Roadbook publié le 20 septembre 2016

EuropAsia 2015 épisode 1 - La préparation du voyage et le trajet jusqu'à Vladivostock

Texte de Marc

Deux amis se sont mis dans la tête de traverser l'Eurasie d'est en ouest en deux-roues. Après une longue préparation. Voici le récit de leurs aventures.

Cédric et Lionel sont deux amis de longue date, ils ont eu une idée folle qui a germé dans leurs têtes et ils se sont donnés les moyens de vivre leur aventure, leur passion, jusqu'au bout en traversant toute l'Eurasie d'est en ouest. On vous laisse découvrir le récit de cette aventure qui sera publié en plusieurs épisodes.

Episode 1 :

1er mai 2015, après 3 ans de préparations nous partons pour 4 mois de voyage direction Vladivostok, bled mythique pour aventuriers et nostalgiques de la guerre froide. On veut voyager, voir du pays, rencontrer des gens, tout ça à moto. Cédric avec une BMW G650GS Sertao 2013 et moi avec ma BMW R1200GS ADV de 2008.

3 ans de préparation :

Avec 35’000km et 120 jours à disposition, la boucle présentait un journalier moyen de 300km. Rajouter à ça les jours de repos, les visites, sans compter les inévitables aléas tels que météo pourrie, jours de pistes au kilométrage réduit, casses mécaniques et autres...

On est donc parti sur l’option d’un aller simple avec retour des motos par bateau ou par le train. Le trajet modifié 4 ou 5 fois, la guerre en Ukraine aidant, on finit par choisir la route Nord. Nous monterons donc en moto jusqu’à Moscou, traverserons la Russie en Transsibérien jusqu’à Vladivostok et rentrerons en moto. Avec le train on économise au moins 2 semaines sur la traversée de la Russie.

On voulait surtout faire de la piste, je trace donc sur Google-Earth les routes et pistes de Mongolie, du Kazakhstan et de Russie que nous pourrons emprunter. Quelques nuits passées à faire la trace principale et ses variantes, sans oublier les excursions; puis tout balancer dans mon Garmin.
Le trajet est finalisé, Cédric en revenant du salon de la moto de Zürich, me dit qu’il veut aussi aller au Kirghizstan. Il a bien sûr rencontré là-bas l’équipe de Muzz Too.

Cédric a fait modifier sa 650 par Touratech avec 2 réservoirs additionnels offrant 900km d’autonomie, plus quelques protections et sabot moteur. J’ai rajouté sur mon Adventure 1 prises USB au guidon plus une connectique USB et 12V dans une valise avec bien entendu les inévitables protections additionnelles. D'ailleurs, pour la préparation des motos, on s’est trop pris la tête, il faut faire simple. On a croisé en Mongolie un Anglais en Dayun 200cc. et au milieu du Kazakhstan un Allemand en Guzzi 1983 affichant 200’000km. Les deux se portaient bien.

J’ai passé un peu plus d’un an à apprendre le Russe, ça nous a facilité maintes fois la vie dans les rencontres et les échanges avec les gens.

Je vous passe tous les détails de la préparation, mais pour 4 mois de voyage il faut s’organiser un peu et surtout trouver du blé.... Bref !!... 3 ans c’était pas de trop.

Comme je vous le disais, 1er mai 2015, et pendant que les socialistes zürichois jettent les traditionnels pavés sur les flics à l’occasion du défilé annuel du prolétariat, nous on se casse pour 4 mois à travers le continent Euro-asiatique.

De Genève, on traverse l’Europe de l’ouest en passant par Münich, Pragues, Worclaw, après avoir visité la Wolfschantze le 5ème jour, nous dormons à 10 minutes du poste frontière Belarus de Bruzhi-Kuznica.

Un Polonnais nous met en garde : «Attention au Belarus : corruption, policers, douaniers, tous tordus,… et puis les criminels, les bandits,… Aïe, aïe, aïe, attention».

Le lendemain nous passons 2 heures 30 au poste frontière, une vraie frontière comme dans le temps, des barrières, des barbelés, la grande classe. Des affiches informent qu’il est de mauvais goût de glisser son billet de 5€ dans le passeport pour alléger la procédure en frontière, en Russie ce sera le même topo, Poutine est passé mettre de l’ordre... En fait on a passé plus de temps à discuter avec les agents de notre voyage qu’à remplir les procédures. C’était super sympas,… Sauf pour ceux qui était derrière nous.

