Reportage publié le 21 juillet 2017

KTM Adventure Rally Bardonecchia - Trois jours de tout-terrain au guidon des nouvelles 1090R et 1290R Adventure [page 2]

Texte de David Zimmermann / Photo(s) de Marco Campelli, Alessio Barbanti

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En toute logique, on commence la journée par les 26 kilomètres que représente l’ascension du Sommelier. Le beau temps est de nouveau avec nous et la route est magnifique. A quelques kilomètres du sommet, je décide d’échanger ma 1290R contre une 690 Enduro avec le directeur du marketing de KTM, qui s’est joint à notre groupe aujourd’hui.

Elle pèse près de 90kg de moins que sa grande sœur, c’est un jouet à côté. Toutefois, contre toute attente, je fais une constatation qui va à l’encontre de toutes mes idées reçues...
Sur les gros cailloux qui jonchent les derniers kilomètres du col, j’ai la roue avant qui saute dans tous les sens, la 690 me paraît trop légère de l’avant… De plus, je me retrouve toujours entre la première en surrégime et la deuxième en sous-régime, ce qui est très désagréable.

La grosse 1290R, elle, ne bronche et passe au travers de la caillaisse sans la moinde difficulté, comme si j’étais au commande d’un gros panzer. C’est d’autant plus flagrant quand je remonte dessus. Cette impression de stabilité est probablement dû à son poids élevé qui lui donne une inertie bien supérieure.
Et le moteur, quel bonheur ce twin ! En mode "enduro" où la puissance est limitée à 100cv, il est d’une souplesse remarquable et autorise de descendre à des régimes très bas sans jamais cogner. C’est l’idéal pour ce type de route avec des virages en épingles.

Pour un puriste des monocylindres légers comme moi, c’est difficile à avouer, mais je me suis trompé. Je me rends compte à quel point il est important de faire ses expériences soi-même et d’aller outre ses préjugés. Oui, sur papier 230kg, c’est beaucoup trop pour faire du tout-terrain... Mais en pratique, je n’ai pas une seule fois ressenti de problèmes liés au poids de la moto. Bon, je précise que je ne suis pas tombé… Parce que là, je n'aurais pas fais le malin.

Une fois le sommet atteint, on assiste à un spectacle impressionnant ! Plusieurs intrépides tentent l’ascension du dernier pic. Il n’y a pas de route pour y arriver, C’est encore plus raide et plus long que ce que Chris Birch a effectué le premier soir ! Même sur la menace d’une arme je ne suis pas certain que j’aurais osé tenter le coup.
Après une première tentative réussie au guidon d’une EXC 350, c’est un des guides italiens qui s’élance au guidon de la 1290R, avec les gaz à fond. Il arrive sans peine au sommet, longe la crête et redescend par une falaise couverte de neige, chute, relève la moto comme si c’était une enduro de 100kg et nous rejoint sous les acclamations. La grande classe ! Si KTM voulait nous convaincre des capacités tout-terrain de cette moto, c’est gagné ! Quand à savoir qui est capable de faire ça...

Justement, à la suite de sa démonstration de force, quelques participants tenteront l’expérience avec plus ou moins de succès. Certains n’arriveront pas à terminer la grimpette, mais heureusement, personne ne s’est blessé.

Le Sommelier est un cul de sac, il faut donc redescendre. On en profite pour s’arrêter à l’endroit où a lieu le rassemblement de la mythique Stella Alpina. Il n’y a pour l’instant qu’une vingtaine de tentes, mais on sait que l’évènement va rassembler des centaines de motards venus de tous les coins d’Europe à partir de demain. On repère déjà quelques curiosités comme une side-car Africa Twin 650 et un side-car Moto-Guzzi équipé d’un antique monocylindre.

Un plateau de fromage et viande sur une jolie terrasse et nous voilà repartis pour le mont Jafferau, qui avec ses 2'801m, offre également une magnifique ascension. Ici encore j’en profite pour passer de la 1290R à la 690. Lorsque la piste est moins caillouteuse, la petite 690 s’en sort bien mieux et c’est vrai qu’elle est fun à conduire, globalement je la préfère à sa grande sœur.

Au sommet du Jafferau se trouvent les restes d’un magnifique fort militaire bâti à la fin du 19ème siècle. On en profite pour faire quelques photos de groupe avant de redescendre sur l’autre versant.

