En déterminant mon parcours, je n'avais pas réalisé que j'allais emprunter cet itinéraire. Je l'ai donc suivi jusqu'à Huaraz. Cela m'a semble avoir été plus facile en VTT même si l'effort est évidemment différent. En moto, seul à 5000 m d'altitude, sur une piste de montagne, dans le brouillard, il ne faut pas se louper. Mentalement, je faisais déjà l'inventaire de mes vêtements en vue d'une nuit forcée à la belle étoile en cas de chute ou de panne. En montant le col asphalte avant de prendre la piste, je me suis fait attaque par deux chiens. En me détournant, je me suis aperçu que c'était au même endroit que je m'étais fait agresser en VTT par cinq chiens. J'avais dû faire des moulinets avec mon vélo pour tenir ces sales bêtes à distance en attendant l'aide de Jean-Phi. Cette fois, les trois autres n'ont pas eu le temps de sortir car la puissance de la tigresse avait déjà parle. Je ne le mentionne plus, mais c'est tous les jours que je me fais pirater par des chiens. Pour le moment, je gagne aux points, à savoir trois coups de talon dans le museau contre zéro morsure. Pas de pitié pour ces sales schnoutzs.
Après avoir passé le col à 5000 m cher à Jean-Denis, je suis redescendu sur la vallée des Puyas Raimondi, ces drôles de cactus à la forme phallique avec une boule à la base. Belle émotion en repensant aux bons moments passés avec mes copains autour de la Cordilliere Blanche. Il faisait nuit et il pleuvait quand je suis sorti de cette vallée et c'est tout tranquillement que j'ai rallié Huaraz.
J'ai de nouveau été très long et j'espère que je ne vous fatigue pas trop. Cas échéant, rabattez vous sur les images, je viens d'en publier une série.
Demain, je mets le cap sur Casma, sur la côté et ou je visiterai le site de Sechin.
Ensuite plein gaz sur le nord.
Hasta luego.
En un peu plus d'une semaine, j'ai bien trace en direction du nord puisque je me trouve à Riobamba, à 180 km au sud de Quito. La décision d'arrêter de faire du motocross dans les Andes aura donc été payante au niveau de la progression vers le nord. Par contre, j'y aurai certainement perdu au niveau des paysages
En effet, le nord du Pérou, le long de la côte Pacifique, est assez désertique à part quelques zones très fertiles ou poussent riz, cannes à sucre, bananes, etc.
Parti d'Huaraz le 20 mai, à 3000 m d'altitude, il a fallu franchir un col à plus de 4000 m pour ensuite redescendre au niveau de la mer, à Casma. La bonne route asphaltée m'a apporté un bienvenu changement par rapport aux conditions des jours précédents. Arrivé en début d'après-midi à Casma, j'en ai profité pour aller visiter le site de Sechin. Il s'agit de ruines découvertes sous une couche de sédiments de 2-3 m d'épaisseur et qui a contribué au bon état de conservation du site. On peut notamment admirer des bas reliefs représentant des guerriers et leurs ennemis sauvagement mutiles. L'intérêt du site demeure cependant le degré de civilisation, le sort des ennemis mis à part, de ses anciens habitants puisqu'il date de 3600 ans. A cette époque, en Europe, on sortait à peine des cavernes. J'ai passé la soirée avec Bernard et Marianne, arrivés en fin d'après-midi.
Le lendemain matin, j'ai repris la route et me suis arrêté a Huanchaco, quelques kilomètres au nord de Trujillo. A nouveau, j'ai profité de l'après-midi pour aller visiter le site de Chan Chan, tout proche. Il s'agit des ruines d'une ancienne cité pré-colombienne construite en 1300 avant JC. Elle fut la plus grande du monde entièrement construite en adobe et à compte jusqu'à 30'000 habitants. Ce n'est qu'en 1460 que l'Empire Chimu fut conquis par les Incas. Un énorme travail de fouilles à déjà été effectué mais la plus grande partie du site reste enfouie sous les sédiments. La partie visitable est dans un état de conservation admirable et de nouveau on peut s'étonner du degré d'évolution de cette civilisation au niveau urbanistique et d'organisation sociale. J'ai de nouveau passé la soirée avec Bernard et Marianne qui me suivent avec un demi-jour d'intervalle.
Il m'a fallu ensuite deux jours de voyage pour rallier Punta Sal. En cours de route, j'ai visite le Museo Tumbas Reales de Sipan à Lambayeque. Ce musée ultra moderne fait la fierté du nord du Pérou et c'est amplement justifie. Il contient, comme son nom ne l'indique pas, une reconstitution du tombeau du Seigneur de Sipan, de la civilisation Moche. Ce monsieur devait être très important puisqu'il a été enterré avec ses deux femmes, ses gardiens, deux lamas et son chien. En plus de nombreux et superbes parures et bijoux en or, argent et bronze, le tombeau contenait un nombre impressionnant de poteries d'une incroyable beauté et très bien conservées. C'est probablement un des plus beaux musées du genre qu'il m'a été donné de visiter. Du coup, je ne me suis plus arrêté pour visiter les nombreux sites archéologiques qui jalonnent la route dans cette région.
Après une nuit passée à Motupe, je suis arrivé le 23 mai a Punta Sal, petite station balnéaire et y passe deux nuits bien tranquilles. J'en ai profité pour faire mes premières brasses dans le Pacifique agréablement chaud à cette latitude. Bernard et Marianne m'ont rejoint durant le deuxième jour.
Le dimanche 25 mai, notre petit groupe s'est mis en route pour l'Equateur. Le passage de la frontière s'est déroule sans problème si ce n'est que la douane équatorienne ne pouvait pas imprimer l'autorisation d'importation temporaire de la moto, faute de papier. Bernard et Marianne qui étaient juste devant moi ont du utiliser la dernière feuille. Alors petit conseil pas sérieux aux futurs voyageurs: en plus d'une cargaison de photocopies de vos documents, prenez du papier, une cartouche d'encre et un groupe électrogène en cas de coupure de courant. Vous n'aurez ainsi pas a patienter une demi-heure pour obtenir un document. La suite du parcours au niveau de la mer s'est déroulée à travers d'énormes bananeraies (Dole) avant que la route ne s'élève en altitude. Durant les derniers 80 km avant Cuenca, j'ai été copieusement arrosé dans un paysage ressemblant au Jura français, avec vaches et maisons qui ici et au contraire du Pérou, sont terminées, façades crépies et les toits recouverts de tuiles. Arrivé à Cuenca, seuls mes pieds et ma tête étaient encore au sec. Mon équipement, surtout au niveau du pantalon, aura donc montre ses limites. Par contre, mention spéciale pour les chaussures car en général c'est la première chose qui prend l'eau en moto. Merci à Stéphane pour ses bons conseils.