Cette interruption nous permet de nous balader un peu et de croiser les mains dans le cambouis, Pauline Coullon, un membre bien connu de "l’Equipée". Une bonne occasion d’échanger un peu avec elle pendant qu’elle travaille sur sa Tomkinson de 72.
Davolo : "Tu veux bien nous raconter ce qui t’a menée ici ?"
Pauline : "Alors, j’ai commencé la moto il y a 5 ou 6 ans, et j’ai payé mon permis moto avec mon premier salaire d’adulte. J’ai eu de la chance parce que j’ai baigné dans le milieu moto depuis que je suis toute petite, je traîne dans les paddocks depuis que j’ai 7-8 ans."
Davolo : "Quand tu dis traîner dans les paddocks, c’est familial du coup ?"
Pauline : "Mon père roule à moto depuis qu’il a 18 ans. Il roule maintenant avec celles qu’il rêvait de s’acheter à cette époque. Du coup, faute de moyens, il roulait avec des japonaises jusqu’à ses 28 ans où il a commencé à s’acheter des anglaises. Ils sont une vingtaine de potes et ça s’appelle le Green Racing Team. C’est une bonne ambiance, ils ont tous l’âge de mon père. Je fais partie du club depuis les trophées jumeaux. J’ai eu mon baptême, j’ai un parrain, une marraine et c’est très convivial, on se retrouve en famille."
Davolo : "Et la course ça te plaît ? Tu as commencé rapidement à courir ou c’est devenu un truc que tu as goûté petit à petit ?"
Pauline : "J’ai commencé à courir dès que j’ai eu le permis moto vu que Papa n’attendait plus ou moins que ça – au fait il ne le disait pas. Il n’a pas eu de garçon, le pauvre (rires). Donc du coup il m’a prêté une moto et j’ai commencé une fois par an, et un peu plus souvent, puis le plus régulièrement possible."
Davolo : "J’imagine du coup qu’il t’a mis dans la mécanique tout de suite, histoire que tu sois indépendante ?"
Pauline : "Le b.a-ba, oui, je sais faire. Là il m’a dit « il faut que tu démontes ça et que tu regardes ça" parce que j’ai des fuites d’huile, on ne sait pas trop d’où ça vient. Mais quand je suis avec lui, il veut que je me débrouille, mais toute seule.
Davolo : "C’est l’avantage des anciennes, maintenant avec l’électronique..."
Pauline : "C’est moins rigolo, c’est moins accessible."
Retour sur la piste car c’est le dernier tour de ce week-end ! Jeremy et Antoine l’ont bien compris. Le premier, au guidon de sa Honda CB 750 four K5 de 1978, ouvre grand la poignée de gaz, enchaîne les tours rapides, dépasse, réduit ses distances de freinage, cherche encore plus l’angle. Antoine troc sa magnifique BMW R 100 S de 1977, qu’il a préparé au sein de son atelier Meister Engineering, pour s’essayer sur la moto de Bertrand. On sent et on partage le plaisir de ces derniers tours avant de remettre cela à l’année prochaine.
À peine l’interview terminée que résonne dans les haut-parleurs l’annonce de la course "Sultans of Sprint" (NDLR : une série de courses de motos/dragsters préparées sur une base d’anciennes qui sillonnera l'Europe à partir du 20 mai). Nous nous dépêchons de gravir la pente qui nous sépare du circuit afin d’être aux meilleures places pour cette course en ligne droite entre deux motos. Ces engins, entièrement customisés, peuvent aller jusqu’à 1400cc. Aujourd’hui, les Sultans seront en démonstration sur 200m face à des machines de série. Et vous vous en doutez mais la gomme a chauffé, les moteurs ont chanté à pleine voix et les spectateurs ont été ravis pour toutes les sensations que procure cette discipline.
Il est temps pour nous de plier bagage et de rejoindre nos demeures du bout du lac. A la fenêtre de la camionnette, mon regard se perd sur le soleil couchant. Ma tête est ailleurs, pleine de souvenirs merveilleux, d’asphalte, de potes, de motos, de bourres… Dans mes oreilles raisonnent encore le vrombissement des moteurs, mon nez hume toujours les odeurs d’huile, d’essence et de gomme.
On a découvert un circuit, un événement et on vous avoue qu'on croit bien en être tombé amoureux !