Il y a quelques semaines, le département du Conseiller d'Etat Luc Barthassat (PDC), le DETA, publiait une brochure qui stipulait que les deux-roues motorisés pouvait stationner sur les trottoirs pour autant qu'un passage de 1,50m soit toujours existant, une tolérance qui avait été ratifiée en 2013 déjà par Pierre Maudet (PLR) chargé de la Sécurité et Michèle Künzler (Verte) chargée de la Mobilité en son temps.
Un accord avait bel et bien été signé par les deux parties et dont nous avons pu nous procurer une partie.
Ceci étant les réactions ne se sont pas fait attendre dans les différents partis politiques du canton avec une attaque des Verts via la Conseillère nationale genevoise et présidente de l'ATE (Association Transport Environnement), Lisa Mazzone, qui dénonce clairement cette manoeuvre et demande ce qui a cloché dans les services du DETA. En outre, elle a également fait mettre en ligne une pétition dont vous trouverez les détails dans notre précédent article : Deux-roues sur les trottoirs à Genève - L'ATE lance une pétition et qui a simplement pour but la suppression de cette directive.
D'un autre côté, nous avons le procureur général du canton de Genève, grand patron du pouvoir judiciaire genevois, Olivier Jornot (PLR) qui s'en prend ouvertement au Conseiller d'Etat en charge de la mobilité en lui rappelant que "la loi était la loi". Toutefois nous sommes en droit de nous demander si le Procureur général est encore dans son domaine de compétence qui est celui de la justice et certainement pas de la mobilité et donc de l'usage de l'espace public dont dépend cette affaire, pour autant qu'il y en ait une...
Du côté de Luc Barthassat, ce dernier ne décolère pas et s'est exprimé sur les ondes de Radio Lac jeudi "il y a des sujets beaucoup plus importants à Genève que de venir embêter un Conseiller d'Etat qui essaie de pacifier les choses". Il ajoute qu'il trouve "complètement ridicule" "que les uns et les autres se mêlent d'affaires qui ne les regardent pas". Il conclura son élocution par "nous appliquerons la loi et les utilisateurs de vélos et de scooters jugeront, comme c'est bientôt les élections, si c'est la loi à tout prix ou le pragmatisme qui doit gagner.".
Justement, du côté du droit fédéral, l'ordonnance en matière de circulation routière précise qu'il est interdit de faire un tel parcage. A son article 41, elle stipule que, si les vélos peuvent être stationnés sur les trottoirs, "le parcage des autres véhicules sur le trottoir est interdit, à moins que des signaux ou des marques ne l'autorisent expressément".
Du côté du DETA et de du Secrétaire général adjoint, Thomas Putallaz, porte-parole de Luc Barthassat, on précise "qu'il faut tenir compte de la différence fondamentale entre tolérer, qui signifie ne pas distribuer d'amendes pour un tel comportement, et autoriser officiellement un comportement. L'approche du canton est en ordre du point de vue de l'Office fédéral des routes".
Quoi qu'il en soit, les utilisateurs de deux-roues sont à nouveau la cible de tous les partis alors que, comme nous le savons tous, avec 55'000 deux-roues motorisés, la circulation dans la jungle urbaine de Genève est bien plus fluide que si nous utilisions 55'000 voitures.
Nous rappellerons également à nos amis les Verts et autres partis, ou encore certains services du pouvoir judiciaire qui prônent la mobilité douce, que la tolérance doit s'appliquer à tous et pas seulement à eux.
Notamment et par exemple lors de leurs manifestations (illégales), pardon tolérées (tolérance...), Critical Mass qui vise à bloquer les carrefours de la ville de Genève ou encore de traverser cette dernière à vélo, et ce, plusieurs fois par année.
"La Critical Mass n’est pas une organisation proprement dite, elle n’a pas de leader. Elle est juste un rassemblement de cyclistes, skaters et rollers qui, ayant atteint une masse critique, peuvent s’imposer dans la circulation comme ne peut pas le faire un cycliste isolé. Une Critical Mass ne bloque pas la circulation mais crée un embouteillage non-polluant pour mieux se faire entendre, et mettre les automobilistes dans la situation habituelle du cycliste : celle de passer au second plan et de subir les choix des autres...
Les personnes qui s’y rencontrent, partagent une préoccupation commune : rendre aux rues de la ville leur rôle de lieu d’échanges et de rencontre. Ces rassemblements sont suivis d’une promenade urbaine, qui vise à montrer au public qu'il existe des modes de déplacement plus efficaces et sympathiques que les véhicules motorisés."
Et à la rédaction nous finirons par : la tolérance des uns commence là où s'arrête celle des autres...