Tout est parti de cette photo de Don Draper, personnage principal de la série Mad Men. Cela inspire l’Australien Mark Hawwa qui se dit qu’une balade en moto avec cet univers pour thème, ce serait so chic ! En 2012, ils sont 2'500 dans 64 villes à travers le monde. Et très vite arrive l’envie de joindre une cause caritative pour donner un sens à cet événement. Des gentlemen, des beaux costumes, des moustaches ? C’est tout trouvé : ce sera la recherche contre le cancer de la prostate ! L’année suivante 277'000 US Dollars sont récoltés par 11'000 motards. En 2014, Marc-Antoine Bernard organise un DGR (le petit diminutif du Distinguished Gentleman’s Ride pour les habitués) pour la première fois en Suisse, à Genève. 80 pilotes sont présents. Il crée une association (Mais si ! On vous a déjà parlé des Gentlemen GVA) pour faire perdurer le bel engouement qui en ressort. En 2015, l’Usine à gaz de Nyon accueille 150 gentlemen.
Cette année, c’est le Cercle des Bains à Genève qui a été pris d’assaut par 280 riders à l’arrivée d’un joli parcours à travers la campagne genevoise.
Rendez-vous au parc des Eaux-Vives. Les plaques sont genevoises, vaudoises, fribourgeoises, françaises et les bécanes affichent leur plus beau style : cafe racer, bobber, tracker, sidecar, quelques chopper old style ou des Vespa et de vraies classiques, carbu, démarrage au kick et compagnie. La police briefe les bénévoles qui fermeront les intersections : pas d’arrêt prévu pendant le parcours ! Et pourtant, ce dimanche, c’est la journée de la mobilité douce à Genève, des routes sont fermées, les agents de sécurité sont mobilisés en nombre mais deux motards de la Police genevoise ont tenu à accompagner le défilé.
Ludo, responsable du tracé prend la parole, debout dans un pick-up des années cinquante, mégaphone à la main et coiffé d’un panama. "Roulez en quinconce, pas de dépassement sauf pour la sécurité, n’utilisez qu’une voix de circulation et restez Gentlemen !" Et c’est parti pour une balade bucolique dans la campagne genevoise. Quelle allure ! Les nœuds papillons virevoltent et les queue-de-pie claquent dans le vent : la politesse de nos gentlemen paie et le convoi peut adopter un rythme très agréable.
L’arrivée se fait dans un ancien hangar réaffecté et l’endroit se prête parfaitement à l’événement. Les motos sont garées sans accroc, une civette attend dehors et propose une dégustation de cigares. Le bar est pris d’assaut pour servir de délicieux hot-dog. Un cireur de chaussures et un barbier prennent soin des pilotes décoiffés et poussiéreux. Pour les inconditionnels des motos préparées, quelques exemplaires sont exposés. Et aux murs, le photographe Davolo Steiner présente son travail (vous comprenez désormais pourquoi c’est le non moins talentueux Lionel Daviet qui s’est chargé des photos pour ce reportage) ainsi que Emilio Cavanas.
Si son nom vous dit quelque chose c’est normal : issu du milieu de la finance, cela fait déjà quelques années qu’Emilio se taille une réputation dans le milieu de la moto avec ses esquisses et dessins tirés de son carnet qui ne le quitte jamais. Si les deux milieux peuvent paraître incompatibles de prime abord, l’explication est pourtant simple. "J’ai besoin de me détendre et d’avoir d’autres types d’activités en dehors du travail, explique Emilio. C’était d’abord l’écriture, puis j’ai commencé à dessiner pour combler les pages vides dans mon cahier : de l’architecture, des endroits qui me sont familiers, et un jour une moto. Petit, je roulais avec mon père et mes grands frères en Espagne sur une Montesa et une Puch. Plus qu’un hobby, le dessin de moto fait partie de ma vie. J’ai mon travail, ma famille et, la nuit, je peins". Le retour des motos classiques ? Il adore, cela lui donne de la matière, de l’inspiration et lui rappelle son enfance. Il a attendu des années avant de trouver la moto qui lui convenait et vient de craquer pour une BMW Nine T Scrambler. "Mais je vais ramener la Puch d’Espagne pour la restaurer. Mon fils l’a essayée et y tient beaucoup. La voir rouler à nouveau entre ses mains vaut bien cette peine !" Un détour par Heritage Station qui vend de magnifiques accessoires (qui a déjà testé les gants de cuir brut tout droit venus des ranchs américains ?), la scène où The Bonnie Situation et Adieu Gary Cooper régalent l’assemblée et il est déjà l’heure de rentrer les bolides.
A l'année prochaine !