Sur les plus grosses bosses, l’arrière ne pompe pas, il absorbe et la Versys retrouve rapidement son assiette, ce qui permet d’adopter un rythme qui peut être soutenu malgré une qualité de chaussée dégradée (oui oui rappelez-vous, on est en Sicile). Dans le même temps, la fourche renvoie de bonnes informations et permet un guidage précis même lorsqu’on accélère en sortie de courbe et que l’on veut soudain changer de direction pour éviter le triporteur qui vient en face avec Roberto au téléphone et la clope au bec (toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait tout à fait fortuite). Il est également possible de prendre les freins en courbe sans que la moto ne soit perturbée outre mesure.
De par son poids réduit et la qualité de ses suspensions, la petite Versys est redoutable dans le sinueux. La position haute permet de bien appréhender la route (rappelez-vous Roberto!) et le moteur est volontaire. Il permet de descendre très bas dans les tours, environ 2’000tr/min sur les intermédiaires sans hoquet, et possède une sacrée relance dès 4’000tr/min. Il ne sert cependant à rien de tirer au-delà des 8'000tr/min en mode balade pour se concentrer sur la zone du couple maxi. En mode sport par contre, il ne rechignera pas à grimper jusqu’aux abords de la zone rouge située à 10’000tr/min.
Au niveau du confort moteur, on ne ressent aucune vibration, le montage de celui-ci en partie sur silentblocs est une réussite. Aucune vibration dans le guidon ou les repose-pieds ne vient troubler la conduite. Ce confort permettra de rouler longtemps sans ressentir de fatigue ou de fourmis aux mains par exemple, ce qui est très désagréable.
Le frein avant ne surprendra pas les débutants. Il possède une bonne attaque et le mordant s’accentue au fur et à mesure de la pression exercée sur le levier. Aucun risque d’être surpris par une attaque trop franche comme sur les supersports actuelles. En revanche, bien que le disque arrière soit passée à 250mm, celui-ci déçoit un peu. Même en pressant fort sur la pédale, on n’obtient qu’un piètre ralentissement. A mon goût, il manque de gniak et je n’aurais réussi à déclencher l’ABS à l’arrière qu’au prix de freinages très appuyés.
Pour une moto haute sur pattes, la Versys ne plonge pas exagérément de l’avant lors de la prise des freins, même forte. La fourche bien qu'assez souple pour le confort, est bien freinée en hydraulique et, du coup, la moto conserve une bonne assiette et l’énergie du freinage n’est pas perdue dans la descente de la fourche.
La bulle réglable sur 60mm en hauteur protège efficacement. Pour ma part, ne faisant pas partie des plus grands, je l’ai laissée sur la position la plus basse et n’ai pas été dérangé par les turbulences, même à grande vitesse sur autoroute. D’ailleurs, je crois bien qu’en Italie les panneaux routiers ne sont que des indicateurs, mais en aucun cas des obligations. Les épaules et les jambes ne sont non plus pas trop exposées, ce qui sera un avantage en cas de pluie par exemple.
Pour revenir sur la selle, le moelleux ressenti au début aura également été présent à l’arrivée. Bien qu’on ne se soit pas économisé sur les petites routes siciliennes, mon dos et mon séant n’auront absolument pas souffert du périple.
Cela sera un sérieux plus, surtout qu’au niveau de la consommation, la Versys a tout d’un chameau. A allure soutenue (voire très soutenue), elle n’aura demandé que 4.8l/100km... Le tout accouplé à un réservoir de 21 litres, cela laisse entrevoir une autonomie de plus de 320km avant de tomber sur la réserve. Et les joueurs pourront allègrement approcher les 400km avant de devoir pousser leur monture pour rejoindre la prochaine pompe à or liquide.
Il est à noter qu’un kit Touring est disponible pour la somme de CHF 1'400.-. Ce dernier comprend les valises aux coloris de la machine et ouvrant avec la clé de contact, les poignées chauffantes et les protège-mains. Notre machine d’essai en était d’ailleurs équipée. Au détail, la valeur de ces pièces dépasse les CHF 1'900.-, donc pourquoi se priver, surtout qu’ainsi équipée, la Versys devient une redoutable voyageuse.
Au final, on retiendra que la mise à jour de la Versys ne se cantonne pas à son plumage, et selon la fable, son ramage en est à la hauteur. La ligne moderne et agressive fait de la Versys une machine attachante visuellement. Et une fois en selle, on ne peut que louer ses qualités dynamiques. On lui fera juste le reproche de manquer un peu de mordant au niveau de frein arrière et ses rétros à la forme design qui empêche une bonne vue de ce qui se passe derrière. Les femmes seront également les bienvenues à son bord grâce à sa hauteur de selle pas trop haute et étroite.
De plus, la Versys 650 contentera autant les voyageurs en herbe que ceux qui voudront abattre du kilomètre avec un budget réduit. Car avec un tarif de lancement à CHF 9'490.-, c’est une vraie bonne affaire et une fois le kit Touring ajouté, on arrive à peine à CHF 10'890.-. Dépêchez-vous, il risque de ne pas y en avoir pour tout le monde !