Mercredi 2 juillet, après un jour et demi de route au rythme soutenu, nous sommes arrivés à Cartagena de Indias, dans une chaleur tropicale. Maroussia tenait absolument à y terminer son voyage et à raison. La vieille ville est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO et est un véritable joyau. Nous avons eu beaucoup de plaisir à arpenter ses rues et ruelles bordées de maisons aux magnifiques balcons fleuris. La vieille ville compte aussi un impressionnant nombre de restaurants de luxe, de bijouterie, de vêtements de marque et même d'un Hard Rock Café. Elle est entourée de remparts construits par les espagnols pour se défendre des attaques des anglais (Francis Drake,notamment) et autres pirates.
Le 4 juillet, c'est le cœur gros que j'ai accompagné Maroussia à l'aéroport. Ces deux semaines passées ensemble étaient un cadeau du ciel. Maroussia, est non seulement une voyageuse expérimentée, parlant de surcroît couramment l'espagnol, mais elle est aussi une passagère idéale, c'est à dire qu'on ne la sent pas.
Pour ma part, je vais passer quelques jours à Cartagena pour préparer mon retour et surtout celui de la tigresse. En effet, mon voyage va se terminer ici et je reviendrai ultérieurement sur les raisons qui m'ont conduites à ne pas poursuivre plus au nord. Marianne et Bernard se trouvent aussi à Cartagena et nous passons du bon temps ensemble et cela me fait un peu oublier l'absence de ma fille. Marianne et Bernard, rencontrés pour la première fois à La Paz, mettent le cap sur l'Amerique du Nord. Ils viennent d'expédier leur véhicule par bateau à destination de Houston. Eux-mêmes partent la semaine prochaine par avion et nos chemins vont donc se séparer.
Hasta luego.
Je me trouve toujours à Cartagena depuis le départ de Maroussia, le 4 juillet 2014.
Les démarches en vue de trouver un transitaire capable de renvoyer la moto en Europe se sont avérées plus longues que prévues, même que j'avais pris soin de prendre des contacts bien avant mon arrivée à Cartagena.
En effet, la décision de mettre fin au voyage au nord de la Colombie a été prise il y a déjà longtemps. Je me réservais toutefois la possibilité de changer d'avis, raison pour laquelle je ne l'ai pas annoncé plus tôt. Les raisons de cette décision sont multiples et il ne s'agit pas d'un renoncement. Des le départ, j'avais évoqué cette possibilité. Il faut savoir qu'il n'y a pas de route praticable entre la Colombie et le Panama. Cela oblige les voyageurs à emprunter la voie maritime ou aérienne pour aller au Panama. Avec un véhicule, cela se complique car il n'y a pas de service de ferry entre les deux pays et on doit s'arranger avec un voilier prive pour traverser, souvent dans des conditions précaires. C'est plus simple par avion mais évidemment plus coûteux. Quelle que soit le moyen de transport choisi, le coût est presque aussi élevé que celui d'un renvoi de la moto en Europe. Par ailleurs, j'ai toujours eu quelques réticences concernant la sécurité dans certains pays d'Amerique centrale et le fait de voyager seul n'arrange rien. Selon les motards rencontres durant le voyage et ayant traversé ces régions, les passages de frontières sont pénibles et il faut composer avec des fonctionnaires véreux pendant des heures. Il se trouve que je n'ai pas de patience avec les tordus et autres malhonnêtes et j'ai peur de mes réactions.
Autre et dernier élément plus subjectif, j'ai l'impression d'avoir épuisé mon capital chance. Je n'ai pas eu à faire face à de grosses galères pendant ce voyage. J'ai amené mes deux femmes préférées à bon port. La moto à tenu la secousse et, comme diraient les anglais, "did not miss a beat". Par conséquent, il vaut mieux s'arrêter alors que tout va encore bien et ne pas pousser sa chance trop loin.
Dernier élément, la saturation et une certaine fatigue du voyage. En plus de sept mois, j'aurai traversé l'Atlantique pour découvrir un continent immense. J'aurai vu des paysages magnifiques et des sites exceptionnels. Depuis quelques temps, j'ai de la peine à digérer tout cela, c'est comme si le disque dur était plein. En plus, on devient exigeant et on ne s'émerveille plus comme en début de voyage. Idéalement, il faudrait pouvoir laisser la moto ici (ce qui n'est pas possible) et reprendre ultérieurement avec un enthousiasme tout neuf.
La semaine suivant le départ de Maroussia à été consacrée à obtenir des informations précises pour le renvoi de la moto par bateau à Hambourg. Tout va plus lentement ici, y compris les communications par Internet, et ce n'est que le vendredi que j'ai enfin pu passer commande au transitaire qui m'avait été recommandé par l'ambassade de Suisse lors de mon passage à Bogota. Un calendrier des opérations a pu être arrêté et j'ai pu m'organiser pour disposer d'une semaine de "congé" avant de devoir livrer la tigresse au transitaire. J'en ai profité pour partir du côté de Santa Marta, à l'est de Cartagena, toujours sur la côté caraïbe. Sature de chaleur, j'ai passé le week end à Minca, au dessus de Santa-Marta , à 650 m d'altitude, dans une fraîcheur toute relative. Sur une télévision d'un autre âge, j'ai suivi les deux finales du Mundial. Je me suis aussi balade dans les collines alentour et ai passé deux soirées devant mon bungalow à écouter les bruits de la jungle à mes pieds. Un matin, en allant prendre le petit déjeuner au village, à 10 minutes à pied, j'ai eu la chance de pouvoir observer deux toucans pendant plus de 5 minutes. Un beau moment.
Le lundi matin, je suis redescendu de la colline et me suis rendu à Taganga, petite station balnéaire à quelques kilomètres à l'est de Santa-Marta. En relevant mes courriers électroniques, j'ai constate que les documents que le transitaire aurait dû m'envoyer ne l'avaient pas été. J'ai donc passé une partie de la journée à relancer et le soir, j'avais enfin tout ce qu'il fallait. Mardi matin, je me suis rendu à Santa-Marta avec pas moins de 5 procurations à faire authentifier par un notaire. Tout s'est heureusement déroule sans problème et assez rapidement. Les choses sont un peu compliquées en Colombie mais ils ont les structures pour y faire face. L'après-midi, le transitaire m'a accusé réception des documents et j'ai pu, dans la foulée, m'inscrire pour un treck de 5 jours pour aller la Ciudad Perdida (cité perdue).
Mercredi matin et après deux heures de voiture, nous avons attaqué, avec mes 14 compagnons de nationalités multiples, la montée vers la Ciudad Perdida. Après une demi-heure de marche, nous étions déjà trempé de sueur mais avons pu déjà piquer une tête dans la rivière. Le reste de l'après-midi, nous avons crapahuté à travers cette jungle accidentée, les ascensions abruptes se succédant aux descentes tout aussi pentues. À la fin de la journée, nous n'avions pas gagné un mètre de dénivelle. Parti du niveau de la mer, il s'agissait de monter à 1200 m d'altitude pour atteindre la Ciudad Perdida. Nous avons passé la nuit dans un camp rudimentaire mais disposant de lits avec moustiquaire. Ce camp, comme les suivants, est situé au bord d'une rivière dans laquelle nous avons pu nous rafraîchir et tester notre courage puisqu'il fallait sauter dans le trou d'eau depuis une hauteur d'environ 3 mètres.