
Une «approche pragmatique et de bon sens». C’est ainsi que le Conseil d’État a qualifié mercredi la tolérance demandée aux contractuels de la Fondation des parkings à l’égard des motos et scooters stationnés sur les trottoirs genevois, illicitement comme vient encore de le confirmer le Tribunal fédéral. Mais l’Exécutif n’entend pas modifier sa pratique tant que perdure l’écart entre l’offre et la demande de places pour deux-roues motorisés. Il l’a affirmé hier en réponse aux pétitions croisées du TCS (Touring Club Suisse) et de l’ATE (Association Transport et Environnement) que le Parlement lui avait renvoyées en mai. Il souligne que l’on compte 8'000 cases en surface, en ville, pour les motos et scooters alors qu’ils sont 55'000 dans le canton, sans même parler de ceux venus de l’extérieur. Ces dernières années, 2'000 nouvelles places leur ont été dédiées, dont environ un quart dans les parkings souterrains.
Cette dernière offre, payante, a-t-elle du succès? «Oui, les places disponibles dans certains parkings comme celui de Cornavin sont très utilisées, ce d’autant que les tarifs sont attractifs», souligne Alexandre Prina, directeur de la planification à l’Office cantonal des transports. Le Canton compte continuer à créer des places deux-roues, quitte à en enlever aux automobiles. Une case pour voiture en fournit de quatre à cinq pour les motos. Mais ne va-t-on pas alors chasser les véhicules des habitants et des clients de commerces ? «Les nouvelles règles d’attribution des macarons ont réduit la pression sur les zones bleues et les ménages urbains possèdent toujours moins de voitures, rassure Alexandre Prina. Quant aux stationnements payants, leur utilisation tend à diminuer, car les gens ont moins tendance à se rendre en ville en voiture.»
Comment réagissent les pétitionnaires à ces annonces ? «Le raisonnement du Conseil d’État est logique et sensé, estime François Membrez, président du TCS Genève. La même tolérance peut d’ailleurs être souhaitée pour bien d’autres infractions. Par exemple, à quoi cela servirait-il d’amender un piéton traversant au rouge ou en dehors d’un passage clouté en l’absence de toute circulation ? Il en va de même pour un scooter ne dérangeant personne.»
Présidente de l’ATE Genève, Lisa Mazzone déplore l’annonce du Conseil d’État, en invoquant la sécurité et le confort des piétons sur les trottoirs. Et de conclure : «Que l’État veuille créer des cases pour deux-roues plutôt que pour les voitures, pourquoi pas, mais qu’il n’oublie pas l’objectif général de réduire le trafic motorisé en ville: à ce titre, une tarification de ces stationnements nous semble indispensable.» (TDG)