
Avant tout, je dois préciser que jusqu'à ce jour le monde Harley et moi, ça faisait deux. Poser mon séant sur la selle d'une Harley, le temps d'un essai, je n'avais jamais refusé, trouvant l'expérience originale et sympathique. Mais jamais auparavant je n'avais osé m'imbiber pleinement de l'ambiance Harley, et de là à traverser la Suisse pour vivre l'expérience d'un meeting international, il y avait encore du travail.
L'âge avançant peut-être ou mon ouverture à de nouvelles expériences m'ont incité à me rendre au Tessin, non seulement au guidon d'une Harley-Davidson (et pas n'importe laquelle!), mais en plus pour participer aux Swiss Harley Days, la désormais traditionnelle rencontre annuelle qui se tient en plein centre de Lugano et sur les quais.
Pour "descendre" au Tessin, je me suis tourné vers le concessionnaire Harley-Davidson neuchâtelois, Trimoto à Cortaillod. Tout naturellement, Alain Thévoz, le boss, m'a proposé le large guidon et le fauteuil au confort pullman de l'Electra Glide Ultra Limited. Ça ne pouvait se refuser ! Au passage, je profite de remercier toute l'équipe Trimoto pour le service premium dont j'ai bénéficié. De la réservation à la reddition du véhicule, j'ai été servi au-delà de mes attentes. Un clic et une visite sur leur site vaut bien le détour, et pourquoi pas les contacter pour le prochain service de votre belle ou carrément pour votre prochain achat !
L'Electra Glide, c'est le vaisseau amiral de la gamme. Elle offre un équipement pléthorique pour un confort et un divertissement maximal. De la moelleuse selle au fauteuil servant de selle au passager en passant par la large et imposante tête de fourche, et la centrale multimédia, tout y est. Enfin, il manquerait presque un récepteur TNT ou un accès à internet...
Vendredi, au petit matin, les bagages sont faits. Malheureusement, pour des raisons professionnelles, je ne pouvais quitter mon domicile à Morat avant 12h30. Quant à Lugano, j'y suis attendu à 16h30 au débarcadère, face à l'hôtel Walter. Quatre heures à peine pour joindre Morat à Lugano, c'est court mais réalisable. Je jette un coup d'oeil aux images radar de MeteoSuisse, des orages sont annoncés dès le milieu d'après-midi sur les reliefs alpins... et comme le Tessin se situe de l'autre côté de cette barrière montagneuse, emporter la combinaison pluie semble impératif.
Comme le temps est compté, j'opte pour l'autoroute : Morat, Berne, Oensingen, Lucerne, Altdorf, le col du Saint-Gothard en guise de consolation, puis à nouveau l'autoroute pour traverser le Tessin d'Airolo à Lugano. Le Tessin, ce n'est finalement pas un si petit canton, il faut tout de même compter une heure pour le traverser du nord au sud. Les images radar de MeteoSuisse étant fiables, la pluie ne m'a pas quitté d'Andermatt à Lugano, avec un point d'orgue arrivé à Lugano. J'ai finalement dû m'arrêter à l'abri d'une station-essence, tant l'orage était violent et la pluie torrentielle. Enfin, me voici arrivé parmi les palmiers de la Suisse méridionale.
Je file à l'hôtel pour prendre ma chambre et me changer. Et je parviens, en bon Suisse, à me présenter ponctuellement à l'heure de rendez-vous au débarcadère. J'y rencontre une poignée de journalistes suisses, allemands et italiens et le team Harley-Davidson Suisse. A peine le temps de se serrer la pince et échanger quelques mots qu'on nous convie à embarquer sur le bateau panoramique spécialement affrété pour l'occasion. Le but de la balade sur le lac : profiter aux premières loges des acrobaties et autres figures aériennes des Breitling Wingwalkers, deux biplans d'époque avec une installation particulière sur leur dessus permettant d'accueillir une danseuse.
A plus de 150km/h dans les airs, parfois la tête à l'envers, les deux danseuses nous ont gratifiés des plus belles figures. Devant un décor de ciel menaçant, le spectacle était complet.
La balade sur le lac se poursuit jusqu'à l'autre rive, à Grotto San Rocco. Ce petit village isolé à flanc de coteau les pieds dans l'eau se trouve à 45 minutes en voiture de Lugano... mais à seulement 10 minutes en bateau. Antipasti, pasta, polenta, pièces de viandes se sont succédés accompagnés d'un agréable Merlot di Ticino.
De retour à Lugano, le programme de cette fin de journée se terminait par des concerts de musique rock sur la fameuse Plazza Riforma. Déjà ce vendredi soir, la place était comble. Par chance, nous n'étions qu'une vingtaine à se partager le carré VIP en léger surplomb.
La soirée, pour certains, s'est prolongée jusqu'au petit matin dans une ambiance bon enfant. Pour ma part, en sage homme, je n'ai pas fait tard et suis rentré sobre et prêt, ou presque, à enfourcher ma bécane...
La journée du samedi a été rythmée par les vrombissements des biplans des Breitling Wingwalkers qui nous ont gratifiés d'une nouvelle représentation, par un concours de saut en parachute, le but étant d'atterrir sur une cible étendue sur une bateau, ...
... et surtout, par le show spectaculaire du PC-7 Team de la Patrouille suisse. Moins rapides que les Tiger F5 de la même Patrouille suisse, les Pilatus PC-7 ont offert un show pas moins fantastique !
