
Pouvoir être utilisé sur route comme sur terrain. C'est en somme ce que l’on attend d’un modèle avec l’appellation Scrambler. Bien que la version Desert Sled soit pourvue d'avantage de protections et d'une garde au sol suffisante pour pouvoir attaquer une belle randonnée entre cols et forêts, la Scrambler 1100 sport est, à ma grande déception, l’exact opposé. Ici, pas de protections prévues pour aller se faire un gros ride hors des sentiers battus. Ce sera pour une prochaine fois!
En fait, ce n’est pas le but premier de cette moto. Car sous les gommes des Pirelli MT 60 se cache un exercice de design fit et gonflé réalisé par un français nommé Jérémy Faraud.
Cette néo-rétro, qui puise son inspiration dans les années 60, se retrouve propulsée par un moteur bicylindre 1100cc Desmodue volé à sa grande sœur, la Monster. Mais il n’y a pas que ça ! La partie freinage n'a pas été oubliée (Brembo M4.32) et propose un ABS en courbe, ce qui, à ce qu’il paraît, pourrait prévenir beaucoup de frayeurs lorsque l’on plante les freins en plein virage ! Je n'ai pas testé mais ne doute pas de son efficacité. Elle est également équipée de trois cartographies personnalisables qui permettent de gérer la puissance de la bête en tout temps.
Pour cet essai, j’ai eu le droit de la tester durant deux semaines, dont trois jours pour une longue virée. J'ai juste eu le temps de prévoir un trajet et hop, j'étais parti en direction de Schwarzenburg. Je l'ai donc récupérée chez Ducati Lausanne pour me rendre au Tessin via le col du Susten.
De petits virages et quelques heures de trajet ne lui font pas peur. Au contraire, le bicylindre en demande encore et enchaîne les courbes sans problème. Le guidon large et la position de conduite presque droite permet de dessiner des trajectoires précises en encaissant la fatigue sans aucun souci. La selle est plus confortable pour le pilote que pour la passagère. La fourche et l’amortisseur Ohlins sont efficaces et offrent un bon confort pendant les 200 premiers kilomètres.
Arrivé à Chiasso dans la soirée, je prépare mon itinéraire du lendemain. L’endroit est idéal pour tester cette moto, moitié trail, moitié vintage, en tentant de grimper une partie de la montagne !
Etant non loin de la frontière, je décide de passer par l’Italie pour rentrer, et surtout pour trouver un sentier sympa. Sur ce genre de chemin, la Ducati Scrambler 1100 Sport peut être aidé par un mode moteur moins puissant. Le but étant de monter un chemin de terre humide, j’ai apprécié la possibilité de modifier la cartographie de manière à ce que le pneu n’arrache pas tout sur son passage, et permette d'avancer plus vite. Petit hic, l’ABS n’est pas déconnectable. Dommage pour une moto à vocation tout-chemin. L’autre problème pour cette épreuve est le manque de protection en cas de chute, et surtout la garde au sol; la moto étant très basse, il faut faire attention à là où l’on passe !
Malgré tout, ce gros scrambler a pu faire ses preuves dans des conditions plutôt difficiles et a su m'amener à bon port.
Pour finir mon trip, je suis passé par Varese, en profitant des magnifiques routes italiennes pour me rendre à Laveno-Mombello, et ainsi prendre le ferry. Un raccourci, c’est plutôt bien non ? Un point et pas des moindres, mon postérieur commençait à être légérement engourdi. Après 200 kilomètres, le combat commença donc entre choisir le chemin le plus court, et donc plus confortable, ou le chemin avec plein de virolets mais plus fatiguant.
Bref… Sur le ferry, j'ai enfin un moment pour moi où je peux contempler ce bijou italien. J’ai passé du temps pour essayer de trouver des défauts sur cette moto.
