Le lendemain matin, nous avons enfourché nos bécanes respectives et avons pris la route pour Popayan, éloignée de 220 km. Ce parcours nous a pratiquement pris la journée pour les mêmes raisons que le soir précédent. Mais de jour, nous avons pu apprécier la beauté des paysages exotiques que nous traversions. C'est très verdoyant, avec plein de bananiers et autres palmiers. De petites maisons construites en bambou bordent la route et ce décor dégage une certaine douceur de vivre. L'armée occupe toutefois le terrain et vient nous rappeler que la région est chaude. Chaque tête de pont est flanquée d'un bunker dans lequel se trouve du personnel arme. Des patrouilles longent la route, à pied ou en véhicules.
Popayan nous a accueillis en fin d'après-midi, dans une chaleur torride. La ville à été reconstruite après un tremblement de terre mais le style colonial a été repris. Tous les bâtiments du centre sont blancs, ce qui a valu à la ville le surnom de ville blanche. Après une nuit sans beaucoup de sommeil en raison de la proximité d'une boîte de salsa, Daniel et Yvonne ont décidé de poursuivre leur route vers le nord. Pour ma part, j'ai décidé de rester un jour à Popayan pour la visiter. Bien m'en a pris car j'aurais été incapable de rouler à moto. Mon tour de ville à peine commence, j'ai du battre en retraite à l'hôtel, fiévreux et les entrailles en déroute. Je ne sortirai plus de mon lit jusqu'au lendemain matin, hésitant à certains moment de faire appel à un médecin. La transition entre la fraîcheur des hauts plateaux équatoriens et la chaleur torride de la Colombie met décidément à rude épreuve mon vieil organisme.
Comme il se fait tard, je reprendrai cette nouvelle demain sous le titre "Nouvelles du 20 juin 2014 - Popayan - Bogota".
Hasta luego.
C'est donc dans une forme moyenne que j'ai repris la route le 13 juin pour rallier Cali, ville de plus de 3,5 millions d'habitants.
Le trajet, dans un décor toujours aussi exotique et avec toujours autant de militaires aux points stratégiques, s'est déroule sans histoire. C'est en ville que les choses se sont compliquées. Le système de numérotation des rues en Colombie est simple. Mais pour le GPS, c'est souvent ingérable. De ce fait, j'ai essayé de trouver ma destination à Cali au moyen des coordonnées. Après avoir tourné en rond pendant un quart d'heure et dans une chaleur étouffante, j'ai du abandonner et chercher un hôtel avec une adresse simple et compréhensible pour le GPS.
Le lendemain, jour du match Colombie-?, je suis allé à pied visiter le centre historique de la ville. J'ai été déçu car il ne reste pas grand-chose d'ancien et d'horribles immeubles des années 60 ou 70 ont été construits dans ce quartier. Finalement, j'ai fait comme la majorité des gens et je me suis enfilé dans un bar pour regarder le match. Tout le monde était habille en jaune et les rues étaient pratiquement désertes. La situation à bien évidemment change à la fin du match et toute la ville à célèbre la victoire avec d'autant plus d'intensité que le soir et le lendemain, les établissements publics avaient l'interdiction de servir des boissons alcoolisées en raison des élections. Apparemment, le président ne tient pas à être élu par des saoulons !
Le matin du match Suisse-Equateur, je suis reparti de Cali. Le dimanche, c'est toujours plus facile de circuler dans ces grandes villes et j'ai donc fait l'impasse sur le match. Le réseau routier colombien, du moins ce que j'en ai vu jusqu'à présent, est dans un état impeccable. Des la sortie de la ville, c'est une autoroute à trois pistes qui déroule son ruban vers le nord. Comme au Chili, l'autoroute sert de piste d'entraînement pour des nombreux cyclistes. La région située au nord de Cali est plate et on y cultive la canne à sucre. La récolte est transportée par des trains routiers composes de cinq énormes remorques.
En m'arrêtant dans un restaurant en bord de route et alors que je n'y pensais plus, j'ai brièvement aperçu le grand sourire de M. Hitzfeld et le score du match sur l'écran de la télévision. Avant qu'on me le demande, j'ai donc annoncé fièrement au groupe d'hommes agglutiné devant l'écran que j'étais suisse.
C'est en milieu d'après-midi que je suis arrivé à Salento, petite ville au cœur de la région du café. Ma forme étant ascendante grâce à un régime compose exclusivement de riz, de bananes et de Coca, j'ai loué un VTT pour le lendemain. Après une bonne nuit au calme, c'est plein d'enthousiasme que j'ai attaqué un circuit d'environ 25 km à travers les collines plantées de caféiers (arbuste d'env. 130 cm de hauteur). En route, j'ai visite une plantation et sais maintenant presque tout sur ce fameux breuvage. Pour le retour sur Salento, j'ai eu droit à une belle piste en pleine jungle puis à une montée bien raide de 5 km.