La Breakout est clairement dans le style US, avec des fondamentaux repris à ses devancières que sont les Fat Bob et Night Rod. Longue, basse, bref un savant mélange qui fait penser à un dragster échappé d’une piste de run. Bien que ce look inspire un esprit de machine de course, il n’en est rien dans les faits.
A peine la Breakout avait posé ses roues sur notre territoire au début de cette année, que les premiers modèles avaient déjà trouvé preneur. Un vrai problème pour le lancement d’un modèle, d’autant plus que les prochains n’arriveront pas avant 2014... Ceci dit, lorsque l’on veut quelque chose d’exclusif, on est prêt à attendre.
Esthétiquement, la Breakout en impose de par son look, mais surtout avec sa longueur impressionnante de 2,45m et son empattement de 1,71m. Cet effet est accentué par une selle positionnée à ras les pâquerettes (66cm). Les grands gabarits, comme moi et mon mètre quatre-vingts, se trouveront parfaitement à leur aise.
L’avant de la moto donne une impression de légèreté avec sa longue fourche, sa roue de 21 pouces et son pneu de 130 de large : une vraie roulette. Un contraste saisissant avec l’arrière qui offre une impression de puissance, renforcée par sa roue de 18 pouces et son gommard de 240 de large ! Le tout est monté sur de superbes jantes Gasser en aluminium coulé. Le réservoir est en mode fuyant : large en haut et fin vers le bas.
Côté conducteur, le compteur est placé derrière le té de fourche et le large guidon drakbar offre un design des plus épurés. L'affichage du compte-tours digital permet de consulter l’autonomie, les trips partiels et les tours minutes, le tout est réglable depuis le commodo gauche. Au centre du guidon, se trouvent les témoins habituels : clignotants, neutre, ... Les rétroviseurs, qui seront facilement changeables avec des pièces aftermarket, offrent une excellente visibilité vers l’arrière.
La selle conducteur reçoit un traitement antidérapant en son centre et un logo à l'effigie de la marque. Seul petit problème lors du lavage (voir notre photo), l’eau a tendance à stagner un bon moment. Vous me direz que tout possesseur de Harley doit avoir avec soi une microfibre ou une peau de chamois pour faire briller les chromes. Ok, je vous l’accorde, le passager se contentera quant à lui d’un simple pouf qui peut se retirer lorsque l’on prévoit de voyager en mode égoïste.
Les fans de chromes rutilants en auront pour leur argent avec de nombreuses touches idéalement placées. Ceux qui recherchent la sobriété passeront par la case "accessoiriste" ou carrossier afin de rendre leur moto un poil plus bad-boy. A mes yeux, ce mariage de chrome et de finitions noires se marie parfaitement avec le style classieux de la Breakout. Du côté des finitions, rien à redire ou presque. Je trouve un peu mesquin le coup des pare-chaleurs noirs qui sont simplement fixés avec de gros colliers style "plombier". A ce niveau de prix, un autre système de fixation aurait pu être trouvé.
Une fois le séant agréablement posé sur la selle, plutôt confortable, on trouve immédiatement ses repères. La position rappelle celle d’une certaine Night Rod Special : séant posé très bas et en arrière, bras allongés et pieds en avant. Un triangle qui donne envie d'essorer la poignée de droite et de profiter du couple de la bête. D’ailleurs, il est temps de partir en balade !
Contact enclenché, démarreur pressé, le moteur s’ébroue dans une sonorité grave mais quelque peu étouffée. Comme sur toute Harley qui se respecte, les vibrations sont également de la partie.
La Breakout a hérité du dernier né le de marque, le V-Twin 103 à injection électronique offrant 74cv et un couple de 130Nm. Le tout est associé à la boîte de vitesses à six rapports issue des autres Softail de la marque. Un cocktail qui permet de réduire la consommation, mais également de cruiser sur le sixième rapport.
