Après le Petit Abergement (Ain, France) et Marlhes (Loire, France), me voici de nouveau en train d’arpenter le chemin qui grimpe le long du tracé de la course. Un peu plus tôt dans la matinée, une pluie torrentielle s’est abattue sur les coteaux de Verbois. Là, ça crachouine, ça gadouille, ça « pluiche pluiche » sous les pas. Je traverse le village des exposants où règne un calme quelque peu résigné. Denis et Thierry sont déjà en place. Tous attendent un lendemain meilleur.
Puis j'aperçois deux amis, engoncés dans leurs gilets jaunes et qui sont en train de regagner leur poste de commissaires dans le virage situé juste sous la voie ferrée. Elle finit son thé chaud, emmitouflée dans son poncho. Lui est sagement protégé sous son parapluie, casque de communication avec la direction de course sur les oreilles et drapeaux à portée de main. C’est encore humide, et des gouttes tombent par intermittence.
Accalmie.
J’entends les haut-parleurs qui s’excitent. Puis une moto qui s’ébroue. Puis deux, puis une salve de pétarades: c’est sûr, les 2-temps vont monter. Puis le grondement sourd des gros monos qui annonce les supermotards. Comme une récompense pour les courageux spectateurs venus braver le crachin. Et c’est bon aussi pour les photos, car les scooters et les supermot’ envoient du pâté en général, dans un style particulièrement généreux. Je reconnais certains, comme Luca ou Fab. De nouveaux pilotes, des féminines sont venues gonfler les rangs.
La chaussée est encore humide, voire bien trempée par endroits. Certains enquillent déjà fort, d’autres roulent encore sur des œufs. Les montées s’enchaînent, comme pour rattraper le temps perdu. Puis viennent les 600, puis les 1000. Des avions de chasse, les hurlements des moteurs me donnent la chair de poule. Je mitraille, bien calé sur le monopied. Le rythme s’accélère, mon pouls s’emballe sous le rythme du mono, du bi, du tri, du quatre (le six, c’est pour le lendemain), en 2 ou 4 temps. Passent Patrick, Julie, Adeline, Marc, Fabrice, Uwe, Bernard… Et tous les autres, dont Sylvain sur le seul quad présent.
Puis Torben, son père. La Moto Guzzi de Torben me remue les tripes mais que dire de la BMW du père ? C’est quelque chose un flat d’antan qui respire ; on se croirait dans les souffleries des forges de Vulcain (enfin j’imagine).
Chaussée humide donc glissante, notamment sur les bandes blanches. J’assiste aussi à quelques chutes, dont celle de Mike. Plus de peur que de mal pour ce samedi humide qui s’achève. Certains concurrents plient bagages, d’autres attendent un dimanche plus propice.
L’absence de lumière est très difficile pour les photos, mais le gros caillou accouplé au Canon devrait s’en sortir convenablement.
Sur le chemin du retour vers la voiture, je souris dans mon for intérieur en repensant à la photo de Julie et Nicolas, sur le side #605, sur fond de gouttes de pluie redoublant d’intensité…
Nous sommes dimanche.
Le Moto2 et le MotoGP viennent tout juste de se terminer, je trace vers Russin et retrouve deux collègues. Le ciel se découvre, le soleil perce parfois, séchant la piste, euh la route.
Les montées s’enchaînent, sans temps mort. Puis j’assiste à une grosse chute en supermotard ; les montées sont neutralisées un long moment avant de reprendre. Sur chaussée séchante puis sèche, la 90aine de pilotes retrouvent du grip et du feeling. Les temps descendent. Et c’est avec un frisson dans l’échine que nous les voyons passer si près des rebords et des bords de tracé…
Puis c’est au tour de Bryan Leu. La R1 bleue gronde, éructe et propulse l’équipage vers le virage suivant dans ce feulement si caractéristique. De l’extérieur on dirait un ballet magique, mille fois répété, mille et une fois maitrisé. C’est beau, c’est propre, avec les genoux qui passent au ras du trottoir et le regard rivé déjà sur la courbe suivante. Avec mes compagnons, on se regarde : nous avons un sourire aux lèvres et leurs yeux qui pétillent en disent long sur la claque qu’on vient de prendre... Le speaker annonce les temps, puis le record de 44.45sec tombe, encore, puis encore, avant de s’établir à 44.09s. Un beau cadeau d’anniversaire…
On assiste à belles passe d’armes, par chrono interposé. Des rythmes et une intensité juste incroyables.
Mais il y a aussi de grands moments d’émotions avec la montée des familles…
Au final, le classement scratch s’établit comme suit :
Une fois encore, ce Verbois 63ème du nom clôt avec panache une belles saison de courses de côte. Et c’est la tête plein de bruit et le sourire aux lèvres que je tourne le dos au barrage et à 2019.
La carte mémoire pleine de clichés, autant de souvenirs pour une année. En descendant vers la voiture, je repense aux images que je retiendrai de trois derniers Verbois vécus dans la peau d’un spectateur. Celle de 2017 avec ce motard, sur sa machine et dans son équipement d’époque, puis celle de 2018 avec cette attaque extra-terrestre de Bryan Leu. Pour 2019, l’image que je retiendrai sera celle de Bernard Bally à l’attaque de la rectiligne de l’arrivée. Là même où il a chuté en 2018…
Un grand merci aux riverains, aux élus, à l’organisation, aux bénévoles (les commissaires et tous les autres), aux exposants. Et aux pilotes. Vous faites Verbois, vous êtes Verbois.
Avec une pensée pour Fab Méneg (#69), à qui nous souhaitons une bonne convalescence.
Et à ceux et celles qui ont chu ce weekend. “Telle est la vie : tomber sept fois et se relever huit”, proverbe japonais.