
Les prévenus, deux cousins de 23 ans, ont vu leurs permis de conduire suspendus six mois – une peine déjà couverte par la suspension administrative. Ils devront aussi payer 550 € d‘amendes au Trésor public. En revanche, leurs deux motos – d’une valeur de 6000 et 4000 € – n’ont pas été confisquées, comme le voulait le procureur.
L’un des deux hommes, un jeune de Saint-Philbert de Grand Lieu, roulait ainsi ce jour-là au guidon d’une Suzuki 600 GSR. Il n’avait pourtant pas le droit de conduire son roadster : il était encore sous permis probatoire…
Je l’ai achetée comme ça, sans faire gaffe, a assuré vendredi l’intéressé au tribunal correctionnel. Je croyais qu’elle était bridée, mais au bout de quelques mois, je me suis rendu compte qu’elle poussait assez fort.
Son cousin, de La Chevrolière, pilotait pour sa part ce jour-là une Triumph. Alors qu’ils allaient « à Saint-Jean-de-Monts », il avait vissé une GoPro sur son casque « pour filmer le coucher du soleil ».
« Il ne faudrait quand même pas prendre la juridiction pour plus naïve qu’elle n’est, a répliqué sur ce point le procureur de la République. On sait très bien que la GoPro sur le casque sert à filmer ses exploits, à les montrer aux copains et parfois les mettre sur Youtube. »
L’analyse de la carte SD de la GoPro avait ainsi permis aux gendarmes de découvrir d’autres courses « à des vitesses tout aussi hallucinantes ». Et le représentant du ministère public de poursuivre :
On sait que, quand on est un jeune mâle plein de sève et d’hormones, on recherche l’adrénaline. On fait donc des sports de combat ou du saut en parachute… ou bien on roule à 220 km/h sur des petites routes départementales. Mais là, le moindre choc est fatal, quelles que soient les protections qu’on porte. Et on met en danger les autres usagers de la route et les gendarmes qui vont chercher à vous intercepter.
En l’occurrence, un gendarme s’était mis en travers de la route, avec gyrophare et sirène. « Mais, à 200 km/h, une moto parcourt 70 mètres par seconde, rappelle le procureur de la République. À cette vitesse-là, on est une bombe pour soi-même et une bombe pour autrui. »
L’avocat des deux prévenus, jusqu’alors inconnus de la justice, avait mis en avant que ses clients avaient d’abord été victimes d’une « mauvaise émulation entre cousins ».
Il avait demandé au tribunal de ne pas rallonger la suspension du permis de conduire du premier prévenu, pour raisons professionnelles. « La confiscation des motos, aussi, serait vraiment sévère : pendant ce temps-là, ils vont continuer à rembourser leurs emprunts », avait plaidé l’avocat.
Dans cette affaire, un troisième individu sera jugé ultérieurement : cet inconnu aurait fait « un signe de la tête » aux deux cousins pour faire la course avec eux. Lorsque les gendarmes s’étaient mis au travers de la route, lui avait pris la fuite.
Il avait finalement été trahi grâce aux images de la GoPro de l’un des prévenus. Interpellé sur son lieu de travail, il avait reconnu qu’il roulait sans permis de conduire, ni assurance.