
«La base même de la démocratie, l'application circonstanciée de la justice est bafouée», affirme le comité d'initiative où l'on trouve notamment le député valaisan UDC Pierre Contat, le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) ou l'entrepreneur vaudois Charles Friderici.
A leurs yeux, Via Sicura, qui est entrée en vigueur en 2013, n'a «pour seule conséquence que d'augmenter le nombre et l'aggravation des sanctions pénales, de retraits de permis de conduire pour de plus longues durées». Les initiants contestent que le dispositif législatif augmente la sécurité routière. Au contraire, il crée des problèmes de société supplémentaires.
«Nous sommes un groupe apolitique, composé en grande partie de gens au contact quotidien de la route», a tenu à souligner Pierre Contat, secrétaire de l'Association stop aux abus de Via Sicura (ASAVS). Des membres de différents partis sensibles à cette problématique en font aussi partie. Les initiants affirment ne pas être officiellement soutenus par des formations politiques.
L'initiative «Stop aux excès de Via Sicura» sera publiée mardi dans la Feuille fédérale. «Il ne s'agit pas du tout de défendre les chauffards», a martelé Pierre Contat. Il n'est pas non plus question de prôner la vitesse sur la route: le comité a par exemple décliné le parrainage du texte par des personnalités de la course automobile ou moto, a poursuivi le responsable.
Les initiants veulent remettre de la proportionnalité, leur mot clé, dans Via Sicura. Aujourd'hui, l'incohérence règne, selon eux, entre les actes délictueux commis par des conducteurs et les sanctions qui les frappent.
Il faut laisser la possibilité aux juges d'être très sévères contre les fous du volant, mais il convient de diminuer, voire d'annuler, certaines peines planchers afin de ne pas précipiter le conducteur qui pèche une fois dans une spirale infernale. Aux niveaux pénal, civil et administratif, les minimaux doivent être assouplis.
Les conséquences sociales des excès de Via Sicura sont aujourd'hui établies par de nombreux témoignages. Pertes d'emplois, difficultés familiales, voire divorces, et assistance sociale menacent le conducteur qui a failli, sans pour autant causer de drames: un gros excès de vitesse le met vite dans la case «délit de chauffard», ont dénoncé les initiants.
Pour l'heure, l'initiative est soutenue surtout en Suisse romande et italienne, mais peu en Suisse alémanique où la sensibilité n'est pas la même actuellement. Des clubs automobiles, des associations de professionnels de la route sont clairement en faveur du texte, a relevé Pierre Contat qui dit disposer de «peu» de moyens financiers pour la campagne de récolte de signatures. Mais cela fait pression sur le monde politique de toute façon, a-t-il conclu.