Commençons d’abord sur son phare avant. A l’intérieur, un X en aluminium orné d’une bande led. Le tout incroyablement incrusté entre ses tubes de fourche inversée dorés de 48mm, laissant apparaître deux énormes disques de 320mm radial Brembo.
Le réservoir avec deux bandes jaunes sur un noir satiné est d'une classe folle. Les plaques latérales laissent apparaitre le même jaune sur les bandes, ce qui crée un effet de profondeur sympathique en détachant le logo Scrambler de ce boillon.
La ligne d’échappement, avec soudures et complications pour faire danser les gaz, se rejoint et se sépare pour se terminer avec deux silencieux Termingoni (en option). L'ensemble émet un son sourd et puissant, comme celui d'un ténor italien qui ferait une représentation rien que pour moi. Un régal de mélomane!
Sans oublier le design arrière; sous la selle passager, une ouverture traversante laisse la possibilité d’attacher facilement un petit paquetage, comme je l’ai fait. Le meilleur étant le fameux feu à LED en demi-cercle.... De toute beauté...
Tout ça pour dire que je n’ai pas relevé le moindre défaut de qualité ou les moindres fil/câbles dérangeants. Le style et la ligne sont très bien respectés et le plastique est peu présent, ce qui donne un effet encore plus résistant et durable.
Je repars sur les routes en direction du Simplon alors que le soleil commence à se coucher. La moto est toujours aussi légère et facile à contrôler, et n’est pas fatiguante, à part la selle qui commence bel et bien à venir à bout de ma patience.
Le crépuscule s'annonce alors que s'amorcent les premiers virages du col du Simplon. Usé par la selle, je profite de monter dans le train et ainsi profiter encore une fois pour regarder la beauté de ce monstre de boue à l’italienne.
Le soleil se couche arrivant à Brig. Il est temps pour moi de donner un compte rendu de cette moto.
Conclusion:
Une très bonne moto. Souple et efficace, elle se prête aux milieux urbains sans problème et on peut profiter de son couple généreux pour les virées du week-end. Sur l’autoroute, cette moto met en confiance même sans saut de vent. Dommage que sur cette version, le tempomat ne soit pas installé. La position est plutôt droite mais se prête facilement à des arsouilles entre amis. Le terrain n’est pas sa tasse de thé mais elle parvient à passer partout. C’est en grande partie grâce à ses pneus MT 60 qui donnent une légèreté fascinante et permettent tout de même de rouler sur route avec une bonne adhérence. Le bruit des gommes se fait un peu sentir mais pour être honnête, ce n’est pas dérangeant.
Les 3 différentes cartographies sont sympas. Cette moto ayant une grande puissance, j’ai aimé pouvoir diminuer la poignée de gaz en ville ou lorsque la chaussé était humide. Et aussi quand je ne voulais pas lever l’avant au troisième rapport.
Le freinage est aussi un point positif. Deux doigts suffisent pour ralentir ce 1100cc. Le frein arrière est progressif et ne bloque pas. Il est cependant très peu utile étant donné l’assiette de la moto. L’ABS n’est malheureusement pas déconnectable, ce qui aurait été un plus dans certains cas. L’ABS en courbe est un très bon point, cela permet de garder la trajectoire prise tout en freinant efficacement. Je n’ai pas essayé… mais je veux bien croire que ce marche !
Le design est tout simplement magnifique, je pense que c’est l’un des points principaux de cette moto. Tout est vraiment soigné et très bien assemblé. J’ai passé pas mal de temps à la regarder, des fois bêtement et le plus souvent je suis resté admiratif du travail accompli. Même quand on cherche, qu'on se courbe, qu'on regarde ou qu'on touche, rien ne m’a paru de mauvaise facture.
A deux, cette moto reste confortable. Le passager a de quoi se tenir et ne risque pas de tomber, même en puissance max.
Au final, cette moto est surprenante et je vous conseille de l’essayer avant de faire votre choix. Efficace et puissante, elle est un joli joujou pour un usage quotidien.