Allez, je ne peux m'empêcher de déjà balancer d'entrée quelques chiffres : 138 kilos, V2 de 999cc, 166 chevaux, vitesse max au-delà des 300km/h, plus de 50 victoires en Batailles des Twins, Sound of Thunder, quatre records FIM… et songez que tout cela a commencé dans un garage en 1991, soit il y a 28 ans !
J'en vois déjà qui dégainent leur Smartphone pour lancer Google. Mais qu'est-ce que c'est que cette Britten ?? Je vous l'ai dit, c'est une moto exotique, elle a en effet été produite au début des années 90 en Nouvelle-Zélande par le génial regretté John Britten.
Le petit John voit le jour le 1er août 1950 à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Il se passionne très vite pour la mécanique et commence à bricoler des karts. A l'âge de 13 ans, John trouve une Indian Scout dans un fossé, la retape et se consacre dès lors au monde du deux roues. Il part plus tard suivre des études de génie mécanique aux USA, puis voyage à travers l'Europe avant de retourner s'installer en Nouvelle-Zélande.
A son retour, il reprend l'affaire familiale de travaux publics, la redresse et recommence ensuite à se consacrer à la moto et à la compétition. Il se lance ainsi en 1986 dans le championnat de Nouvelle-Zélande au guidon d’une Ducati Darmah mais celle-ci ne le satisfaisant pas il la dote d’un carénage plus aérodynamique.
Le Néo-Zélandais pousse de plus en plus loin ses préparations jusqu’à réaliser sa propre moto avec son propre moteur, donnant ainsi vie à la V1000. Cette dernière avec sa conception révolutionnaire surfe sur le succès et se forge une sacrée réputation en même temps qu’un joli palmarès.
En 1992, John Britten fonde sa société, la Britten Motorcycle Company qui était tout d’abord basée dans… son garage avant de rejoindre des locaux plus appopriés.
Mais le génie néo-zélandais ne remportera pas sa dernière victoire contre le crabe et décédera le 5 septembre 1995, laissant son entreprises à ses proches.
Pour concevoir sa V1000, John Britten a décidé de faire table rase du passé et d’orienter sa conception uniquement vers la performance. Il est ainsi difficile de faire plus compact que la Britten, celle-ci se passant par exemple de… châssis !
En effet, elle est conçu autour d’un twin maison de 999cc dont la plupart des composants internes sont en titane et qui affiche un poids record de 55 kilos ! Sur la culasse avant vient se boulonner les éléments du « châssis », qui pèse à peine 4 kilos et qui est réalisé en fibre de carbone, une sérieuse innovation en 1991 et qui 28 après fait encore rêver.
Le train avant est doté d’une suspension de type Hossack articulée autour de deux bras en carbone pour la direction pendant que deux triangles superposés actionnent un amortisseur.
L’amortisseur arrière prend lui place devant le moteur et est actionné par un long système de biellettes. Ce la permet de libérer de la place et de placer le radiateur sous la selle du bâti arrière réalisé lui aussi en carbone et étant autoporteur.
La V1000 est également dotée d’une des premières acquisition de données qui permet de régler le moteur selon les tracés ou encore la météo. John Britten était vraiment en avance sur son temps ! Il produira en tout 10 V1000 qui domineront tous les grands constructeurs de l'époque dans les courses dans lesquelles elles auront été engagées.
On regrettera cependant que la FIM ait refusé d’homologuer la machine en WSBK… mais la V1000 réalisera tout de même 4 records du monde FIM comme le mile départ lancé (1609m) à la moyenne de 302,705km/h ou le 1/4 de mile (402m) départ arrêté abattu en 10 »76.
Enfin, Roberto Crepaldi, le fondateur de CR&S, prendra en charge la marque Britten pour l’Europe et l’engagera en Sound of Thunder et au Tourist Trophy avec les pilotes Nick Jefferies en 1994, Shaun Harris en 1993 et 1996 et le regretté Mark Farmer en 1994.
Vous trouverez ci-dessous une vidéo embarquée de Shaun Harris :
Je laisserais le mot de la fin à un collègue anglais, Alan Cathcart, que j’ai toujours envié aux vues des machines qu’il a essayé dont justement la Britten V1000 dont il parle :
"C’est une moto facile à conduire, dans le sens où la puissance fournie est très large, mais pour vraiment atteindre les meilleures performances, il faut la piloter comme une moto de grand prix. Et après avoir chevauché toutes les meilleures Superbike du monde, je peux dire que la Britten est la plus proche d'une moto de grand prix. C’est incroyablement ironique qu’à la place de l’Europe ou du Japon, la moto la plus sophistiquée et techniquement avancée au monde vienne de la Nouvelle-Zélande."