Au niveau look, la Speed n’a pas énormément changé. Outre les détails quant aux coloris, ce sont surtout les roues qui apportent une nouvelle dynamique visuelle. Et quelles jantes. Le mono-bras oscillant met sublimement en valeur cette nouvelle jante brillante à 5 bâtons. Un pur chef-d’œuvre ! Le soin du détail apporté à la moto est bluffant. On se dit que cette moto a été dessinée et conçue avec une passion inégalable. Tout est beau, les rappels de la marque ça et là sont fins et apposé un peu partout apportant un sentiment de produit fini.
Pour notre test, c’est la version RS que nous avons eu la chance de rouler. Cette version est donc upgradée par rapport à la S. J’ai déjà évoqué quelques différences plus haut, mais ce n’est pas tout. La Speed Triple RS est par exemple équipée de série d’un levier de frein Brembo réglable et d’un levier d’embrayage assorti.
On trouve également sur cette mouture une selle confort et du carbone un peu partout. Et moi, j’aime le carbone ! On retrouve également ce matériau noble sur les flutes Arrow, qui sont elles aussi de série sur ce modèle. Il en va de même pour le sabot moteur et le capot de selle passager assorti. C’est une différence notable par rapport à la précédente version de la Speed Triple R. Maintenant, tous ces équipements ne sont pas des options au catalogue. Ils viennent directement avec la moto.
C’est là que je pointerais le premier point négatif de l’anglaise (profitez, il n’y en a pas des masses…). Le modèle RS, à vocation forcément plus sportive, n’est pas équipé de shifter. J’ai un peu du mal à comprendre ce qui a pu pousser la firme de Hinckley à équiper ce modèle de suspattes de compèt’, de durites avia, d’un mode Track, d’un « corner ABS », etc… et de laisser le shifter en option ?
Il est super aisé de naviguer dans l’ordinateur de bord. Même moi j’ai réussi du premier coup, et sans explications au préalable, c’est pour dire ! Grâce au joystick et aux quelques commodos (rétro-éclairés dans le noir) tout est intuitif et ma fille de 7 ans pourrait me paramétrer un mode de conduite assez fun !
Une pression sur le bouton de démarrage et le trois pattes s’anime… Mes poils s’hérissent et j’ai immédiatement la banane. Le son qui sort des échappements Arrow est grisant. Et encore, ma brèle du jour est froide et je ne joue pas (encore) avec la poignée des gaz.
Pour notre essai, Triumph a équipé nos motos du fameux shifter en option. Bonne surprise, ce n’est pas qu’un shifter traditionnel, mais un blipper, qui me permettra non seulement de monter mes rapports sans débrayer, mais également de les descendre. Pour le confort, nos motos ont également les poignées chauffantes. Ça ne modifiera en rien le comportement de la moto, mais vu la météo, c’est un détail qui pourrait se révéler agréable ! Car Triumph n’a pas apporté que des Speed Triple du Royaume Uni, ils ont également apporté la météo britannique.
Ca y est, on part. Il pleut. Fuck. Ben ouais, faut bien s’adapter à l’anglaise ! Je vois le bon côté des choses et je me dis qu’au moins, je testerais rapidement le mode pluie. La réponse à ma sollicitation de la poignée de gaz est (trop) douce et la montée en régime également. Très vite, j’aurais une première intervention du contrôle de traction. Non seulement je ne suis pas super doux sur la poignée de droite, mais en plus, en étant chaussé de Pirelli Diablo Supercorsa, on n’a pas vraiment à faire au mélange idéal pour rouler avec les grenouilles. Quoi qu’il en soit, la moto est saine. Pas de bizzareries et pourtant le rythme est déjà … plaisant au vu des conditions ! En revanche, je suis étonné en bien : après quelques virages seulement, j’ai l’impression de connaître ma brèle. Ce genre d’adaptation ultra-rapide est d’habitude plus l’apanage de la marque ailée.
