
Il est 06h50 quand je prends le départ pour la liaison jusqu'à la spéciale de la Muraz à soixante-trois kilomètres.
La pluie est assez intense. J’en profite pour tester les nouveaux pneus, ils me mettent vraiment en confiance surtout l’avant, l’arrière a tendance à bouger mais sans plus et je me dis que j’ai fait le bon choix la veille. Mais arrivé à dix kilomètres de la spéciale, la pluie s’arrête et la route est quasiment sèche. Leur adhérence est malgré tout assez correcte. D’après certains conseils, la spéciale est très dégradée et assez rapide sur le début, avant d’enchaîner quelques épingles.
Mon tour arrive, la route de la spéciale est totalement sèche. Je suis assez en forme et prends un bon départ. J’enchaîne bien les premiers virages et je sens de suite les défauts. Je passe la première épingle à gauche puis l’enchaînement pour arriver très fort dans une épingle à droite, je freine fort, relâche, commence à tourner et là sans rien y comprendre l’avant glisse et je chute à faible vitesse. Je m’accroche à la moto mais je lâche prise et la moto glisse gentiment vers le fossé et s’enfonce dans la forêt en contrebas.
Je cours pour la récupérer mais impossible de la sortir seul. Le commissaire de piste me demande de sortir de la trajectoire et il me dit qu’il faut attendre le camion-balai et là je me dis que tout est fini.
Les chutes s’enchaînent après moi et une interruption de course intervient. Deux autres commissaires viennent en renfort et on arrive enfin à la ramener en haut. Je contrôle la moto, plus de levier de frein avant, la fourche a bougé sinon rien de bien méchant.
Le directeur de la spéciale s’arrête vers moi et me demande si je peux repartir je lui dis "oui". Il me laisse cinq minutes, le temps de remettre le cuir, un commissaire me change mon levier de frein avant. Je remercie tout le monde car, sans eux, je serais sûrement rentré à la maison. Arrivé en haut de la spéciale, je me remets en question et je me dis que j’ai déjà quarante minutes de retard pour pointer à l’heure.
Je dois faire trois cent quatre-vingt-quatre kilomètres pour rejoindre la deuxième spéciale, une bonne partie sur du mouillé et je pars assez énervé. Bien sûr, personne devant car la course a été neutralisée donc je fais la route seul. Au bout de trois heures mon retard est comblé. Cela ne me calme pas, la fatigue s’en mêle et je commence à faire beaucoup d’erreurs. Je loupe une case et fais cinq kilomètres dans la mauvaise direction. Je fais un demi-tour rapide et l’avant part une nouvelle fois et casse la moitié du levier d’embrayage et plie le sélecteur. Je décide de me poser un moment pour me calmer et redresser le sélecteur. J’arrive finalement à la spéciale avec quinze minutes d’avance.
La spéciale débute par un démarrage en côte avec de nombreuses parties rapides et un gros freinage en descente. Ayant toujours en tête la spéciale du matin, je reste calme et assure l’arrivée, avec le quarante-quatrième temps.
Un passage à Langeac pour une assistance de trente minutes et j’en profite pour changer le sélecteur, le levier d’embrayage et remettre la fourche dans l'axe. Un grand merci également à Motos Vionnet pour les pièces de rechange. Mais là, je n’en disposerai plus.
Deuxième passage de la même spéciale, je suis beaucoup plus confiant et prends plus de plaisir. J’arrive en haut et je suis satisfait et me demande encore comment j’ai pu perdre l’avant le matin. Je fais le vingt-huitième temps.
Au retour au paddock, je vais voir la direction de course pour connaître ma pénalité et on me dit que je prends environ quarante minutes donc hors course. J’essaye de négocier au vu de la situation et le jury décide de me mettre le moins bon temps de la catégorie multicylindre plus un pourcentage donc je suis toujours en course. Je me retrouve donc à la septante-deuxième place. Ça fait mal mais je suis au moins là et seulement à 1'25 du Top 20. La remontée s’annonce passionnante.
Au général du jour Toniutti devance Filleton et Schiltz.
Un avantage à tout ça, c’est que demain je part à 09h10... donc grasse mat' !