
Ce challenge pas comme les autres se disputera sur onze manifestations réparties sur quatre continents : huit en Europe, une en Amérique centrale (Guatemala), une en Asie (Japon) et une en Afrique (Maroc). La compétition a commencé en janvier à Cantalejo (Espagne) et se terminera en octobre à Tanger (Maroc). Plus d'infos : FIM-live.com.
L'événement ayant été annoncé très tardivement, vers fin décembre 2017, il n'y a donc pas eu beaucoup de temps à disposition pour se préparer. Thierry Quinche peut d'ailleurs compter sur le soutien de son employeur et de son responsable d'atelier, tous deux motards, pour avoir accepté de lui accorder des congés à l'oeil pour participer à ce championnat. Son destrier est une Triumph Tiger 1200.
Nous profitons de cette publication pour vous livrer le compte-rendu des deux premières épreuves rédigé par Thierry :
Première épeuve : Cantalejo, à quelques kilomètres de Segovie. C'est aussi à l'occasion de la 36ème concentration "La Leyenda Continua", événement hivernal réputé dans le petit monde des mordus de ce genre de concentration.
Départ le jeudi soir après une journée de travail avec le thermomètre à 1°C. Petit passage à Neuchâtel, chez le concessionnaire Competition Park, l'un de mes sponsors, et direction la France pour l'étape du soir, Valence. Une journée à 400 kilomètres.
Au matin, départ à 8h30 pour relier Cantalejo en fin de soirée si tout va bien. Je scrute le ciel afin de définir le tracé à emprunter. Je pensais faire une boucle dans le sens des aiguilles d'une montre. La météo en décide autrement. Je roule donc en direction de Toulouse et passe la frontière du coté de San-Sebastian, le tout à environ 8-10°C. La montée sur le plateau basque en direction Cantalejo va voir la température descendre autant que je remonte... J'arrive à destination vers 18h. Comme je n'ai pas pu réservé de chambre, je me lance à la recherche d'un hôtel. Je trouve mon bonheur à Sepulveda, environ 20 kilomètres, et je peux donc aller m'inscrire à la concentre, manger une soupe chaude tout en claquant des dents. La demoiselle au bar m'en offre une deuxième et un thé pour me réchauffer. Je me dirige ensuite vers le point FIM où je dois me présenter avec les documents requis pour justifier ma participation au Challenge. En effet, seuls les membres d'une fédération nationale peuvent y prendre part. Vers 22h, je pars pour l'hôtel que je rejoins une demi-heure plus tard. Bilan du deuxième jour, 1'150 kilomètres.
La chambre est si "fraîche" que je décide de prendre un bain. Mais à la sortie glaglagla... direct sous le duvet et inspection météo car les organisateurs m'ont annoncé de la pluie givrante pour le samedi matin.
Le réveil est à 07h00, suivi d'un petit-déjeuner copieux. Puis je mets le cap sur Cantalejo par la route des crêtes (-1°C) d'où je découvre un canyon qui serpente entre les parois rocheuses. Il ne manque qu'un peu de soleil pour éclairer ce magnifique paysage. J'arrive au camping de la concentre pour me rendre compte que je deviens un peu douillet : environ 2'000 participants sur environ 5'000 ont dormi sous tente, soit près de la moitié. Je passe au point réception afin de recevoir mon enveloppe avec les bons repas, et tout le matériel souvenir. Puis, je vais prendre une boisson chaude et l'enveloppe petit-déj' (pour le parcours retour).
Samedi matin, vers 10h, le ciel se couvre, les nuages ne promettent rien de bon et je préfère la jouer sécurité ( je dois vraiment vieillir) donc départ, par la N110 direction Ayllon puis N122 , un peu humide et légèrement glissante donc... prudence, va falloir y aller en finesse. Soria- Borja- Zaragoza puis la II vers Burajaloz- Lleida-Manresa-Vic-Girona-Figueres passage de la frontière par le Perthus et ensuite Perpignan pour un arrêt à Narbonne. Température moyenne sur les plateaux ibèriques -1°C à 1°C, les poignées chauffantes sont appréciables... et appréciées. Je parcours environ 860km.
Dimanche matin, ciel très couvert, 6°C mais pas( encore) de pluie, comme ça menace direction autoroute et gaz 10 km puis déluge, jusqu'à Monpellier. Arrêt pour le plein de la moto, et le séchage du pilote, les sèches mains à air chaud sont une aubaine pour remettre l'équipement en mode sec et chaud... pas désagréable.
