La première session se fait en mode road, ce qui est parfait car c’est mon premier roulage sur le circuit d’Almeria qui n’est autre que le jardin d’entrainement quasi quotidien de Tito Rabat. Et le tracé n’est pas des plus simples à apprendre avec 2 virages à droite à l’aveugle où il est facile de sortir de la piste en cas d’erreur de trajectoire. Le freinage avant la chicane est également très piégeur ! Mais comme on dit : c’est ça qu’c’est bon !
Revenons à nos moutons verts, bien que le mode road soit parfait pour découvrir le tracé, on sent tout de suite que la ZX-10R SE n’est pas des plus à l’aise. A l’accélération, la suspension peine à encaisser les 200cv et pompe pendant que la fourche s'avère trop souple sous les assauts du maître cylindre Brembo, qui ordonne aux pinces M50 de même provenance de mordre les disques de 330mm.
Pour la deuxième session on passe en mode track et là, c’est un nouveau monde qui s’ouvre à moi ! Il est maintenant possible d’ouvrir les gaz en grand en sortie de courbe et la Kawa trouve sa trajectoire, l’amortisseur encaissant maintenant parfaitement la charge.
Il en est de même au bout de la longue ligne droite où il faut passer de 6ème en 2ème sur 200 mètres. La fourche encaisse parfaitement la charge et la moto bouge juste un peu de l’arrière ce qui est bien normal vu la charge mise sur les freins.
A ce propos, l’ABS est entièrement paramétrable et il est possible de le garder actif, de le couper à l’arrière seulement ou complètement. Perso, je l’ai coupé à l’arrière, c’est ce qui occasionnait ces mouvements, la roue arrière pouvant glisser à sa guise. D’ailleurs le freinage de la ZX-10R SE est tout simplement bluffant et ne faiblit pas au fil des tours, ce qui est très agréable et pas toujours le cas sur les motos de la concurrence.
Un autre accessoire est un allié précieux sur ce tracé qui tourne beaucoup, il s’agit du blipper. Celui-ci fonctionne très bien et permet de monter rapidement les rapports, alors que le rétrogradage se fait parfaitement. Il faut dire que ce blipper est couplé à un embrayage antidribble qui permet par exemple lors du freinage de la chicane, qui se fait sur l’angle, de rentrer deux rapports sans toucher l’embrayage sans que la moto ne bouge.
Au passage, j’ai apprécié les jantes forgées Marchesini qui amènent une grande agilité à la ZX-10R SE notamment au passage de la chicane où il faut balancer rapidement la moto de gauche à droite, cela se fait sans effort.
Maintenant que je commence à avoir le tracé dans la tête, j’attaque la troisième séance en mode manuel avec un réglage défini par Yannick, le mécano-pilote du staff Kawasaki. Bien que la différence ne soit pas flagrante, la moto gagne encore un peu en précision, mais je ne saurais dire si c’est grâce aux réglages ou à ma meilleure connaissance du tracé qui me permet de rouler plus propre.
Enfin, pour mon dernier run, vu que c’est mon anniversaire je peux m’élancer en premier pour une série de 4 tours au guidon de la Ninja ZX-10R SE équipée d’une ligne complète Akrapovic bien évidement démunie de sa chicane. Vive l’Espagne !
Après les deux premiers virages j’ai quasiment un orgasme auditif tant il est bon d’entendre le quatre cylindre en ligne Kawa hurler dans les tours. C’est une véritable symphonie, on reconnait un moteur Kawa entre mille, on l’entendrait presque chanter « libéréééé délivréééééé ». Ensuite, cette ligne donne encore plus de rondeurs au moteur et permet de passer plusieurs virages avec un rapport supplémentaire, le couple plus présent permet de s’extraire encore plus facilement.
Et que dire des broaarrps à la décélération… je prends encore plus de plaisir à jouer avec le blipper sur les gros freinages et à laisser le moteur s’exprimer. Mais comme tout ce qui est bon, c’est trop court et il faut que je donne mon cadeau d’anniversaire à mon collègue, qui trépigne d’impatience sur le pit-lane.
Cette Ninja ZX-10R SE remplit parfaitement l’adage qui lui a été affublé : best of both worlds, à savoir tirer le meilleur des deux mondes de la route et de la piste.
Elle est parfaite pour celui qui veut faire des TrackDays (ou des AcidTracks) mais qui n’est pas un expert dans le domaine vaste et compliqué du réglage des suspensions ou qui n’a pas un ingénieur Showa dans ses proches amis. La SE permettra comme indiqué par l’ingénieur Showa (lui, il faut que je le garde dans mes contacts) d’adapter ses suspensions pour le passage de la route à la piste et vice versa d’un seul clic sans sortir un tournevis.
Force est de constater que le système développé par Kawasaki et Showa possède une longueur d’avance sur la concurrence. Les Verts ont d'ailleurs commencé par une sportive, car c’est ce qu’il y a de plus compliqué. Le système devrait donc être à l’avenir adapté à d’autres modèles de la marque.
Enfin, on notera qu’il n’y a absolument aucune différence à l’entretien entre une suspension KECS et classique.