Le quad Yamaha sous la forme Grizzly existe avec 4 motorisations, allant de 125 à 700 cm3. De loin, c’est évident que ce genre de quad est adapté à une utilisation en forêt ou en exploitation agricole. Une boule attache remorque avec prise pour les optiques, un treuil en option et sur le 700 beaucoup de force de traction, notamment en marche arrière grâce à l’Overdrive qui permet de ne pas limiter le couple sur le rapport R. Dans le manuel du propriétaire, on trouve aussi bon nombre d’instructions pour faire l’entretien soi-même, comme nombre d’ouvriers de plein air s’y connaissent un minimum en mécanique.
Dès le Grizzly 550, l’Electric Power Steering (EPS) aide les conducteurs à manœuvrer à basse vitesse, en effet un moteur électrique permet d’aller de butée en butée à l’arrêt et sans effort.
Sur route, le mode propulsion de ce géant rouge suffit pour garder la route, bien que l’absence de différentiel sur le train arrière interdit d’être pressé dans les virages, sous peine de retournement. Cette absence engendre aussi une hausse de la consommation de carburant ainsi qu’une accélération de l’usure des pneus. Notez aussi qu’aller plus vite que 60km/h sur route est très désagréable à cause des roues non équilibrée. Un léger mouvement gauche-droite et inversement du guidon vous découragera de faire plus de 15 minutes de route principale hors localité. Pour ce genre de trajet sur chaussée enneigée, les quatre roues motrices s’imposent sous peine de faire face à des changements soudains de trajectoire des roues arrières.
De passage en ville, il faut bien se garer si on a une course à faire, mais où ? Place voiture ou place moto ? Et bien légalement tout quadricycle doit stationner sur une place voiture. Occuper deux places moto est amendable de CHF 40.-. Inconvénient quand même, car sur votre quad, vous pouvez vous faire voler votre ticket de parking, ou bien voler ou dérégler votre disque bleu. Le cas échéant même résultat, la buche à 40.-. N’y a-t-il pas quelque chose à réformer par ici ?
Assez roulé en agglomération et périphérie, il est temps d’aller en rase campagne ; là où le Grizzly sera un peu moins l’erreur dans le paysage. Bien installé sur la confortable selle, seul ou avec un passager, même un long trajet ne sera pas si désagréable. Le réservoir d’essence est dessiné assez finement pour s’installer sans peine, mais aussi pour rouler sans avoir un mètre entre chaque genou. Oui, malgré la plaque et l’autocollant interdisant le transport d’un passager, la carte grise mentionne bien une place à l’avant et une à l’arrière. Je suppose que dans un des pays limitrophes à la suisse, les quads sont uniquement monoplaces ; étant donné le nombre de langue européenne dans lesquelles l’interdiction est énoncée.
Les plus baroudeurs se serviront aussi des deux rangements étanches que propose le Grizzly. Un à ouverture ronde à droite, devant le genou et un plus grand, sous la selle. Ces boîtes sont conçues avec des trous pour évacuer de l’eau qui y entrerait, le manuel du propriétaire explique très bien la marche à suivre. Tout comme ces rangements, la boîte à air se trouve très haut sur le quad pour permettre de traverser des étendues d’eau assez profondes. Décidément, le Grizzly est conçu pour la vie sauvage jusqu’au bout !
Pour l’homologation, bon nombre d’équipements ont été ajouté. En vrac : le support et l’éclairage de plaque, les clignotants et leur témoin de fonctionnement au milieu du guidon, le témoin des feux de route, le coupe-circuit et le klaxon. Le bloc de commandes qui a été ajouté sur la partie gauche du guidon regroupe notamment le bouton des clignotants qu’il faut remettre en place soi-même après avoir terminé sa manœuvre. Tablons sur le fait que l’acheteur d’un Grizzly ne prêtera aucune attention à ce détail.
Essayons d’exploiter l’engin de 700cm3 dans son milieu, le terrain défoncé et chaotique d’une montagne. Le Salève enneigé constitue pour ça un terrain de jeu idéal. La montée se fait sur chaussée humide et nous rencontrons épingles et enfilades de virages. Le Genevois en goguette avec la famille et son X5 s’en souvient encore, mais sont-ils seulement arrivés en haut à l’heure actuelle ? Nul ne sait…
Monté avec un ami, nous commençons par explorer la route de la Croisette en direction de l’antenne. La route n’est pas totalement dégagée mais la progression n’est gère plus difficile que la montée. Le moteur généreux et volontaire emmène le véhicule à bon rythme et, comment dire, envoie le pâté sévère en sortie de virage. Une minute, mon souffleur me glisse qu’aucun acheteur de Grizzly ne s’intéresse à ça. Et bien, il ne savent pas ce qu’ils manquent !
