Roadbook publié le 28 septembre 2016

EuropAsia 2015 épisode 2 - A la découverte de Vladivostok et de la Sibérie

Texte de Marc

Alors que nous avions laissé Cédric et Lionel avec le conducteur de locomotive russe Maxime, nous vous proposons la 2ème partie de leur voyage.

Nous retrouvons donc nos deux aventuriers à la descente du TransSibérien pour récupérer leur moto et partir sur le long trajet du retour :

Nous récupérons les motos et partons en direction de Chita à 2'900 kilomètres de là, 1 semaine à contourner la Chine où nous n’avons pas eu l’autorisation d’importer nos motos...

On commence par longer la Mer du Japon avant de se perdre dans les montagnes à l’Est. Une piste qui devient presque impraticable au milieu des moustiques avec une réserve d’essence insuffisante. Mes tracés de Google-Earth ne sont pas tous au point. On fait demi-tour et coupons par les pistes jusqu’à Chernigovka pour retrouver la M60 qui remonte la vallée de l’Amour. La M60 est une semi-autoroute qui traverse la Sibérie. En bon état malgré quelques nids de poule et zones de travaux, ça roule bien, à 90 km/h.

Nous traversons des centaines de kilomètres de forêt, de plaines et de marais. Le truc lors des pauses, c’est de tourner autour de la moto pour éviter d’être rattrapé par les moustiques, tu manges ton biscuit vite fait, tu bois un coup et tu te casses !

Plusieurs centaines de kilomètres séparent les villes et il faut parfois rouler 300 kilomètres pour trouver un motel. Souvent nos étapes de 600 kilomètres sont de motel à motel.

Dans les petites zones de travaux d’entretien, la machine rabote la couche de roulement sur 15 centimètres d’épaisseur, l’équipe de voirie viendra combler les trous dans quelques jours. Pendant ce temps, les camions y explosent pneus et suspensions, surtout de nuit. Parfois disposés en constellation, ces trous carrés aux dimensions variables favorisent efficacement l’éveil du conducteur.

Pour l’entretien des ponts, le trafic est  détourné sur des pistes adjacentes et, sur 2 zones de 25 kilomètres environ, la construction de la nouvelle route n’est toujours pas terminée... C’est sportif, les motos chargées, la poussière soulevée par les camions, les semi-remorques balançant de gauche et de droite zigzaguent pour éviter les trous. Les voitures zigzaguent entre trous et camions, le trafic tassant les remblais de ballaste fraichement déposés par les camions. Le rouleau compresseur passera finir le travail dans quelques temps. Même si les quelques motards Russes arrivent à passer en chopper ou en sportive, une enduro ça rassure et apporte un confort certain.

400 kilomètres avant Chita la M60 quitte brusquement ces forêts monotones pour la steppe Sibérienne; un paysage dénué de tout arbre jusqu’à la frontière Mongole. 200 kilomètres plus loin on file au Sud sur Shilka par des pistes assez roulantes puis, après avoir pété mon phare en shootant un cheval, nous descendons jusqu’à Borzya non loin des frontières Chinoises et Mongoles.

Le 32ème jour du voyage, nous avons parcouru 7’300 kilomètres en moto et rentrons en Mongolie par le poste d’Ereentsav. Un bled perdu au cul-du-monde, où personne ne passe. Mais même là, les lobbyistes de l’OMS ont réussi à refiler leur matos de contrôle de la fièvre Ebola, ils en rigolent encore.

Un fonctionnaire Mongole en civil veut essayer ma moto. Il monte dessus, est tout fier pendant les 3 premiers tours de roue. Il n’oubliera pas de se plucher le bras en se gaufrant, maintenant tout triste il se confond en excuses. « T’inquiètes pas, le protège culasse était déjà frotté, la valise déjà pliée et ils en verront d’autres. ». Il est moyennement rassuré et a toujours mal au coude.

La prochaine banque à 250 km de là, un douanier fait son possible pour changer nos Roubles en Tugriks, les Mongoles, très gentils, feront leur possible pour nous rendre service. Ici aussi il faut compter environ 2 heures de procédures pour passer. Des agents Mongoles bien moins froids que les gardes-frontières Russes. A 100 mètres les uns des autres, ils ne se parlent pas, ne se connaissent même pas. Les lois Russes leur interdisant de quitter le territoire national.

La Mongolie s’offre à nous, la route principale est l’une des pistes en terre battue qui sort du bled, on essaye de choisir la bonne, mais il est tard. Nous bivouaquons après 15 kilomètres au milieu de la steppe. Un 360° d’herbe sèche à perte de vue, que nous manquerons d’incendier en cuisinant avec le réchaud à essence. C’est fou ce que ça s’enflamme vite…

Au matin on reprend la piste qui file à travers la steppe, après quelques dizaines de kilomètres nous voyons les premières collines, les premiers lacs asséchés et passons vers le point le plus bas de la Mongolie à 518 mètres d’altitude.

