Dans l’histoire des MT, Yamaha a toujours recherché l’émotion, la première de la famille, à savoir la bien nommée MT-01 en 2005 mettait en avant son gros couple et le « Kodo », soit le battement de corpulent bicylindre qui rappelait les tambours traditionnels japonais. Avec la MT-03 en 2006, les Bleus ont recherché l’émotion dans l’agilité avec une machine légère mue par un monocylindre.
Aujourd’hui, avec la crise, les limitations de vitesse de plus en plus contraignantes, les changements de permis de conduire, les maîtres mots dans la conception de la MT-07 ont été : Fun et Emotion. Le cœur de cible de la MT-07 étant les 20-35 ans, cette émotion devant être accessible à tous et elle s’est surtout axée sur la recherche du couple et de la facilité d’utilisation, ce sans pour autant négliger les plus anciens, comme votre serviteur qui fait partie du club des grisonnant, qui doivent néanmoins éprouver du plaisir au guidon de cette machine.
La MT-07 est surtout la preuve que les constructeurs japonais savent faire quelque chose de différent, avec notamment une communication « jeune » et un lifestyle qui tourne autour de leur nouveau produit. Yamaha maîtrise parfaitement tout cela et l’applique depuis la sortie de son nouveau slogan « the dark side of Japan » qui a accompagné la sortie de la MT-09 et qui s’applique à merveille à ce nouveau roadster. Yamaha a d’ailleurs créé tout un univers autour de la MT-07 avec plus de 50 accessoires spécifiques, dont une gamme d’accessoires Urban, Sport et Touring.
Concernant la place de la MT-07 dans la gamme Yamaha, elle ne remplace pas la XJ-6 qui restera au catalogue, tout comme la FZ-8. Ces deux modèles à quatre-cylindres étant destinés à une clientèle plus « calme » que celle des MT, la 09 ciblant elle les rouleurs expérimentés et à la recherche d’adrénaline. Yamaha a d’ailleurs fait un gros effort pour placer la MT-07 à un prix qui est plus que concurrentiel.
Pour animer ce nouveau roadster, Yamaha a conçu un tout nouveau bicylindre parallèle nommé CP2, pour CrossPlane bicylindre. Le Twin est calé à 270° tout comme son grand frère à 4-pattes. Le CP3 équipant la MT-09 étant lui calé à 120°. Le CP2 cube exactement 689cc et développe 68Nm à 6'500tr/mn et 75cv à 9'000 tr/mn. A la vue de ces chiffres ont peu présumé qu’il sera très agréable à conduire, la courbe de couple étant particulièrement remplie dès les plus bas régimes. Ce moteur sera également amené à propulser d’autres modèles dans le futur, les blocs étant aujourd’hui des plateformes destinés à plusieurs modèles.
Le châssis quant à lui est compact et léger. Avec un poids tous pleins faits de 182kg pour la version ABS qui parcourra nos contrées, la version sans ABS n’étant pas importée, la MT-07 est un vrai poids plume ! Pour comparaison, une XJ-6 fait 210kg, une ER-6 206kg et une NC750 226kg… Autant dire que la MT part avec une sérieuse longueur d’avance pour sa facilité à être manœuvrée à l’arrêt et pour les manœuvres à basse vitesse. Elle devrait donc particulièrement convenir à un public féminin.
Participant à la réduction du poids, le bras oscillant bénéficie d’une nouvelle méthode d’assemblage qui permet de baisser son coût de moitié, ce qui n’est pas négligeable car c’est bien souvent une pièce onéreuse. De plus, ce qu’il y a de bien avec la réduction du poids, c’est que quand vous baissez le poids d’une pièce, bien d’autres peuvent également s’alléger car elles subissent moins de contraintes ! C’est cercle sans fin qui mène à une moto légère.
En ce qui concerne les périphériques, la MT-07 est munie d’une fourche classique de 41mm de diamètre et d’un amortisseur à l’emplacement central censé favoriser le centrage des masses. Ce dernier n’est réglable qu’en précontrainte du ressort sur 9 crans, la fourche elle est dénuée de réglages. Les disques de freins sont à pétales, de 282mm pour l’avant, pincés par des étriers à 4 pistons et de 245mm à l’arrière.
