
« À quoi aurait pu ressembler une Aprilia Tuono V4 engagée dans le championnat AMA Superbike des années 80 ? », telle est la question qui a longtemps taraudé Gwenaël Barthélémy, celui qui est aux commandes de "Le Week-End De Course".
L’homme fourmille d’idées et, en plus d’être pointilleux et perfectionniste, tient à la fois du génie de la mécanique et du visionnaire de la pièce parfaite.
À vrai dire, je ne pensais pas passer autant de temps dans un garage, dans les entrailles d’un immeuble, mais les motos (oui, il y en a deux…) sont toutes aussi passionnantes à détailler que l’homme, à écouter. Et ce fut ainsi que, presque trois heures plus tard, je me suis retrouvé sous une pluie diluvienne sur l’autoroute du retour, en direction de Lausanne. Maudite météo de Juin !
La question en soi parait incongrue car Aprilia n’est pas la marque qui vient spontanément à l’esprit lorsque l’on évoque ces fameuses Superbikes AMA de années 1985. Non, on pense plutôt Honda (rhaâa, les fameuses VFR Interceptor), on pense Suzuki (GSX-R 750), on pense Yamaha (la FZ 750, avec ses cinq soupapes par cyclindre). On pense aussi Wes Cooley, Freddie Spencer, Fred Merkel, Eddie Lawson, Wayne Rainey, Kevin Schwantz, et tous les autres. On pense aussi à la fameuse course à Daytona et à son célèbre banking.
Esthétiquement parlant, une Superbike du championnat AMA de ces années-là est caractérisée par une énorme plaque porte-numéro à l’avant (tellement énorme qu’elle aurait pu faire office de saute-vent), que vient compléter un duo de, tout aussi monstrueux, porte-numéros latéraux. Par la suite, ces éléments ont été heureusement mieux intégrés dans le dessin de la moto…
Mais revenons donc à Genève.
Après avoir élaboré un café-racer, deux scramblers, deux Pikes Peak et un peu d'accessoires, le Monsieur avait envie de travailler autour d'un kit... Oui, mais lequel et pour quelle moto? Gwenaël Barthélémy rêvait de v4, de la Tuono, et du Superbike AMA des années 85. Alors c'est simple: il a fait son Aprilia Tuono, façon Superbike AMA.
Le plus gros du travail a concerné la tête de fourche et la face avant, avec cette immense plaque porte-numéro en alu qui intègre aussi un support pour smartphone coulissant. Ce point précis montre le degré et le souci du détail du bonhomme. À noter la présence de l’amortisseur de direction, situé en position horizontale sous ladite plaque. Un travail a aussi été effectué sur les parties latérales du haut de carénage afin d’intégrer aussi les entrées d’air.
Toute la moto fourmille ainsi de détails croustillants de ce type, qui sent autant le jus de cerveau que l’amour de la belle pièce (vu le support de silencieux d’échappement en carbone, les feux arrière verticaux, l'éclairage des plaques de numéros, le bulbe en plexiglas des feux lenticulaires avant ?). Le résultat est surprenant et donne une moto trapue, agressive et ramassée vers l’avant, comme prête à bondir. Et bien sûr, Tuono oblige, Gwenaël l’a amenée sur piste aussi. Pour se faire plaisir tout d’abord (rhaâa bis ce grondement, ce martèlement du v4), mais aussi pour valider les différentes options.
Avant de se quitter, Gwenaël nous a aussi montré une itération ultime de la Tuono. Nous en avons vu le prototype et, croyez-nous sur parole, le résultat est tout simplement somptueux… À suivre.
« Passionné », « perfectionniste », « amoureux de la belle pièce », « décalé », tels peuvent être les termes qui pourraient qualifier Gwenaël. La transformation commise est mise en valeur par des clichés du photographe suisse Vincent Guignet, qui a officié aussi en MotoGP et dont l'univers artistique est aussi très éclectique. Gwenaël Barthélémy est tout cela à la fois, et ses réalisations ont une âme et sortent de l’ordinaire.
Et nous, on aime.