Une fois le premier rapport engagé, la moto tracte sans peine les 308kg (hors conducteur !). Deuxième, troisième... la moto reprend sans peine sur tous les rapports. Le couple offre un confort de conduite des plus agréables. En mode urbain, la moto manque clairement d’agilité, mais il faut le reconnaître, elle n’a pas sa place dans ce milieu. Ce que veut la Breakout, ce sont de grands espaces... ça tombe bien, le Jura et ses routes tortueuses sont tout proches.
J’en parlais en début d’article, la Breakout semble tout droit échappée d’une piste de dragster, et bien je ne m'étais pas trompé. Sa garde au sol est au plus bas et ne permet pas de prendre de l’angle à outrance et c’est bien dommage, car avec un pneu de 240, il y aurait eu de quoi se faire plaisir. Les repose-pieds ont quant à eux rapidement crié "halte" et ce, dès les premiers ronds-points. A tel point que l’un des tétons n’aura pas supporté ce traitement !
Les suspensions font correctement leur travail, mais ne supportent pas très bien les mauvais revêtements. Le train arrière offre un excellent comportement lorsque la route est propre, mais se montre moins performant lorsque le bitume se dégrade et vous gratifie de quelques sautillements. Fragile du bas du dos, passez votre chemin ou optez pour une selle confort ou un amortisseur en option. L’avant offre un bon retour, mais comme toutes motos avec un grand angle de chasse (146mm), il n’y aura pas de place pour l’approximation.
A un rythme élevé (pour ce genre de moto) et lorsque les virages sont assez longs, la moto met en confiance et permet de se balancer de gauche à droite tel un jet ski. Ah, vous n’avez jamais fait de Jet ski ? Bien tant pis pour vous. Le moteur offre une bonne allonge et permet de bonnes relances. Toutefois, lors des dépassements, dans un col par exemple, il sera nécessaire de tomber un rapport pour profiter de la puissance du V-Twin. Un stage 1 gommerait en partie ce manque de vivacité. Un échappement un peu plus libre vous donnera également la banane (satanées normes anti-pollution).
Afin de freiner votre enthousiasme, cheveux au vent (non en fait, pas en Europe), vous devrez composer avec un système de freinage à simple disque. Monodisque à l’avant et monodisque à l’arrière, le tout équipé d’un ABS. En mode cruising, vous privilégierez le frein arrière, ce qui vous offrira une excellente stabilité. En mode arsouille si j’ose dire, vous devrez impérativement faire avec les deux et ne pas hésiter à les serrer comme un couteau entre les dents. Il est dommage que Harley-Davidson ait fait l’impasse sur le double-disques à l’avant. D'ailleurs, dans l'exercice du "burn" totalement inutile, je l'avoue, le frein sera à la peine pour contenir le couple...
Durant cet essai, la consommation s’est montrée fort raisonnable au vu du poids de l’engin et de mon type de conduite pas forcément en adéquation avec ce type de moto. Ce sera donc un 6,5 litres tout rond que la Breakout aura consommé pour parcourir 100km. Pas mal pour un ensemble moto/pilote qui dépasse les 400kg (322kg tous pleins faits pour la moto et 86,5kg pour moi). Bon, il est vrai que par rapport aux vrais bikers, je fais dans le light (ndlr : haha!). Avec un réservoir de 18,9litres, vous aurez de quoi vous balader un bon moment.
Depuis quelques années, Harley-Davidson offre des machines avec une très forte personnalité, normal avec 110 années d’expérience. La Breakout m’a vraiment séduit, notamment grâce à son look de dragster bas et musclé.
Une moto qui donne envie de s’évader dès que le soleil pointe son nez. Les fans de la marque pourront à leur guise la customiser en finesse ou à outrance. Comme nous le savons tous, les fans de la marque sont capables de beaucoup de choses. Reste à savoir si Harley-Davidson Suisse aura prévu cette fois-ci un stock suffisant pour combler les centaines de bikers frustrés qui n’ont pas pu acquérir cette moto lors de sa commercialisation et ce malgré son tarif élitiste de CHF 23'700.-.