
«C’est une très bonne nouvelle! On va pouvoir avancer.» Olivier Monnier, motard au bénéfice de nombreuses années de compétition en motocross, enduro, supermotard et rallye, dont le Paris-Dakar, vient d’obtenir de feu vert pour mener à bien le Centre pédagogique romand de pilotage (CPRP) qu’il projette depuis des années sur le site des anciennes Fonderies de Moudon.
Victoire indirecte en fait, mais néanmoins réelle: le Tribunal cantonal a rejeté la semaine dernière le recours des opposants contestant les autorisations délivrées par la Commune et le Canton. Content mais lucide, Olivier Monnier attendra tout de même trente jours avant de passer aux actes, délai imparti aux parties pour un éventuel recours auprès du Tribunal fédéral. Sinon, ce sera la fin d’un long parcours du combattant.
C’est en 2014 que le projet prend forme. Nanti d’un bail de dix ans, Olivier Monnier commence les travaux l’année suivante. Il s’agit d’une part d’aménager l’intérieur d’une ancienne halle des fonderies en une piste terreuse. Puis de réaliser une seconde piste, plus longue, à l’extérieur, avec une butte antibruit proche de la voie ferrée. La mise à l’enquête soulève de nombreuses oppositions. Elles sont levées par la Municipalité au printemps 2015, mais les opposants obtiennent gain de cause auprès du Tribunal cantonal: manque au dossier l’accord des CFF et de l’Office fédéral des transports. Retour à la case départ.
En janvier 2016, les CFF donnent leur accord et le Canton préavise favorablement. Nouvelle mise à l’enquête au printemps, nouvelles oppositions du même opposant, balayées par la Commune qui délivre le permis, nouveau recours auprès du Tribunal cantonal. Et les juges de rejeter un à un tous les griefs présentés par les opposants. Les recourants soutenaient notamment que le projet devrait être soumis à une étude d’impact sur l’environnement. La Cour cantonale répond que ce serait le cas si le centre était destiné à des manifestations sportives, mais comme sa raison d’être est l’initiation et la formation il n’y est pas soumis. Les opposants observaient par ailleurs que le dossier d’enquête ne dit rien des risques de rayonnement non ionisant induit par la ligne à haute tension des CFF voisins. Réponse: une installation extérieure de loisirs n’est pas considérée comme lieu à usage sensible. Pas d’accord avec les remblais faisant office de mur antibruit? Les juges répliquent qu’il n’est pas nécessaire de requérir une dérogation pour ce genre d’aménagement. Par ailleurs, le recours considérait à tort qu’un centre de pilotage constituerait une activité tertiaire non autorisée sur une telle zone industrielle. Rien à redire enfin quant au total de 24 places de stationnement en lien avec le projet.
Olivier Monnier rappelle que son projet, unique en son genre en Suisse romande, et destiné à toute personne intéressée par le pilotage moto, sert à la fois à l’initiation et au perfectionnement, et qu’il contribue à l’amélioration de la sécurité routière. «Nous allons mettre en place de nouveaux cours, apporter ce qui manque à notre vie quotidienne, explique-t-il. Il est vrai que mon dossier est un peu spécial et qu’il sort des sentiers battus.»