Publié le: 26 juillet 2024 par David Zimmermann
Swank Rally Tunisia : 5 jours dans le désert!

Pour sa 2ème édition, le Swank Rally Tunisia a rassemblé près de 70 participants de 5 nations du 26 février au 1er mars 2024. Acidmoto était de la partie, l’occasion de vous faire vivre cet événement comme si vous y étiez et pourquoi pas de vous inspirer à participer à la prochaine édition !

REPORTAGE

Une formule rodée en Sardaigne et exportée avec succès en Tunisie

En 2020 et en 2021, nous vous avions fait découvrir le Swank Rally en Sardaigne, un événement organisé par Renato Zocchi et son agence Adventureriding.it. Fort du succès grandissant du Swank Rally di Sardegna, qui, après 5 éditions, rassemble désormais plus de 200 participants, le Swank Rally Tunisia fait son apparition au calendrier en 2023. Même concept, mais en Tunisie cette fois, avec le gros avantage d’offrir les grands espaces désertiques que nous n’avons pas en Europe.

Pour cette seconde édition tunisienne, la participation a quasiment doublé pour atteindre 70 pilotes. La majorité était bien évidemment italienne, mais on trouve également des Allemands, des Français, des Suisse-Allemand, un Américain et moi-même, unique représentant de la Romandie.

Des étapes tracées par Alessandro Botturi lui-même !

Le tracé de cet événement a été réalisé par Alessandro Botturi (« Bottu » comme le surnomment les Italiens) en partenariat avec Renato Zocchi. Cette légende du Rallye Raid a participé à 7 Dakars et a, entre autres, gagné 2 éditions de l’Africa Eco Race, une édition du Merzouga et du Transanatolia Rally au guidon d’une Yamaha T7 !

Une catégorie « Expérience » pour les néophytes

Comme sur le Swank en Sardaigne, l’événement est également accessible aux amateurs ayant tout de même un certain niveau en tout-terrain. Dans cette catégorie, la navigation se fait au GPS et il n’y a pas de classement, donc pas de pression. L’organisation offre même la possibilité de rouler en groupe accompagné d’un guide, option choisie par une demi-douzaine de participants en Yamaha T7 pour la plupart.

Pour la sécurité, chacun est équipé d’une balise Owaka, qui permet à l’organisation de savoir en temps réel où il se trouve et qui permet également l’envoi de messages d’urgences en cas d’accident ou de panne.

La catégorie « Rally »

Gros avantage par rapport au Swank Rally en Sardaigne; aucune licence de course n’est nécessaire pour participer à la compétition en Tunisie! Les motos doivent être équipées des instruments de navigation habituels (dérouleur de roadbook papier ou numérique et tripmaster) ainsi que d’un boitier Stella qui est loué par l’organisation. C’est un système similaire à celui utilisé sur le Dakar. Il permet de contrôler si les vitesses sont respectées sur les sections limitées et si les checkpoints sont validés. Les pénalités sont directement gérées par le système.

Le boîtier Stella permet également d’envoyer un message d’urgence en cas d’accident ou de problème mécanique et d’être localisé en temps réel.

Comme en Sardaigne, la catégorie compétitive est divisée en 3 sous-catégories :

E1 : motos anciennes immatriculées avant l’an 2000

E2 : motos monocylindres modernes

E3 : motos multicylindres

Dans la catégorie multi-cylindres, bien représentée d’ailleurs, c’était du 100% Yamaha Ténéré 700. Il faut dire que la marque nippone est sponsor de l’événement et est très active à la promotion de la T7 en Italie.

Direction Douz – La porte du désert

Depuis l’aéroport de Tunis, nous prenons un transport organisé en autocar pour nous rendre à la ville de Douz, située à près de 500 km au Sud de la capitale. Dans le car, je retrouve Klaus Nennewitz, un journaliste allemand indépendant avec qui j’ai déjà eu l’occasion de couvrir plusieurs événements. Il va participer en catégorie « Expérience » au guidon de la nouvelle BMW R1300 GS ! La moto la plus grosse du plateau, qui pèse quasi le double des 450 de Rallye et offre le double de cylindrée des bicylindres Yamaha !

A notre arrivée à Douz en début de soirée, quelle ne fut pas ma surprise de retrouver le même hôtel où j’avais séjourné en 2014 lors du Tuareg Rally. Pour la petite histoire, ce fut également un de mes tout premiers reportage pour Acidmoto!

Une première étape à la cool

La première journée commence à la cool, avec la partie administrative le matin et l’installation des balises Stella pour la catégorie Rallye. Pour ma part, engagé en catégorie « Experience », je n’ai rien à faire. Du coup je me promène un peu dans les paddocks pour regarder ces belles motos. On trouve une grande quantité de Yamaha T7 dont certaines ont un sacré niveau de préparation.

