se faire remarquer par les fans du genre. Flanc blanc, coloris, moteur, pièces usinées de série, ... les ingrédients de l'Oncle Sam sont bien présents et le rendent bien à celui qui devra débourser un peu plus de CHF 19'500.- pour s'offrir ce modèle atypique, l'exclusivité de rouler une moto que vous ne croiserez pas à chaque coin de rue. C'est peut-être cela le véritable attrait de cette marque !