Ensuite un peu de Nationale 7 pour la remontée, un passage au musée des avions de chasse à Montélimar pour préparer une future sortie du moto-club.
Poursuite du trajet par Valence-Chambéry-Genève et arrivée à la maison vers 18h00.
Mercredi 21, -1° départ en fin de journée, petit passage chez Competition Park pour 2-3 photos par Bruno, puis en route pour Genève où je passe la nuit avant de prendre l'avion à 7h du mat.
Jeudi 05h00 à Cointrin pour le check-in et les formalités, direction Madrid (escale) pour le second vol direct jusqu'à Guatemala City. Arrivée avec 1h d'avance donc personne pour la réception à l'aéroport. Coup de fil à British Motors, importateur Triumph au Guatemala qui me loue la Tiger 800 qui me servira sur place, il n'y a pas de 1200 disponible. Comme je suis en avance, je me rends au magasin en taxi, rencontre avec le boss qui est vraiment accueillant et prise de la moto, examen du parcours jusqu'à Antigua et départ.
Dire que la circulation est pénible est bien peu dire. Les voitures et camions sont pare-chocs contre pare-chocs et le concert de klaxons va crescendo. Heureusement que j'ai vécu et circulé trois ans en Malaisie... je ne suis pas trop dépaysé.
Une fois en périphérie de la capitale, le trafic s'améliore et, finalement, ça commence à rouler correctement. Je rejoins Antigua vers 20h00 et me dirige directement vers le QG du Club BMW GT, organisateur de l'événement, où je dois présenter les documents nécessaires à l'inscription. Une fois les formalités remplies, je visite les différents stands sur place. Puis, direction l'hôtel, où je peux mettre ma moto dans la cour intérieure, sous les pots de fleurs et entre les cactus.
Vendredi matin, direction le parc fermé en attendant le départ de la visite, qui va nous conduire dans la région des volcans : paysages sublimes, volcans qui fument (deux sur la dizaine), traversée de villages pittoresques et lacs entourés de végétation luxuriante... un pays que je retournerai visiter.
Samedi, parcours vers un site archéologique (Mixco) et découverte des restes d'une ville antique, le site est en cours de réhabilitation depuis quelques décennies et il reste encore pas mal de travail, mais c'est intéressant de voir ce que les peuples antiques ont été capables de bâtir.
Ce qui est surprenant, c'est le réseau routier. Pas de pont de plus de 50-60 mètres, et pour relier ces ponts des routes sinueuses et au dénivelé continu, tant en descente qu'en montée.
Par contre, il est préférable d'être attentif, il n'est pas rare de se retrouver avec un monticule de terre, ou de gravats divers, en plein milieu du tracé, sans panneau pour nous mettre en garde... ça peut être chaud parfois, réaction rapide obligatoire ou fin de parcours assurée !
Une fois de retour, nous nous préparons pour le souper de gala, les organisateurs ont investi le couvent de La Merced, lieu qui célèbre cette année ses 800 ans d'existence.
Une superbe mise en scène des lieux, bougies, lumière bleutées, tables de 10 convives... un beau moment, avec lâcher de minis montgolfières aux couleurs des pays participants, tombola, souper avec spécialités locales, petite évocation historique avec acteurs en costumes... un très belle soirée.
Dimanche matin un peu difficile. J'ai passé une partie de la nuit à échanger des textos avec d'autres participants et des organisateurs. J'ai gagné la moto mise en jeu lors de la tombola et l'ai appris une fois arrivé à mon hôtel, donc je dois retourner au QG pour mettre les choses au point avec les organisateurs et voir comment procéder.
Un participant me propose de me racheter le lot, mais à force de discuter avec un, puis l'autre, le temps passe très vite et finalement Victor, un des intéressés, me propose de me raccompagner car la route que je pensais prendre est fermée pour cause de... procession religieuse.
Nous empruntons une petite route qui nous mêne dans les montagnes environnantes, superbes, par un tracé très sinueux, et on arrive chez l'importateur 30 minutes trop tôt. Victor propose alors une visite touristique de la capitale... et de sa collection de motos auxquelles il pensait ajouter mon lot.
Retour chez British Motors, je rends la Tiger 800. On m'organise le transport à l'aéroport par taxi, taxi que je ne pourrai pas payer car ils me l'ont offert... Je devrai définitivement retourner dans ce pays pour remercier ces personnes.
Ensuite, je reprends l'avion. Le contraste thermique va être important, 38°C au départ contre -3°C à l'arrivée à Genève, qui va se transformer en -10°C à Reconvilier... saisissant à moto !