La navigation est aisée, de même que le paramétrage. Les commodos sont à portée de pouce et pourtant je n’ai pas de grandes paluches. J’apprécie la présence des poignées chauffantes en cette fraîche matinée. Les leviers de frein et d’embrayage sont réglables. Je n’ai pas tourné la clé de contact que je me sens déjà très à l’aise.
Un coup de démarreur et le bicylindre se fait remarquer par une ambiance sonore virile. C’est carrément bluffant qu’une paire d’échappements d’origine laisse libérer un son si agréable, grave et tout en rondeur. J’aime ainsi, bien que je lorgne vers les silencieux Vance&Hines de la moto de mon collègue. Rapidement, je quitte l’enceinte de l’hôtel et m’engouffre dans la ville voisine, passage obligé pour atteindre les virolets des contreforts du nord de l’île.
La ville à moto, ce n’est pas ma tasse de thé, même au guidon d’une moto anglaise. Toutefois, je dois avouer que j’évolue sans peine d’un carrefour à l’autre. Le bicylindre est doux à basse vitesse et il faut vraiment être en sous-régime, soit sous les 2’000tr/min, pour qu’il cogne. Première, deuxième, troisième, les rapports s’enchaînent avec douceur et j’enroule sur le couple camionesque. La partie-cycle offre beaucoup de stabilité et l’évolution sous les 50km/h se fait instinctivement et avec agilité. En effet, il m’est arrivé, sur certaines motos, de devoir chercher mon équilibre… ce qui n’est pas le cas au guidon de la Speed Twin. Il ne fait ainsi aucun doute que les novices apprécieront.
Dans ce même rythme dynamique, je m’extrais de la ville. Je vois, non loin de là, les reliefs ensoleillés qui se profilent. Le bicylindre calibré « high power » par opposition à « high torque » prend volontiers les tours et s’envole énergiquement jusqu’à la zone rouge. A l’instar de la Thruxton R que j’avais eu l’opportunité de rouler, le moteur est très coupleux dès les plus bas régimes (plus de 100Nm dès 2’000tr/min) et ne s’essouffle pas en prenant les tours. Au-delà de 4’500tr/min jusqu’à la zone rouge qui débute à 7’000tr/min, le bicylindre laisse exprimer la cavalerie forte de 97 chevaux à 6’750tr/min. Assurément, il n’est pas avare en sensations et ne manque pas de ressources.
C’est aussi l’occasion de juger la partie-cycle. Assez souple pour ne pas vous tasser les vertèbres à chaque imperfection du ruban d’asphalte et assez ferme pour encaisser les déformations de la route et les transferts de masse au moment des freinages et des accélérations, Triumph propose un juste milieu entre confort et sportivité. Cependant, je remarque que l’ensemble de suspensions correspond à un usage civilisé, à savoir qu’au-delà de 120km/h il n’est plus envisageable d’exiger des performances de premier ordre. A ces vitesses, la Speed Twin se dandine de manière contenue, vous rappelant qu’elle n’est pas une sportive à proprement parler. Pour cela, il faudra vous orienter vers la Thruxton R. Notons au passage que la partie-cycle reste en tout temps très saine et pardonne largement.
Dans le même registre, j’ai particulièrement aimé le train avant très communicatif. Il permet un pilotage engagé et des changements d’angle vifs. Ce n’est que le tarage de la fourche qui pêche quelque peu lors de freinages appuyés, avec l’intervention trop fréquente de l’ABS. Une fois de plus, la Speed Twin n’est pas une sportive, je lui en demande trop. Mais d’ici à percevoir ses limites, il y a de quoi se faire plaisir ! Agilité et dynamisme sont de mise. L’Anglaise porte bien son nom. Aux vitesses légales, enquiller les kilomètres à allure soutenue est un régal. Le châssis et la partie-cycle sied parfaitement aux performances du moteur.
Quant au freinage, il est également en adéquation avec les capacités dynamiques de la moto. Un mordant appréciable en toute situation, une progressivité justement dosable et une puissance généreuse. Assuré par deux étriers fixes à quatre pistons chacun et des disques de 305mm de diamètre, le freinage fait l’unanimité et suffit à satisfaire le comportement homogène de la Speed Twin. Naturellement, nous ne sommes pas en présence de la puissance quasi caricaturale d’un système de freinage à étriers à fixation monobloc que nous rencontrons sur nombre de sportives, ou tout simplement sur la Thruxton R.
Après quelque 300 kilomètres passés au guidon de cette charmante néo-rétro, je dois admettre, sans parti pris, que je suis conquis. La Speed Twin s’inscrit entre la classique Bonneville T120 et la sportive Thruxton R et offre le compromis idéal : confort pour les trajets du quotidien et les balades, sportivité grâce à l’ensemble partie-cycle et châssis, mais surtout grâce aux performances du twin parallèle, style rétro pour rouler avec style sans entrer dans l’extrême classicisme, technologies embarquées au goût du jour, … Des atouts, elle n’en manque pas à tel point qu’elle joue la carte de la polyvalence et se destine ainsi à bien des motards. Triumph fait mouche et complète ainsi la grande famille Bonneville.
Cerise sur le gâteau, la Speed Twin ne coupe pas aux possibilités de personnalisation et profite ainsi d’un catalogue de plus de 80 articles d’origine Triumph.
Alors qu’attendez-vous pour fixer un rendez-vous chez votre concessionnaire Triumph pour une course d’essai entre deux flocons ?