
Un véhicule est en panne au milieu du tunnel. Les barrières d’accès du passage viennent de se fermer de part et d’autre. Florian s’en aperçoit trop tard. Il percute de plein fouet la barre et meurt quelques heures plus tard aux Hôpitaux universitaires de Genève. Le cinquième décès de la route, relate sobrement à l’époque un communiqué de police. Pourtant, cet accident pose des questions particulières en matière de sécurité routière et de prévention des accidents.
En effet, selon nos informations, un automobiliste a eu le même accident à peu près au même moment en voulant entrer de l’autre côté. La signalisation de la barrière et de la panne était-elle donc suffisante cette nuit-là ? La justice genevoise a ouvert une enquête afin de déterminer d’éventuelles responsabilités. «Nous avons déposé de notre côté une plainte pour que ce genre d’accident n’arrive plus jamais, témoigne la mère de la victime. Florian est mort et l’autre automobiliste a vu son pare-brise voler en éclats. Pour moi, ce dispositif signalé avant l’entrée n’est pas assez visible. Selon le rapport de police, il ne conduisait pas vite et la chaussée n’était pas mouillée. De plus, mon fils était un très bon conducteur.» Des auditions doivent encore avoir lieu sous la conduite du procureur Dario Nikolic. «Elles permettront notamment de comprendre les raisons de la panne qui a paralysé un véhicule à l’intérieur de la tranchée et d’éclaircir les raisons pour lesquelles deux conducteurs ont pu percuter, au même moment ou presque, les barrières de fermeture sises des deux côtés de ladite tranchée.»
«Si nous avons saisi la justice, c’est pour comprendre ce qu’il s’est passé et pour éviter un autre décès», conclut la mère, défendue par Me Marcel Bersier. Selon nos renseignements, un témoin interrogé dans le cadre de la procédure a évoqué un incident similaire avec une barrière, mais devant la tranchée couverte de Meyrin. Au Parquet de mener maintenant l’enquête.
De manière générale, qui gère les barrières de cet ouvrage équipé de vidéosurveillance ? Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police, confirme que la Brigade de sécurité routière (BSR) peut, par exemple en cas d’accident, actionner à distance depuis sa centrale un feu rouge qui ferme automatiquement les barrières: «C’est le cas de la tranchée couverte de Vésenaz et de celle de Meyrin, mais aussi du tunnel de Ferney sous la piste de l’aéroport et celui de Carouge.» Au sujet du drame, le service de presse ne s’exprime pas «car une enquête est en cours». Même réponse au Département de l’environnement, des transports et de l’aménagement.
Et du côté de Collonge-Bellerive, comaître d’ouvrage de la tranchée de Vésenaz ? «S’agissant d’une route cantonale, les dispositifs de sécurité répondent aux normes cantonales, précise Marcel Goehring, conseiller administratif de Collonge-Bellerive. L’Exécutif de la commune a été profondément touché par ce tragique événement et, dans un courrier adressé au canton, a demandé à ce que ce dernier effectue une analyse de la situation et étudie les possibilités d’amélioration de la visibilité des dispositifs de sécurité mis en place lors de la fermeture du tunnel ou de modifications de ces dispositifs. Cela afin qu’un tel drame ne se reproduise plus. Le Canton a accusé réception et nous fera parvenir le rapport final de son analyse.»