
Ce véhicule (qui – fait rare – a le panier à droite) a une belle histoire. Et il a fallu beaucoup de ténacité à son propriétaire actuel pour qu’il arrive à l’immatriculer en Suisse et enfin faire les balades tant espérées en familles. Un véritable parcours du combattant !
Ce scooter trouve son origine en Espagne, en 1969. Il y change plusieurs fois de mains jusqu’à arriver en France, dans la région de Grenoble. Il finit par devenir la propriété jalousement gardée du président du Vespa Club de France. C’est à l’occasion d’une livraison dans la région iséroise que Luis découvre la petite Vespa attelée. Il craque instantanément dessus et parvient à convaincre son propriétaire de la lui céder.
L’attelage est alors ramené en Suisse, à Genève. Le passage en douane s’effectue sans problème. Mais lorsqu’il s’agit de l’immatriculer et donc de lui faire passer l’expertise, tout se grippe... Après un premier passage, où il est demandé de changer le phare avant et de nettoyer le numéro de moteur qui était devenu presque invisible, grosse surprise : alors qu’il s’agit d’un modèle de 150cm3, les papiers français mentionnent une cylindrée de seulement 125cm3.
Certainement un tour de passe-passe lors du passage du side-car de l’Espagne à la France il y a quelques décennies, afin de pouvoir le conduire avec un simple permis voiture. Un passeport FIVA (Fédération Internationale des Véhicules Anciens) est alors demandé (et obtenu), mais des problèmes subsistent. « Sans mes amis du club genevois des « Amicis della Vespa », qui ont pris les choses en main en ajustant des petits détails que seuls les spécialistes connaissent, je n’aurai jamais pu l’immatriculer ». C’est enfin choses faite… au mois d’octobre 2017, soit près de 5 ans après son acquisition !
Et maintenant qu’il a le droit de circuler, quelles sont les sensations de conduite ? « Ah, c’est un vrai plaisir », me lâche Luis avec un petit sourire en coin. « C’est un petit moteur deux temps avec 4 vitesses qui est très vivant. La fiabilité est bonne, et je n’ai jamais eu le moindre souci avec. Il est très facile à manœuvrer, du fait de son petit gabarit et de son poids contenu. Comme tous les side-cars, il a tendance à tirer légèrement à droite mais le panier peut supporter un passager jusqu’à 100kg et dans ce cas, l’ensemble gagne bien sur en stabilité. D’ailleurs, si le passager joue le jeu et se penche dans les virages, il y a vraiment moyen de s’amuser ! » m’explique Luis en rigolant. En le voyant rouler sur les petites routes du vignoble russinois, on constate qu’il fait preuve en effet d’une agilité et d’une vivacité remarquable.
En profitant de la séance photo pour se pencher sur les détails, on constate que l’ensemble est en parfait état. Quelques traces de projections d’eau nous indiquent que le side-car roule régulièrement mais il est vraiment proche de « l’état concours ». Le panier dispose d’un phare sur l’avant et des baguettes chromées soulignent ses courbes. Le passager est bien accueilli avec un marchepied, une banquette en cuir et même deux larges accoudoirs. Les rétroviseurs chromés (le gauche sur le guidon et le droit… sur le panier !) donnent le ton, tout comme les pneus à flanc blanc et les feux arrières au design délicieusement seventies. Une véritable invitation à la balade.
« C’est vrai qu’il attire l’œil, les gens l’apprécient », termine Luis. « Je le prends régulièrement pour des petites courses en ville et tout le monde s’arrête, le regarde, le prend en photo. Ça permet d’ouvrir le dialogue avec les gens et ça, c’est vraiment sympa ! » C’est vrai qu’il a une gueule d’enfer, ce petit side-car Vespa. Qui sait, vous le croiserez peut-être à l’occasion d’une balade dans la campagne genevoise ?