Bien évidemment, les incontournables et chères KTM/Husqvarna 450 Rally Factory Replica, quelques Beta Rally, et des Honda CRF450 équipées d’un magnifique kit Rally produit en petite série en Italie. Celles qui ont le plus attiré mon attention furent les 3 Kove 450 Rally, des moto chinoises qui font beaucoup parler d’elles sur les réseaux sociaux. Une des 3 motos présentes a d’ailleurs terminé l’édition 2024 du Dakar et n’a bénéficié que de la maintenance habituelle (vidanges et filtres). Pas mal pour une moto à moins de 9’000 balles !

La première étape de mise en bouche ne compte que 130 km. C’est l’occasion de se familiariser à l’utilisation du boîtier Stella pour ceux qui participent à la course et aussi de tester un peu sa moto en conditions réelles.

Ma KTM 690 Rally Factory Replica ne s’était plus dégourdie son gros piston depuis 2019, lors de ma participation au Raid Suricate en Algérie.

Cette première journée est assez facile et c’est une très bonne remise à niveau pour moi qui n’ai plus été très actif en off-road récemment. Je redécouvre avec un grand plaisir les sensations de rouler avec ce monstre de sensations.

A partir du 2ème jour, on part pour des étapes journalières d’environ 200 km. Sur chaque étape, on trouve une spéciale, c’est-à-dire une partie de l’itinéraire qui est chronométrée et d’où les compétiteurs s’élancent un par un, toutes les 30 secondes.

Par rapport à la Sardaigne où les spéciales sont courtes (entre 3 et 10 km), en Tunisie celles-ci font plus de 100 km chacune ! Les participants de la catégorie « Expérience » doivent attendre que tous les compétiteurs de la catégorie « Rallye » aient pris le départ avant de se lancer. C’est toujours un peu ennuyant, mais ça fait partie du jeu. Je ne roule pas vite, mais une fois que je suis lancé, j’aime bien rouler sans m’arrêter pendant quelques heures d’affilées.

Une nuit dans le camp berbère Zmela

Le 2ème jour nous permet de découvrir nos premières pistes ensablées et les premières dunettes. Je mentirais si je vous disais que je n’avais pas un peu de stress au début, mais assez rapidement, je suis à mon aise, malgré le fait que l’on passe après tous les participants de la catégorie « Rallye »: résultat, le sable est bien brassé !

Il faut dire que ma KTM 690 Rally avec son empattement long et son amortisseur de direction est faite pour ça. Aussi longtemps que je garde des gaz, elle tire tout droit, peu importe ce qui se passe sous ses roues.

Après des kilomètres à rouler au milieu d’un néant, nous arrivons sur le camp Zmela, où nous passons la nuit. C’est un camps touristique constitué de tentes berbères et équipé de tout le confort nécessaire pour les touristes européens que nous sommes. Les écarts de températures sont toujours impressionnants dans le désert et dès le coucher de soleil, la température chute très rapidement. Il faut rajouter quelques couches pour rester au chaud. Le souper se fait dans la grande tente commune, où l’on a droit à une animation musicale traditionnelle. La journée je suis obligé de rouler avec les boules quiez parce que ma moto est vraiment bruyante, la nuit aussi, parce que mon collègue Klaus ronfle passablement !

Après cette nuit dans le désert, nous repartons en direction de Matmata, une étape quasi incontournable de tout Rallye en Tunisie. Je passe la journée avec Klaus et son monstre teutonique de 1300 cm3. Lorsque nous arrivons au départ de la spéciale après une quarantaine de kilomètres, nos apprenons que celle-ci est annulée.

Luigi Costa, un participant italien de 58 ans qui avait fait une chute apparemment sans gravité le 1er jour, est décédé durant la nuit passée à l’hôpital… Cette terrible nouvelle jette un sacré coup de froid à tous les compétiteurs qui arrivent. On est tous là par passion et pour le plaisir et ce genre de tragédie nous ramène un peu à la dure réalité; le Rallye est une discipline dangereuse. Paix à son âme.

Les concurrents repartent vers Matmata par la route. Avec Klaus, nous hésitons  et après avoir discuté avec l’organisation, nous prenons finalement la décision de continuer la trace ensemble, à un rythme cool.

La trace de la journée était absolument magnifique, tout comme la météo qui était plus clémente que les autres jours. Nous prenons notre temps et je profite de l’occasion pour donner un coup de main à Klaus, qui a besoin de photos en action de la GS 1300 pour ses futurs articles.

Retour à Douz sous la pluie

Pour la 4ème étape, nous repartons vers Douz. La pluie s’invite en courant de journée et avec une température qui ne dépasse pas les 10°C, une partie des participants renoncent à continuer et rentrent par la route. En fin de matinée Klaus aussi décide de couper court et de retourner à l’hôtel par la route. Il faut dire qu’il a quand même un sacré mérite de faire la même piste que nous au guidon de sa grosse GS !