La géométrie de la MT-07 est compact, son empattement ne faisant que 1’400mm, soit 40mm de moins qu’une XJ-6. La répartition des masses est de 51% pour l’arrière, le solde de faisant bien évidemment sur l’avant. Elle est annoncée très agile et ce malgré son pneu arrière de 180mm de large, la raison d’être de celui-ci est d’amener un maximum de grip. La selle est très étroite à l’avant du fait du bicylindre parallèle, elle culmine à seulement 805mm. Les plus petits et les dames seront à l’aise et pourront poser les pieds bien à plats, encore un gage de facilité dans les manœuvres à l’arrêt.
Les présentations étant terminées, maintenant place au roulage ! Il est facile de grimper sur la selle, pourtant avec mon 1m74 je ne fais pas partie des plus grands de la planète. Sa partie fine citée ci-dessus me permet de poser les pieds à plat en ayant les jambes légèrement fléchie. Les commandes tombent naturellement sous les mains, mais il manque un bouton pour piloter le tableau de bord qui dispose d’une multitude d’informations comme le régime moteur, la vitesse, le niveau de carburant, la température moteur et extérieur, la consommation et j’en passe.
Une petite sollicitation sur le démarreur et hop le Twin s’ébroue. Le son qui sort du l’échappement en position central est discret, feutré mais pas dénué d’intérêt, bref il ne fait pas « cheap », il est même agréable de donner de petits coups de gaz. La largeur du guidon frappe également, celui-ci étant assez étroit, en tout bien plus que celui de nombre de ses concurrentes. Du coup, on n’a pas les bras trop écarté et la position est naturelle.
Dès les premiers mètres on se rend compte que Yamaha n’a pas exagéré en annonçant sa MT-07 très agile ! A la moindre sollicitation, la moto tourne à gauche ou à droite, elle est dotée d’une maniabilité déconcertante que je louerais tout au long de l’essai. Nul doute que le public cible, à savoir les jeunes permis, pourront rouler sans arrière-pensée ni crainte de se voir déborder par leur monture.
Le roulage commençant par une partie de petites routes et de plusieurs traversées de villages, cela permet de faire connaissance en douceur avec la moto. La boîte de vitesse se fait oublier et le moteur est volontaire dès 3’000tr/mn. Il permet de s’extraire avec vigueur des ronds-points, tout autant que de cruiser tranquillement à 50 km/h quand nécessaire. Sur les rapports intermédiaires, il est possible de descendre à presque 2’000tr/mn sans que le Twin hoquette. La réponse offerte par la poignée droite est excellente. Seul petit bémol, il est préférable d’accompagner les rétrogradages d’un coup de gaz pour ne pas avoir trop de frein moteur ou d’à-coups à la décélération, ce est facilité par une commande d’embrayage douce et précise qui ne vous fatiguera pas la main gauche.
Une fois que la route s’élargit je profite de la vigueur du petit Twin qui dispose d’une belle allonge. Sa plage d’utilisation est vraiment très large. Autant en ville il vous propulse avec vigueur dès 3’000tr/mn, autant sur route vous pouvez lui demander de monter au régime où il délivre sa puissance maximum, à savoir 9’000tr/mn sans aucun problème. Il n’y a rien à redire, ce type de motorisation est idéal pour les petits roadsters car il offre à la fois reprise, allonge et caractère sans le côté insipide d’un 4-pattes.
Les paysages de Lanzarote sont vraiment à couper le souffle, on passe d’un endroit où la roche volcanique est noire à un autre où elle est rouge et chargée en fer. La MT-07 me permet donc de cruiser en regardant le paysage, seule la protection offerte est un peu trop minimaliste pour inviter à faire de long voyage, mais dans la gamme d’accessoires annoncée par Yamaha il y aura de quoi faire pour ceux qui voudraient faire de leur MT-07 une voyageuse, ce qu’elle est tout à fait capable d’être.