Entre deux représentations, les très nombreux visiteurs des Swiss Harley Days (100'000 nous dit-on!) ont pu apprécier les différents stands présents dans les rues et sur les places du centre ville de Lugano.
De la restauration, des barbiers et autres coiffeurs, une manucure (!), un shop officiel Harley-Davidson, ... il y avait de quoi s'occuper. Surtout, c'est l'ambiance et cette Harley's attitude omniprésente que j'ai apprécié. Cool, vraiment cool !
Puis c'est le show du PC-7 Team qui a marqué le départ de la traditionnelle parade. Départ retardé de quelques minutes dû aux nuages menaçants qui passaient sur le Monte San Salvatore.
Quand on sait que plus de 4'000 motos, essentiellement des Harley-Davidson, ont pris part à la parade, cela donne presque les frissons. Le départ est donné devant notre hôtel, le Bellevue au Lac... Ceci dit, c'est un bien grand mot, puisque la file s'est allongée sur près de 11 kilomètres. Imaginez, 11 kilomètres d'Harley-Davidson qui se suivent ! Les murs tremblent, les chiens et chats se terrent à l'abri, les riverains s'amassent le long du parcours, les enfants tiennent fermement la main de leur parent, les appareils photo et autres caméras tournent à plein régime, ...
De la belle Lugano au joyau Morcote, les virolets se sont enchaînés sur 32 kilomètres. N'étant pas encore habitué à la maniabilité de mon Electra Glide de plus de 400 kilos, j'admets que les premières épingles se passaient "fesses serrées". A ce propos, je me demande encore si l'itinéraire choisi était adéquat, car la plupart des motos présentes étaient de la catégorie touring de la marque de Milwaukee, à savoir des motos de plus de 350 kilos... D'ailleurs, nous avons constaté quelques chutes sans gravité le long du parcours. Mais finalement, la balade a été amusante et plaisante.
Au retour, pour le repas du soir, l'équipe Harley-Davidson Suisse et leur agence de communication Brand Affairs nous ont dégoté un charmant grotto à Cureglia dans les hauteurs de Lugano. Point de vue sur le lac, mais une carte qui donne l'eau à la bouche, et c'est l'essentiel. Bien que l'air était un peu frisquet, nous avons mangé à l'extérieur. Mais le meilleur de la soirée était à venir ! A 22h00, Philipp Fankhauser se donnait en concert sur la Plazza Riforma. A cette occasion, nous avons vu quelques barbus tatoués lever le briquet, le temps de quelques chansons romantiques. Amouvant, surprenant. Comme quoi, même les "méchants bikers", comme le commun des mortels tendrait à dire, ont un coeur et des émotions.
Le lendemain matin, dans la salle du petit-déjeuner, chacun se regardait du coin de l'oeil, l'air de dire "t'as fait la bringue, toi ?" Par chance, le copieux buffet de l'hôtel Bellevue au Lac a permis de remettre les estomacs à leur juste place et corriger le PH le long du tube digestif...
Dimanche, déjà. C'est le jour du retour. Un rapide regard sur les images radar pour planifier un itinéraire agréable et je mets le cap sur le col du Nufenen. En chemin, alors que je franchissais le col Monte Ceneri, j'opte pour un détour par le Val Verzasca. Se baigner dans l'eau cristalline aux abords du Ponte dei Salti à Lavertezzo était une idée pour le moins rafraîchissante, mais surtout très séduisante.
Après quelques minutes de barbotage, je poursuis ma route vers les Alpes. Le Nufenen, avec ses longues courbes et sa nature sauvage, et la vallée de Conches sont les meilleurs moments de la route du retour. Malheureusement, arrivé à Gletsch, une langue de brouillard épais léchait le Grimsel, de haut en bas. Ce banc nuageux tendait à se diriger vers la Furka... Point de salut, il fallait poursuivre ma route. J'opte pour le Grimsel en me disant que, guère après le col, je retrouverai le ciel bleu...
Mon espoir n'a pas été exaucé puisque la grisaille a été tenace, l'Oberland bernoi entier étant baigné d'une météo de Toussaint. Le retour, hormis le passage tessinois, a été bien tristounet et monotone. J'en ai profité pour faire le point sur ce week-end pas comme les autres.
Loin de l'ambiance paddock des circuits de France voisine où j'ai plaisir à me défouler, peu ressemblante non plus à celle des soirées grillades des relais motards de ma région, un rassemblement Harley-Davidson dégage quelques de particulier. Tout respire la passion pour cette marque. Peu importe d'où tu viens et à qui tu t'adresses, les relations sont sincères et fraternelles. On ne parle pas de classes sociales, il n'y a ni riches ni pauvres, chacun est au même niveau et partage la même passion.
Moi je dis, à l'année prochaine !
Petite paranthèse, ou plutôt petit coup de gueule. En 2015, les Swiss Harley Days auraient dû se dérouler à Neuchâtel. Un décor différent, mais toujours en présence d'un lac et de reliefs montagneux. L'endroit aurait été lui aussi idéal pour recevoir une telle manifestation. Tout était prévu, ou presque. Seulement, les initiateurs ne s'attendaient pas au refus des autorités neuchâteloises... Dommage, ou plutôt triste ! Les bruits de couloirs révèlent les arguments du manque d'hôtels et les nuisances occasionnées. Ces déclarations demandent certes à être vérifiées. Mais si tel est le cas, j'aimerais dire "Neuchâtel, réveille-toi et bouge-toi !"