Je me retrouve seul, mais bien lancé, je continue à mon rythme et quand j’arrive au point de ravitaillement d’essence prévu pour la catégorie Rallye, on me dit que l’étape est annulée et qu’il faut rentrer par la route vers Douz. J’étais le dernier participant encore sur la piste !

S’en suit une bonne cinquantaine de kilomètres qui me paraîtront interminables tant il faisait froid avec le vent et la pluie. Je plafonne tant bien que mal à 80-90 km/h comme les autres participants devant moi. Les bornes kilométriques me semblent de plus en plus espacées.

Sans vouloir exagérer, je crois que jamais, de tous mes voyages et aventures à moto, je n’ai eu aussi froid que lors de cette étape routière vers l’hôtel ! Je pense que tous les participants s’en souviendront encore longtemps ! Après un bain d’une bonne demi-heure, j’ai eu droit, avec quelques autres participants, à une double portion de pâtes avec sauce bolognaise, au sec à l’arrière du camion de Fiorenzo. Fiorenzo de Evasioni Racing a transporté ma moto en Tunisie et il transporte aussi ma caisse et mes affaires d’un camps à l’autre. C’est un gars super sympa qui est dans le monde des rallyes depuis plus de 30 ans.

Pour la dernière étape, nous faisons une boucle autour de Douz. L’avantage de ce genre d’étape est que l’on évite de devoir tous les jours paqueter et dépaqueter nos affaires comme sur un Rallye itinérant et du coup, nous pouvons dormir un peu plus longtemps le matin. Finalement, sur les 5 jours nous n’avons changé d’hébergement que 3 fois.

Pour cette dernière journée, nous avons été plus chanceux et la pluie a laissé place au soleil. Chaque jour, les automatismes ainsi que ma confiance sont petit à petit revenus et cette dernière journée est celle où j’ai le plus profité. Techniquement, c’était la plus difficile, particulièrement la dernière partie où l’on coupait à travers des kilomètres d’herbes à chameaux et de mini dunettes dures, mes bras ont bien ramassé !

En début de soirée, nous participons à une remise des différents trophées de la classe Rallye et profitons d’un buffet. Mais il est déjà temps de se préparer pour repartir en bus vers l’aéroport de Tunis sur le coup des 22 heures, la plupart des participants ayant des vols tôt le samedi matin.

5 étapes pour un tel événement, c’est la durée parfaite pour moi, surtout qu’il faut compter le temps des voyages pour y venir et pour rentrer. On part un samedi et on rentre le suivant. Il n’y a donc que 5 jours de vacances à poser pour une belle expérience dans le désert.

Coûts et organisation

L’inscription au Swank Rally Tunisia coûte 1’990 Euro et inclus les 5 nuits d’hôtel avec demi-pension, l’assistance médicale et technique durant le rallye, les roadbooks ou les traces GPX et un magnifique T-Shirt souvenir de Deus.

Le transport des motos est organisé depuis l’Italie. 4 compagnies offrent leur service: Solarys, Twinsbike Yamaha, Tramelli et Evasioni Racing. J’ai choisi cette dernière, car c’était la plus proche de la Suisse, à Novara près de Milan. Le transport aller-retour m’a coûté 800 Euro.

Sachez qu’il est également possible de louer une Husqvarna 450 Enduro, une 450 Rally Replica ou une Yamaha Tenere 700 toute équipée pour le rallye. Comptez minimum 2’800 Euro, assistance et mécano inclus.

Il n’y a pas de vol direct Genève-Tunis tous les jours. Je suis donc parti un jour avant (le samedi) et j’ai attendu les Italiens à Tunis pour prendre le bus navette avec eux le dimanche. Comptez entre 200 à 250 CHF pour le vol aller-retour et 80 Euro pour le transfert aller-retour en car de Tunis à Douz.

Sur place, il vous faut acheter une carte SIM pour une dizaine de francs et mise à part l’essence, les boissons et de temps à autre un petit repas à midi quand on a le temps, les coûts sont assez faibles.

Quand vous changez de l’argent à l’aéroport, faites attention à bien garder le reçu du bureau de change ! Sans lui, ils ne reprendront pas vos dinars à la fin de votre séjour, expérience faite…

Utilisez l’application Bolt pour les taxis si vous ne voulez pas payer 5 fois le prix réel de la course !

Grosso modo vous pouvez compter un budget de 4’000 CHF pour le Swank Rally Tunisia.

Vous trouverez toutes les informations sur la prochaine édition dans quelques semaines sur le site officiel, mais on peut déjà vous annoncer que la 3ème édition aura lieu du 10 au 15 mars 2025 et s’appellera le Dune Rally Tunisia. A vos calendriers!

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