Je suis averti dès le début : rouler une Ducati Monster est quelque chose de spécial. Le caractère moteur est semblable à celui des bicylindres des motos mythiques de la marque. A l'inverse d'un quatre-cylindres, il ne faut pas chercher à monter haut dans les tours avec une Monster. En effet, passé 6'000 tours, le moteur s'essouffle très vite.
Sans être habitué, ce sera très frustrant pour attaquer et arsouiller avec vos potes. Vous essayerez de les suivre et tirerez toujours plus sur la poignée, sans résultat. Dans la confusion, je me suis vu obligé de changer de vitesse alors que je venais d'entrer dans une grande courbe rapide. Pas très rassurant !
Ce roadster n'aime pas non plus les grands axes. La prise au vent est importante et, là encore, le moteur manque d'allonge. Mais ne croyez pas que la Monster soit bonne à rien, loin de là ! En exploitant au maximum la courbe de couple entre quatre et six mille tours, vous seriez déjà largement hors-la-loi. C'est au rythme de la balade que le gros L2 sera le plus agréable à rouler. Très expressif, ce sera aussi un plaisir pour les oreilles.
Dans l'ensemble, l'étagement de la boîte est bon. Cependant, en ville, vous préférerez probablement utiliser la première plutôt qu'être secoué comme un prunier sur le deuxième rapport. Même constat pour le sixième rapport qui ne s'utilise que sur l'autoroute ; autrement, il n'y a pas assez de couple.
Une chose que sait faire la Monster, c'est les parcours sinueux où la vitesse ne fait aucune différence. Une véritable avaleuse de virages ! Le guidon légèrement cintré et refermé, les fesses un peu en arrière des pieds : la position invite à se jeter dans les virages. Grâce à la fourche Marzocchi et l'amortisseur Sachs, tous les deux réglables, la tenue de route est très saine. L'inscription en courbe et la prise d'angle se font sans effort et avec précision.
Le contrôle de traction veillera au grain quand vient le temps de s'extraire de la courbe. Bien réglé sur l'un des quatre niveaux, il ne sera pas intrusif mais juste rassurant. L'ABS, déconnectable en un instant dans le menu (tout avec le bouton "haut" du commodo gauche, pareil pour le DTC), vous laissera assez de liberté pour une utilisation sur route. Et avec l'efficacité des freins, si par un geste de panique vous attrapiez trop fort la poignée, il préservera probablement votre roadster d'un contact avec le goudron.
Si vous rêvez d'une Monster comme première moto, le style de conduite ne vous perturbera pas. Si par contre son look ravageur vous ferait changer votre moto, prenez bien le temps de l'essayer. Taillé pour la frime et la balade, le roadster italien trouvera ses clients parmi des motards exigeants qui cherchent exactement ça.