Pour une 125, l’essentiel est de ressembler à une grande. L’illusion est presque bonne ; seulement, la moto est vraiment très étroite. Le gabarit est assez compact, j’ai même le sentiment qu’elle l’est plus qu’un scooter. Les autres proportions sont assez proches, de quoi vraiment faire envie à son propriétaire de prendre une moto plus grosse. La face avant reprend le phare typique introduit par la VFR et la Crossrunner, surmonté d’une casquette orange perlée, sur notre modèle d’essai. Les clignotants, imposants mais jolis, sont faits d’un plastique noir brillant et d’un verre transparent. De plus, la bulle permet de bien se cacher derrière, même si on sent encore une prise au vent sur les épaules. Selon moi, les rétroviseurs sont placés un peu plus haut que sur une CBR600RR, pour faciliter la vision arrière à quelqu’un qui conduit peu de deux-roues.
Le tableau de bord qui regroupe l’essentiel des informations nécessaires correspond bien au style de la moto : compte-tours à aiguille, le reste des informations en affichage digital (vitesse, température d’eau, jauge d’essence, kilométrage et un seul kilométrage partiel). L’arrière reprend les standards des sportives : pointe arrière haut-perchée avec phare intégré et support de plaque déporté. Avec, en plus, deux poignées passager qu’il n’est pas commun de trouver sur une sportive. L’échappement, garni de cache en alu est assez laid. Court et biscornu, il essaie de ressembler à d’autres, mais ce style ne m’a jamais convaincu. Le moteur est, lui, bien caché derrière les plastiques ; pas surprenant, mais je préfère, on voit moins de vide, ainsi. Pour égayer la CBR 125, elle profite de jantes orange semblables à celle de Casey Stoner ou Dani Pedrosa en Moto GP, ces jantes ne sont livrées qu’avec la carrosserie grise.
D’un gabarit, je le disais tout à l’heure, contenu, cette 125 est certainement un rat des villes. Garée sur un quart de trottoir, sans perdre une seconde, vous y arriverez sans vous prendre la tête. Facile à comprendre, le marché Thaïlandais, pour lequel cette moto a été conçue et où elle est fabriquée, a des routes sûrement plus encombrées que les nôtres. Avec une moto de ce type, j’irai tourner ses roues là ou n’importe quel propriétaire passera le plus de temps : les petites routes qui vont de village en village. Celles avec de petits lacets, forêts, montées, descentes, … Avouez que ça fait envie ! Sur la CBR125, il y a de quoi s’amuser, mais pas assez pour prendre un pied d’enfer. Le petit moteur donne assez vite tout ce qu’il a. Cependant, il est véritablement vivant de 8’000 à 10’500 tours. Là, le moteur s’exprime et vous tire bien plus en avant. Aussi vite que le régime monte, un sourire de plaisir s’affiche sur votre visage. Le son de l’échappement ne change pas beaucoup par contre, plus proche du générateur que du deux-roues ; il est parfois préférable de ne pas se faire remarquer. Malgré tout l’entrain du petit bloc, je n’ai pas me rendre sur une autoroute ; je m’y sentais moins en sécurité que d’habitude – pouvoir s’extraire d’une situation délicate en un coup de gaz me rassure.
Dépourvue d’ABS, la CBR125 distille des sensations brutes au conducteur débutant. Apprendre sans ABS n’est pas du tout un problème, mais pas question de bloquer la roue arrière pour s’amuser. Courageux mais pas téméraire, je n’ai pas dû presser suffisamment fort sur le levier de frein. En entrée de courbe, la fourche montre ses limites, la butée ne doit pas être loin. Le châssis, aussi, n’est pas au top, l’inscription en courbe est un peu floue à allure soutenue (on sent de drôle de mouvements sous son séant). Mais ça, le conducteur ne s’en rendra compte que s’il peut comparer avec une autre moto. Comme la petite cylindrée de la CBR125 autorise un détenteur du permis B de la conduire, il ne pourra peut-être pas comparer à une grosse cylindrée. L’autre différence qu’il ne verra peut-être pas, c’est la mollesse de l’embrayage. Ce détail est très troublant pour un motard, je me suis cru un instant pris de faiblesse en reprenant une 600.
Une fois convaincu, on fait quoi ?
Et oui, c’est certainement le but de la CBR125, vous convaincre que la moto est quelque chose pour vous ! Alors une fois convaincu, allez-vous vous contenter de ce que vous avez ? Pour se déplacer occasionnellement, sans avoir de permis supplémentaire à passer et avec une assurance peu onéreuse, c’est un très bon choix. Toutefois, je pense aussi que certains passeraient le permis A et accèderaient ainsi à une catégorie supérieure. Un CBR250, pourquoi ne pas voir bien plus gros ! Pour ceux qui se demandent encore si essayer la moto est une bonne idée, croyez-moi, une fois que vous y aurez goûtée, vous ne pourrez plus oublier cette expérience.