Vient le moment d’attaquer une petite route de montagne et là… énorme surprise ! Grâce à sa légèreté et sa vivacité la MT-07 devient une arme redoutable ! Bien emmenée elle a de quoi faire de l’ombre à bon nombre de motos plus puissantes, y compris des sportives. Une pression sur les repose-pieds et la MT prend de l’angle à outrance, pression dans l’autre sens et elle se redresse immédiatement et tout ça sans effort ni fatigue. De plus, son moteur ne vous déborde jamais et permet de souder sans arrière-pensée dès la corde atteinte. Grâce au guidon qu’on a bien en mains, et en jouant de l’embrayage, il est même possible de s’offrir quelques belles dérives lors des freinages et rétrogradages appuyés.
Par contre, je ferais juste une remarque concernant le freinage, à l’attaque pour un pilote qui a de l’expérience, il manque de mordant obligeant à tirer un peu fort sur le levier. Toutefois, il faut relativiser car cela sera un atout pour les débutants qui ne seront jamais surpris, surtout en cas de pluie, par un freinage ayant trop d’attaque. L’arrière quant à lui n’appelle aucune critique, il est disponible et efficace.
Un bref passage par une moitié de semi-autoroute permettra de constater qu’à 120 km/h le moteur ronronne à 5’000tr/mn sur le sixième rapport et qu’il suffit de tourner la poignée droite pour dépasser un attardé. Comme indiquer avant, il suffit d’avoir un peu de vent de face pour que le manque de protection soit gênant, surtout sur une longue distance. Il faudra donc soit adopter une position de limande, soit faire l’acquisition d’un saute-vent si vous voulez rouler fréquemment sur autoroute.
De retour à l’hôtel, il est temps de consulter la conso annoncée par l’ordinateur de bord, celle étant calculé en km-litre, une rapide conversion l’établit à 5,3 l/100km. Rien à redire vu le rythme tout de même assez soutenu de l’essai, surtout lors des relances pour dresser la MT-07 sur la roue arrière, celle-ci ne demandant que ça sur le 2ème, voire le 3ème rapport suivant la configuration du terrain.
Je n’ai eu aucun reproche à faire aux suspensions, celles-ci ont toujours « fait le job » travaillant très correctement et n’ont été dépassées que lorsque nous avons rencontré des gros nids de poules, voire d’un oiseau beaucoup plus grand vu la taille du nid ! La fourche, même en n’étant pas inversée, est assez rigide du fait de son étroitesse. On ressent très bien ce qu’il se passe sous la roue avant et l’amortisseur, même en étant assez soft, ne talonne pas lors des grosses compressions.
Grâce au concours d’un collègue officiant pour un autre journal, j’ai pu tester le duo sur quelques centaines de mètre. L’assise n’appelle aucun commentaire particulier, la selle, même si elle n’est pas très grande, est confortable. Les repose-pieds passagers n’étant pas trop haut perchés, j’ai trouvé la position confortable. Par contre, le manque de poignées de maintien se fait cruellement sentir… On ne sait trop où s’accrocher, du coup j’ai été obligé de me tenir au réservoir. En croisant les rôles, je n’ai pas ressenti de gêne à avoir un passager, la moto se manœuvrant toujours très facilement.
Notre périple autour de l’île de Lanzarote aura donc fait un peu plus de 200km et en mettant la moto sur la béquille, je me dit que je repartirais bien tout de suite après avoir fait le plein tant ce petit roadster est plaisant à emmener. Je ne ressens pas une once de fatigue et mon séant n’a pas souffert de la journée de selle. La partie fine à l’avant permettant de se caler à l’attaque et la partie plus large étant très confortable quand on branche le cerveau en mode « touring ».
Je ferais encore un bref reproche au manque de place disponible sous la selle, ne comptez pas y glisser un pantalon pluie, même en XXS ou encore un antivol. Même votre brosse à dents se sentira à l’étroit.
En résumé, cette MT-07, qui est surtout destinée aux jeunes et aux nouveaux permis, m’a enchanté durant cette journée de roulage. Avec sa facilité d’utilisation, elle sera également une partenaire idéale pour rouler tous les jours car elle a cette capacité à vous filer la banane dans toutes les situations. Elle devrait également faire mal à la concurrence avec son arrivée dès la mi-mars et son prix très placé qui se monte à seulement CHF 7'790.-.