Sortie de nulle part, je croise une moto,  ils sont 4 dessus, intrigués, après 200 mètres je me retourne, plus personne, ils se sont déjà évanouis dans la steppe. Ici, ceux qui ont un véhicule font le taxi ou du transport de marchandise, même suivant les endroits, on se dit que le meilleur moyen de transport reste le cheval.

Tout le monde ne peut pas s’acheter un véhicule, encore moins une voiture d’occasion ou une camionnettes d’origine Japonaises. Moins cher qu’une voiture il y a les motos Dayun 150cc ou 200cc pour les plus aisés. Motocyclettes à la technologie des 70’s, elles passent partout avec ou sans chargement. Fabriquées en Chine, le prix et la disponibilité des pièces de rechange en fait oublier la qualité.

La piste est éprouvante, avec un vent latéral omniprésent, il faut constamment adapter sa vitesse et récupérer la moto qui glisse dans un sable de profondeur très variable. A ça les portions de tôle ondulée alternent avec des trous plus profond ou le sabot moteur vient taper assez fort quand on n’a pas assez freiné.

On croise peu de villages et encore moins de magasins ou de stations services. Après une étape à 250km nous bivouaquons, sans avoir pu faire le plein, dans le creux d’une rivière. Il pleut toute la nuit et le vent secoue les tentes.

Au matin, la  pluie de la nuit a mouillé le sable, il est compact, maintenant ça roule bien. Arrivés à Chojibalsan, la 2ème ville de Mongolie,  nous prenons une chambre dans un hôtel que je manquerais d’incendier avec la bouilloire avant d’aller visiter la ville. 2 tentatives d’incendie en 2 jours,… Ici je suis le dieu du feu…

Nous alternons entre route goudronnée aux abords des grandes villes et des pistes devenue plus facile au fur et à mesure que nous arrivons dans les collines. Passé Ondörkhaan la route est bonne jusqu’à la capitale.

Oulan-Bator est une grande ville dont le centre est très occidentalisé. Les faubourgs plus pauvres, ne sont pas aussi moches que certains veulent bien le raconter, même si les rivières servent d’égouts à certains endroits...

D’Oulan-Bator nous partons à l’Est pour voir les chutes de l’Okhron. Les paysages sont plus vallonnés, la route est bonne et du haut des collines, l’atmosphère peu brumeuse permet de voir les montagnes bordant les plaines à plus de 100 kilomètres à la ronde. Les notions de distance changent, la ville de Kharakorin est juste devant nous, à portée de la main, la route est presque toute droite, le GPS affiche 30 kilomètres. A 90 km/h, 30 kilomètres interminables, de longs bout droit à travers une grande plaine et une ville toujours aussi proche qui jamais ne se rapproche.

De Khujirt, il reste 100 kilomètres jusqu’aux chutes de l’Okhron, la piste traverse quelques gués avant d’arriver dans le parc naturel. Les paysages de montagne sont magnifiques. Nous dormons dans un village de yourtes pour touristes à quelques centaines de mètres de la chute d’eau. On passera un demi-litre d’essence pour allumer le poêle et finirons par nous endormir, paisiblement bercés par de douces vapeurs d’Octan92.

Nous remontons vers le Nord en suivant de près ou de loin la rivière Okhron, nous aurons de grandes portions de piste ensablées avant Zegstei, suivies au nord du lac de Ugiin-Nuu, d’un casse moto ou même à 15 km/h t’as mal aux suspensions.

En milieu d’après midi, toujours en direction de Bulgan au nord, la piste en terre battue laisse place à une piste de rocher aux passages assez techniques. En plantant le bivouac au sommet du col à 1'800 mètres d’altitude, on se dit que personne ne doit passer par ici tellement c’est paumé, la piste est technique et peu roulante.

30 minutes après passe une Golf à la descente,… puis une Toyota Camry,… Dans un raffut du diable, arrive au loin un camion avec une remorque, on rigole, il ne passera jamais. Ben si, il est passé, en reculant 3 fois dans les rochers avec une remorque rebondissant partout. Après une journée de travail ils rentrent chez eux,… le trajet habituel.

Au matin sur la piste de Bulgan nous passons voir les gorges de l’Okhron et retrouvons la route qui nous mènera à Edernet, puis à Darkhan. La route sera bonne jusqu’à la frontière Russe.

La suite la semaine prochaine :-) 

Marcouille
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