Pour la première fois, je me retrouve à serrer les fesser à plusieurs reprises. La descente avec cette grosse moto est physique, et comme les virages sont très serrés, il faut être un peu vigilant. L’ABS est en mode "tout-terrain", c’est à dire qu’il n’est pas complètement désactivé sur l’avant, et à force de tenter le diable j’ai pris confiance à freiner un peu de l’avant. Ma roue n’a jamais glissé. Bluffant d’efficacité !

Une fois de retour au camp, Benoit demande si on ne peut pas prolonger un peu la balade. Tout le monde est partant. Du coup, Joachim nous emmène sur un petit col dont j’ai oublié le nom. Pour celui-ci, je prends la 1090R de Benoit.
Le châssis, les roues, les suspensions, tout est identique à la 1290R. Sauf le moteur qui a 250cm3 de moins. Sur route, c’est 35 cv de moins, mais en tout-terrain, les deux motos sont limitées à 100 cv.

En toute honnêteté, je n’ai pas eu l’occasion de rouler assez avec pour vraiment observer une différence flagrante. Elle me semblait plus facile à mettre en courbe lors de ce dernier col, mais c’est peut-être aussi dû au fait que j’ai pris de la confiance après deux jours au guidon de sa grande sœur. Par contre l’abscence de shifter, ça je l’ai tout de suite remarqué. Seule la 1290R peut en être équipée et c’est franchement amusant de passer les rapports à la volée sans toucher l’embrayage. En tout-terrain, j’ai trouvé que ça fonctionne à merveille.
Si Chris Birch a choisi d’utiliser la 1090R pour le Hellas Rally et les Romaniacs, c’est qu’il y a certainement des avantages indéniables par rapport à la 1290R pour un vrai pilote ! 

Un journaliste italien se joint à notre groupe pour notre dernière journée et au regret général, l’itinéraire sera principalement routier. On part en direction de Briançon en France voisine.
Les routes sont belles mais il y beaucoup de trafic et on frôle la canicule avec des températures qui atteignent les 34°C en plaine. Heureusement, on va s'écarter sur le col des Echelles puis le col de Vars où les températures sont plus clémentes. Enfin, sous l’influence de Benoit qui connaît bien la région, on inclura le col du Parpaillon pour le dessert. Celui-ci, sur une piste entièrement non goudronné fut le meilleur moment de la journée. A quelques centaines de mètres du sommet, je rattrape justement Benoit qui avait pris de l’avance... Il est arrêté au bord de la route avec une crevaison de la roue arrière. Et sa moto est la seule à ne pas avoir de béquille centrale.

Heureusement, c’est du tubeless (ndlr : sans chambre à air), donc pas besoin de démonter la roue. Notre guide a un kit de réparation. Par contre, aucun de nous n’a déjà réparé un pneu tubeless ! Joachim lit la notice et insère la mèche. Histoire d’économiser les cartouches de CO2, on attend sur le 4x4 d’une famille française qui est quelques centaines de mètres plus bas. Ils nous prêtent leur compresseur, mais malheureusement, il y a une fuite... Le conducteur de la voiture ayant fait l’expérience avec son quad, il nous conseille de mettre deux mèches pour bien colmater le trou. Il s’occupe de la réparation avec son matériel et cette fois c’est étanche. On a eu chaud.

A 2'640 mètres, on passe au travers du tunnel du Parpaillon avant de redescendre de l’autre côté et de s’arrêter pour manger. Les prévisions météo nous annonçaient de la pluie pour aujourd’hui. A présent, le ciel semble confirmer ces dires...

Avec le ventre plein et une bonne envie de faire la sieste, on repart en direction de Bardonecchia, en espérant passer entre les gouttes.
J’ai le temps de parquer la moto avant que ne commencent à tomber les premières gouttes !

Cette première édition du KTM Adventure Rally en Europe a été un succès sur tous les points. Pas d’accident à déplorer (2-3 bobos mais rien de grave), une météo de rêve, une super ambiance, franchement difficile de trouver quelque chose à redire. Pour € 300.- avec les repas inclus, des mécanos sur place, un service de montage de pneus et la possibilité de tester les nouveaux modèles, le prix est correct.

Pour tous les possesseurs d'un modèle de la marque, c'est une excellente occasion pour s'initier en douceur au tout-terrain dans un groupe débutant ou alors pour dépasser ses limites dans un groupe avancé. Il a de quoi rassasier tout le monde, rassurez-vous!

Vous trouverez plus d’informations sur les prochains évènements sur la page page officielle.

Pour ma part, j’en profite pour dire un grand merci à tous les membres de mon groupe, à KTM Suisse pour le prêt de la moto et à tous les gars sympa que j'ai rencontré durant le week-end.
David Zimmermann
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