Au petit matin et sous un soleil radieux, j'ai repris la route le long du canyon. Quelques kilomètres plus loin, la route est devenue plus large et une fois la ville de Huancayo traversée j'ai eu droit à une magnifique route de montagne sinueuse à souhait sur 80 km. Le fantasme du motard (voir photo), si ce n'est que dans un virage masque à droite, je me suis retrouvé derrière un camion en panne et à l'arrêt. Seuls quelques cailloux disposes 20 m avant cet obstacle signalaient sa présence. Merci l'ABS et la marge que j'ai appris à conserver sur ces belles routes qui demeurent malgré tout piègeuses. En fin d'après midi et après avoir dévalé près de 2500 m de dénivelé, je suis arrivé à La Merced, dans la jungle amazonienne. J'ai bien sur du m'effeuiller en cours de route et arrivé en bas, soit à 850 m d'altitude, j'aurais volontiers roulé en T-shirt. Quelle bonne sensation de se retrouver au chaud après toutes ces journées et surtout ces nuits fraîches sur l'Altiplano.
J'ouvre ici une parenthèse pour dénoncer la façon de conduire des chauffeurs de poids lourds et de taxis collectifs péruviens. Dans les routes de montagne, ils conduisent comme sur un circuit de course, ils ouvrent les virages et les coupent sans trop se préoccuper de ce qui vient en face, que le virage soit masqué ou pas. Difficile dans ces conditions de dépasser et avant d'entreprendre une telle manœuvre, il faut être sûr que notre présence a été remarquée. Dans les villages, c'est encore pire. Même aux heures de sortie des écoles, avec des dizaines de gamins sur le bord de la route, ces chauffards traversent le pied au plancher mais ils prennent tout de même toutes les mesures de sécurité qu'ils pensent être adéquates. À savoir l'enclenchement des feux de panne et le klaxon continu. De vrais malades ! A mon avis, on leur a greffé un klaxon à la place du cerveau. Voilà, c'est dit.
Au lendemain de mon arrivée à La Merced, j'ai été faire un tour organise des principales attractions du coin. C'était assez plonplon, mais j'ai quand même bien apprécié le bain sous une spectaculaire chute d'eau en pleine jungle. Comme Tarzan, j'ai passé sous le rideau d'eau pour aller me cacher derrière la chute. J'étais avec un groupe de 16 touristes péruviens et durant mon séjour à La Merced, je n'ai pas vu un autre gringo. Ce lieu semble avoir été oublié des guides touristiques occidentaux et ce n'est pas plus mal. Pour ma part, je n'y suis pas arrivé par hasard puisque c'est Michel d'Arequipa qui me l'avait recommande. Par contre, je n'ai pas suivi ses conseils de poursuivre plus en avant dans la forêt tropicale et en direction de Oxapampa et d'Ozuzo. Je suis donc reparti en revenant sur mes roues jusqu'à Tarma, fuyant ainsi un temps capricieux et pas mal de pluie. C'est n'est pas pour rien que tout pousse ici (bananes, noix de cocos, papayes, mangues, oranges, café, etc.).
Le 17 mai, je suis arrivé à Huanuco après une étape sans beaucoup d'intérêt et que j'ai traversée en vitesse, car de mauvaise réputation. J'ai avalé beaucoup de poussière dans les derniers 50 km avant Huanuco car la route, qui a un jour ete asphaltee, presente de nombreux et profonds nids de poule et est empruntée par beaucoup de camions. J'ai profité des bonnes conditions de parcage du Grand Hôtel de Huanuco pour remplacer les plaquettes de frein avant de la moto. Après 30000 km d'usage, elles auraient encore pu tenir quelques milliers de km. J'ai aussi fait le point sur la suite du parcours. De toute évidence, mon projet de traverser le pays par les Andes allait me prendre beaucoup de temps vu l'état des routes et pistes. Les paysages sont magnifiques mais souvent il faut tellement se concentrer sur la route qu'on ne peut les voir que d'un œil. J'ai donc décidé de couper sur la côté et la Panaméricaine via Huaraz.
Parti vers 9h00 le matin du 18 mai de Huanuco, ce n'est que vers 19h30 que j'ai enfin atteint Huaraz. Une belle aventure de près de 10 heures de moto avec seulement une pause pour manger à midi. Seuls les derniers 80 km étaient asphaltés. Tout le reste fut pistes et mauvaises routes sur lesquelles il n'est guère possible de rouler à plus de 35 km/h. Après plus de trois heures de route et à peine 100 km au compteur, je me suis retrouvé devant un bourbier dans lequel une voiture était déjà engluée. Des camions attendaient leur tour en face. Des villageois s'efforçaient de dégager la voiture. Je me suis dit que j'étais bon pour rebrousser chemin. Jamais je ne pourrais passer à travers cette boue et ces flaques d'eau brune. À pied, je suis allé reconnaître les lieux. Au même moment la voiture a pu se dégager et le chauffeur à donne quelques pièces aux villageois. En anticipation d'une chute dans cette boue, j'ai aussi refilé quelques pièces au monsieur et j'ai enfourché. Ça s'est bien passé et j'ai été étonné de la tenue des pneus Heidenau dans ces conditions. La moto à bien sur fortement louvoyé du train arrière et à un peu patine. Le truc, c'est de ne pas s'arreter et de garder de la vitesse pour garder l'équilibre. Plus loin, j'ai encore dû franchir d'autres bourbiers, moins impressionnants, mais sans villageois dans les parages. J'ai presque fini par apprécier !
En arrivant près du village de Hullanca, j'ai cru reconnaître un canyon. Dans le village suivant, j'y étais. C'est par ici que nous étions passé en VTT il y quelques années avec Jean-Phi, Jean-Denis et Fabio.