Le 9 mai, nous partons de Minsk, on doit rejoindre Moscou en un jour, mais la Parade de la Victoire (1941-1945) passe à 200 mètres de l’hôtel. Alors on montera à Moscou en 2 jours.

T34, T72, lance-missiles, véhicules amphibies actuels et d’époque défilent dans un vacarme du diable et un épais nuage de microparticules cancérigène. Suivent les troupes d’infanterie, infanterie de marine, les véhicules de voirie et agricoles et pour finir les sportifs : cyclistes,… Tout le pays défile ici.

Vers midi nous partons pour Moscou, à 700 km de là et nous arrêtons manger dans un de ces resto typiques que les slaves adorent, décorations paysannes et artisanales où le bois est omniprésent. N’hésitez pas à vous arrêter et manger là les plats traditionnels ou les grillades.

Le Belarus :

Les routes principales et secondaires sont aussi bonnes que chez nous. Le château de Mir est très bien restauré et offre des expositions de qualité.

Minsk est une belle ville, son urbanisme est centré sur l’humain avec beaucoup d’espaces verts.  La vieille ville à l’architecture XIXème ressemble à une grande capitale européenne et dans la pléthore de magasins ouverts, pour certains jusqu’à minuit, on trouve de tout. Le tableau contraste avec l’image de rigueur d’un régime socialiste totalitaire que l’on veut nous faire avaler.

Ca roule bien, hors des localités les plus lents se serrent à droite sur la bande d’arrêt d’urgence pour laisser passer les plus rapides. Dans les villes les automobilistes sont disciplinés. Les gens ont la froideur slave du premier contact, mais sitôt la glace brisée, ils sont agréables et avenants. Alors que Cédric tombe en panne avec sa 650, rapidement 3 véhicules se sont arrêtés pour nous aider.

Depuis la création de l’union EuroAsiatique, la frontière a disparue et en manquant de se faire bouffer par des chiens errants sous le regard hilare des militaires en présence, nous faisons nos premiers tours de roue en Russie. Nous nous arrêterons au premier motel pour la nuit 200 kilomètres après la frontière.

Le 10ème jour du voyage, nous avons parcourus 3'400 kilomètres. Le trafic se densifie au fur et à mesure que l’on se rapproche de Moscou, mais la circulation est assez aisée. Moscou, grande mégalopole de 70 millions d’habitants, à la riche architecture des siècles passés, aux immeubles typiques de l’ère soviétique et aux arrogantes constructions modernes faites de verre et de métal. Le parc automobile est riche de Mercedes GL, BMW, Rolls-Roys Phantom et autres Aston-Martin.

Le 14 mai nous portons les motos à l’emballage avec l’aide de l’agence de voyage et le 15 mai, sous des trombes d’eau, départ de la gare Vladiroslav pour Vladivostok avec le Transsibérien. 9'559 kilomètres à travers plaines, forêts et monts de Sibérie. 9259 kilomètres ponctués de 57 arrêts, pour une semaine de voyage à partager un compartiment 2ème classe entre 4 personnes. Les motos sont dans le compartiment à bagage du même train.

J’ai apporté du chocolat Suisse au personnel et au chef de wagon, après ça on était aux petits oignons.

Une semaine de paysages qui se succèdent autant qu’ils se ressemblent, des jours à traverser forêts, plaines et collines, une semaine de rencontres riches, d’échange avec des personnes parfois incrédules face à un tel voyage. Une maman retourne à Irkoutsk, à 4500km de là, elle revient de la Parade de la victoire de Moscou ou son fils défilait. Une femme tombée en panne avec sa voiture rentre chez elle à presque 750 km de et des habitudes qui se font à la vie à bord.

Et,… il y a Maxime, chauffeur de locomotive, un personnage atypique, un phénomène. Sans gène, il est ici comme chez lui, à torse poils sur ma couchette, à manger son poisson séché fait maison qu’il est tout content de nous faire goûter. Chasseur, pêcheur durant son temps libre, il est fier de son pays, très fier d’être Russe. 1 semaine qui a passé très vite, à partager la vie du bord avec Monsieur et Madame tout-le-monde, à suivre les cours de Russe de Maxime, qui fait de son mieux pour me faire progresser.

La suite la semaine prochaine.

Marcouille
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