Après quelques kilomètres, la route est séchante. Ni une, ni deux, je passe sur le mode Road. J’ai l’impression que le moteur répond mieux à mes demandes sans toutefois être très expressif. En même temps, je viens de libérer 50 chevaux supplémentaires… Si je veux de la réponse, je dois taper un peu plus haut dans les tours. Le couple est bien présent, mais la manière dont il arrive paraît filtré et j’en viens à me dire que dans des conditions mixtes, ce mode pourrait être idéal. Surtout qu’en taquinant un peu les leviers de ma Speed, les assistances électroniques sont rapidement là, un peu comme cette vilaine prof de maths qui te surveille quand elle sait que l’heure de la récré arrive…
Alors bon, c’est pas que j’aime pas les maths, mais j’ai un souvenir de la Speed Triple beaucoup plus marrant, alors hop, un coup de joystick plus tard, je passe en mode Sport tout en roulant. En coupant les gaz, on peut sans autres changer de mode en roulant à condition de choisir entre le Rain, Road ou Sport. Les deux autres modes permettant de supprimer l’ABS ou le contrôle de traction, il faut s’arrêter. On peut garder le moteur allumé, mais il faut impérativement stopper la machine. Pour ma part, il m’a fallu quelques changements avant d’être totalement familiarisé avec le processus de changement de mode en roulant. Mon seul réel problème étant qu’à l’aveugle, j’avais tendance à appuyer sur le bouton des clignos au lieu du joystick. A ma décharge, ces deux boutons sont placés proches l’un de l’autre et ont un peu la même forme.
La route est parfaitement sèche et on lâche la cavalerie. Là, la reine se dévoile. On est comme connecté à la machine tant ses réactions sont proches de ce qui est demandé. On commence à pouvoir jouer avec la moto, notamment dans les phases de ré-accélération à la suite d’un virage. A ce moment là, le contrôle de traction effectue un travail sensationnel sans pour autant être trop intrusif. Je veux dire par là que son intervention est relativement transparente et qu’il est très certainement arrivé qu’il intervienne sans même que je m’en rende compte.
Du coup, en augmentant le rythme, on profite pleinement de la partie-cycle. Comme par le passé, elle est tout simplement impériale. Le travail des éléments Öhlins se fait ressentir et se traduit par un comportement tellement sain, que la sainitude (cherchez pas, c’est un mot à moi !) elle-même est jalouse de la Speed Triple RS. Plus on « tape dedans », plus on se rend compte qu’on peut en ajouter, alors forcément, je me suis pas fait prier…
Et là… Paf ! Deuxième critique, si toutefois on peut appeler ça une critique. Avec un tel moteur, et une partie cycle aussi bonne, on regrette que la Speed Triple RS ne possède pas un contrôle de wheelings à part entière. Je m’explique : on rentre fort dans son virage, la confiance gonflée à bloc grâce aux suspensions, très tôt on accélère relativement fort sachant que le contrôle traction servira de garde fou. Et c’est là que le bât blesse. En redressant la moto, on n’a qu’une envie, à savoir faire monter la roue avant, d’autant plus qu’on sent qu’elle ne demande que ça… Mais sur la Speed, c’est le contrôle de traction qui fait office « d’anti-wheeling », et du coup, ben ça lève pas, ou trop peu. Je sais, je pinaille et en général, ce sont les sportives qui sont dotées d’une électronique aussi permissive. Mais la Triumph donne tellement qu’on a envie de lui en demander plus.
Vous me direz qu’il existe toujours la possibilité de rouler sur le mode Rider, et, de cette manière, créer son propre mode de conduite. J’ai donc anticipé et, avant de partir, j’ai programmé le mien de la sorte en demandant une réponse des gaz la plus sportive, et aucune assistance électronique. Il y a également la question du mode Track. Si ce dernier est évidemment prévu pour des journées piste (comme les AcidTracks par exemple), il est tentant de l’essayer sur route, surtout sachant que ce mode garde les assistances, mais repousse au maximum leurs interventions. Mais bon, on roule en direction du circuit d’Almeria et je devrais avoir tout loisir de tester ce mode en bonne et due forme.
Après m’être arrêté pour sélectionner le mode de conduite personnalisé, j’ai eu droit à un grand moment de jeu. Comme je les aime. Pour moi, une moto doit être un plaisir, et il est impératif pour moi de pouvoir « jouer » avec ma brêle quand j’en ai envie. Sur ce mode de conduite, la Speed a répondu à toutes mes attentes, surtout avec le blipper Triumph qui est particulièrement bon. Mettre la moto en glisse est un jeu d’enfant et chaque sortie de virage est sujette au petit wheeling du bonheur.