L’origine du LC8 Rally Western Alps
Cela fait des années que le groupe « LC8 Rally Western Alps » partage en ligne des images impressionnantes de leurs expéditions montagnardes, aux guidons de trails KTM Adventure. J’ai toujours été impressionné par les franchissements et l’accent mis sur le tout-terrain. Enfin, j’ai l’occasion d’y participer ! Cette année, j’ai donc bloqué quelques jours de congé, préparé la moto et monté une paire de pneus Mitas à crampons. La journée tant attendue arrive enfin ! La moto est prête, le temps de cette matinée de juillet est absolument radieux. Je n’ai qu’une hâte : enfourcher ma KTM 1090 Adventure R, me frayer un chemin hors de la ville et retrouver les montagnes !
Après quelques heures sur les grands axes saturés par la canicule et les départs en vacances, me voilà enfin face au lac du Mont-Cenis, à quelques kilomètres de la frontière italienne. La chaleur étouffante de la plaine et les alertes pollution sont heureusement derrière moi.
Je dépasse la frontière et commence la descente vers Suse. Les roadsters et les sportives me dépassent à grands coups de gaz, dans des lacets sans beaucoup de visibilité. Je souris derrière la visière de mon casque. Ça me tenterait bien d’arsouiller un peu, mais je suis chargé et mes pneus sont à peine rodés. J’enroule donc paisiblement vers le fond de la vallée de Suse.
Camping Gran Bosco
Arrivé à bon port, je découvre le lieu de rendez-vous du « LC8 Rally » : un camping situé à Salbertrand, à proximité de Bardonecchia. L’endroit est bien tenu et accueillant. Tout ce qu’il faut pour un bon camp de base. Le restaurant du camping est d’ailleurs simple et bon marché. Le matin, ce sera café expressobien serré. Le soir, bière pression et pizza maison le soir. Avec le WIFI gratuit et la vue sur la vallée, j’ai tout ce qu’il me faut pour passer un bon séjour.
Le drapeau KTM flotte fièrement à l’entrée du camping. Plus d’une cinquantaine de motards campent ici et le paddock rassemble toute la gamme KTM Adventure. Les vénérables KTM 950 à carburateur côtoient les plus récentes KTM 1290 Super-Adventure. On trouve même la dernière 790 Adventure tout juste sortie des usines de Mattighofen. Sans compter les monocylindres LC4 640, 690 et quelques enduros. Toutes ces motos sont dans un état superbe ! On sent l’amour de la mécanique qui réunit ces hommes et ces femmes venus de toute l’Europe !
Une grande partie de l’Europe est représentée ici. Certains ont fait le déplacement depuis les Pays-Bas, d’autres depuis le Royaume-Uni. On compte un grand nombre d’allemands, de belges, de tchèques, de hongrois. Et la Suisse est bien représentée également. Mais, finalement, très peu de français cette année-là et aucun italien.
Il y a de superbes machines sur le rassemblement. Une des plus impressionnantes est cette 990 adventure entièrement équipée par le préparateur anglais Triple Clamp. Le kit semble tout droit sorti de la 450 Factory Rally !
Jour 1 : la mise en jambe
Sur le LC8 Rally, il n’y a pas vraiment d’organisation ! Pas de départ groupé, pas de programme. Les groupes se constituent par affinité. Les premiers-venus comme moi et les habitués de la première heure fraternisent autour du café et le programme se décide tout seul. Pour ma part, j’atterris dans un groupe d’anglais en partance pour le Sommelier. L’humeur est excellente. Justin, le « leader » du groupe met tout le monde à l’aise et enchaîne les blagues à un rythme ahurissant. A défaut de saisir toute la subtilité de l’argot londonien, je comprends, rien qu’à voir sa plaque « GB L8 KTM », que je suis tombé sur un sacré passionné.
Après une dizaine de kilomètres de route en fond de vallée, on attaque la piste du Col du Sommelier. Le bitume laisse vite la place à la piste en terre, et on ne peut pas dire qu’on perde vraiment du temps en route... Le groupe de 8 motos dégage pas mal de poussière. Je reste concentré car le rythme est soutenu, personne ne traîne. Je n’ai pas affaire à un groupe de débutants.
Après un bon quart d’heure de piste forestière, on arrive au Refuge Scarfiotti avec son lac et sa cascade. Je peux enfin prendre quelques photos et voir à quel point mes coéquipiers sont à l’aise sur leurs machines. Sur les passages de gué tout le monde s’en donne à cœur joie comme des adolescents !
En continuant vers le col du Sommelier, la végétation devient plus rare. Le sentier se fait plus escarpé et je prends un plaisir incroyable à placer la KTM 1090 dans les pistes caillouteuses. La moto encaisse sans broncher les pavés et les marches. C’est parfois un peu plus délicat dans les épingles car la moto est haute pour mon 1m80, mais un coup de gaz bien dosé et elle se replace sans problème. Le groupe continue à progresser à bon rythme et déjà les premières difficultés se présentent. Un gros névé bouche la piste. Les 950 Super Enduro passent sans trop de problèmes mais les motos plus lourdes ont plus de mal à franchir l’épaisse couche de neige molle. Toute l’équipe s’y met pour venir pousser et le groupe finit par passer dans son intégralité.
La suite de la montée se déroule sans difficulté. Mais au bout de 10 minutes, il faut arrêter car la piste est recouverte de neige jusqu’au sommet. C’est l’occasion d’une belle photo. La redescente se fait sans histoire –mais avec déjà plein de beaux souvenirs en tête.
Une courte pause le temps d’un paniniet le groupe repart. Nous reprenons une piste dans les montagnes au-dessus d’Oulx mais celle-ci rétrécit à mesure que nous avançons, jusqu’à devenir un simple sentier. Les plus téméraires du groupe partent en éclaireurs dans les lacets qui s’élancent à flan de montagne. Stuart, ancien pilote de trial et d’enduro, qui s’est entraîné dans sa jeunesse avec Graham Jarvis, trace la route au guidon de sa KTM 1190R. Il place les 200 kg de sa moto sans aucune difficulté. Dans les franchissements, il comprime la fourche et soulève l’avant de la moto. Il passe ainsi même les marches les plus hautes. Derrière, le reste de la troupe a plus de peine à faire manœuvrer les motos dans le sentier escarpé. Pas facile de placer une moto de plus de 200 kg dans ce single-track. Les chutes, heureusement sans gravité, s’enchaînent. Encore quelques mètres d’ascension sur ces chemins de chèvres et il faut faire demi-tour. La trace GPS est définitivement perdue et le chemin n’est même plus sur la carte.