
Dans ce contexte tendu, le Délégué Interministériel à la Sécurité Routière, Emmanuel Barbe, vient de jeter de l’huile sur le feu avec une déclaration pour le moins maladroite. En effet, interrogé sur les causes de la baisse de 5.5% de la mortalité, il la juge possiblement en lien avec l'abaissement de 10km/h de la limitation de la vitesse sur les routes, et ce alors même qu’une baisse avait déjà été constatée sur les mois de mai (-8.4%) et de juin (-9.3%). Concernant le mauvais état des routes, pointé du doigt par la publication d'un rapport commandé par le gouvernement français qui vient d’être publié, Emmanuel Barbe enfonce le clou : "Le paradoxe, c’est que les plus belles routes de France sont 3,5 fois plus mortelles que les autres. Parce que comme elles sont belles, on y roule plus vite. Le vrai facteur de dangerosité en sécurité routière, c’est la vitesse. (...) Quand les routes sont en mauvais état, les gens roulent doucement". Selon ce spécialiste de la sécurité routière, le problème est donc en réalité une solution ! Il fallait y penser.
Il ajoute encore que "les accidents qui ont pour cause unique et directe les routes, il n’y en a pas beaucoup, à peine 3%. En fait, 90% des accidents ont pour cause une erreur ou une faute humaine", avance-t-il. Je pense que ceux qui ont "perdu la maîtrise" de leur moto sur une route venant d’être "refaite" avec une couche de 1cm de gravillons, ou qui ont été surpris par un nid-de-poule en plein virage, seront content d’apprendre qu’ils sont unilatéralement considérés comme seuls responsables de leur malheur.
Heureusement, tout le monde n’a pas cette lecture de la situation, et la ministre des Transports Elisabeth Borne a annoncé que le budget consacré à l'entretien des chaussées allait passer dès l’an prochain de 800 millions à un milliard d'euros chaque année.