Doté de pièces Nissin, le freinage a cependant l’air calculé très juste. Je n’ai pas ressenti de réelle faiblesse, mais les quatre disques étant placés à l’intérieur des roues, avec beaucoup de boue, le frein moteur sera pas mal mis à contribution. Un système de renvoi de câble permet d’utiliser le frein arrière à la fois au pied droit et à la main gauche. Ce même frein doit être actionné avant tout mouvement du levier de vitesse. Pour stationner, un frein à main semblable à celui d’une voiture se trouve à la hauteur de la cheville droite. Un témoin lumineux sur l’instrumentation de bord ne serait pas de trop pour ne pas l’oublier (ce que j’ai fait à deux reprises)
Le nuit commence à tomber, les quelques lugeurs qui dévalaient les pentes ont quitté les lieux, c’est à mon tour de m’amuser dans les pentes enneigées. Toutes roues motrices, penché en avant pour la montée, pouce léger sur la gâchette de gaz et le Grizzly monte tout seul. Avec 30° d’inclinaison, il faut veiller à garder les roues avants au sol, c’est alors un jeu d’enfant de continuer de grimper. Gare aux gros coup d’accélération tout de même, faire un tonneau par l’arrière n’est pas exclu !
A la descente, bien en arrière sur la selle, le frein moteur fait le reste. Le tout avec le pied sur la pédale de frein, par sécurité. Là aussi, un front flip n’est pas exclu si la vitesse augmente trop. Il ne fait pas encore nuit, demi-tour et on remonte !
Le lendemain, nous décidons de partir de St-Blaise pour relier la Croisette par la route du sommet de la montagne. Une portion de route se trouve parfois bloquée à cause des congères formées par le vent qui balaie les grandes prairies. Notre but sera logiquement de terminer notre route ou bien d’aller le plus loin possible. La première partie de la route est simplement humide. Bien vite, nous coupons par une route forestière déjà bien plus amusante. Nous y croisons quelques promeneurs à la vitesse du pas, le Grizzly fait déjà bien assez de bruit pour faire de l’ombre à leur évasion champêtre.
Au bout du chemin, un imposant tas de neige nous empêche de continuer notre route sur les cinq derniers kilomètres. C’est ici que commence le vrai périple de notre après-midi. Rapide reconnaissance dans la forêt attenante pour bien vite tomber sur un petit passage qui contourne l’obstacle. La couche de neige n’est pas très importante, les quatre roues motrices et la boîte sur H nous mènera sur la route enneigée. Nous ne nous éloignons pas du chemin de neige tassée par les nombreux promeneurs, sous peine de devoir sortir les pelles.
Une fois sortis du bois, certaines portions de route se trouvent complètement mises à nu de la neige par le vent. Ailleurs, ce sont des congères qui nous ralentissent. Ces dernières sont extrêmement meubles et m’obligent à passer aux vitesses courtes ainsi qu’à bloquer le différentiel avant.
Lorsqu’il est question de faire ces changements, Yamaha fait étalage de son génie de conception. Les boutons qui permettent d’agir sur la transmission sont groupés sous le pouce droit. Un premier bouton orange permet de choisir deux roues motrice en position débloquées ou quatre roues motrices en position bloquées. En basculant un verrouilleur sur le bouton orange, un bouton rouge qui bloque le différentiel avant apparaît. En position débloquées (donc différentiel bloqué), le retour du verrouilleur est impossible ; très bien imaginé car bloquer le différentiel avant en deux roues motrices ne sert à rien.
A chaque position, des instructions claires s’affichent sur une instrumentation digne d’une Yamaha R1. Le rapport engagé s’illumine à gauche, des témoins moteurs sont à droite et la vitesse s’affiche au centre. Un schéma s’allume en haut à droite lorsque toutes les roues sont entrainées et un logo s’affiche en son centre lorsque le différentiel est bloqué. la conduite étant tout de même pas mal entravée, une LED rouge s’allume aussi. A cela s’ajoutent deux compteurs kilométriques partiels, un compteur général, une horloge et un compteur d’heure de fonctionnement.
Revenons là où nous sommes restés bloqués, dans une congère. Avec de l’élan, pas besoin de recourir au pelle ou à la force des bras. Nous avons passé la plus grande difficulté en creusant une tranchée et en s’aidant du treuil (outil indispensable dans le terrain). La nuit tombe de plus en plus et les congères sont de plus en plus hautes. Au clair de pleine lune, un obstacle se fait trop imposant et nous faisons demi-tour à 1.7km de notre objectif.
Seuls sur la route, nous redescendons tranquillement. Je découvre un agréable son pétardant de l’échappement lorsque l’on relâche l’accélérateur suite à un long moment sans changer de régime moteur. La surprise fût réelle, je m’étais habitué à un bruit franchement agricole du 700cm3. Avec tant de force, la consommation est à la mesure, pas moins de 12 litres aux 100km.
Oui, je suis en mesure de le dire, un Grizzly ne passe pas partout. Si j’étais parti seul, je me serais retrouvé assez vite bloqué. J’ai quand même fait exprès de chercher la limite. A la place d’un petit tracteur dans un manège ou encore pour un berger se déplaçant à la montagne, le Grizzly 700 est une option sérieuse. Stable, bien équipé, moteur volontaire et coupleux, ce quad sera rarement arrêté.
Lors de mon essai du Grizzly 700, j’ai pas manqué de tourner quelques images. Allez donc la voir sur YouTube pour en profiter en HD.