
Le constructeur automobile allemand Audi AG a publié son rapport financier intermédiaire 2012. Rien de bien amusant à ce genre de lecture me direz-vous... si ce n'est que celui-ci apporte quelques détails très intéressants au sujet sa récente acquisition de Ducati Motor Holding.
Premièrement, nous avons la confirmation que le groupe Audi a acheté 100% des actions de Ducati. Deuxièmement, le rapport révèle que le constructeur allemand s'est offert la marque italienne pour un prix inférieur aux chiffres annoncés précédemment, à savoir 747 millions d'euros et non 860 millions d'euros. Une économie substantielle de 113 millions d'euros qui ne sera pas pour déplaire aux actionnaires du groupe allemand.
Mais le point le plus intéressant de ce rapport intermédiaire est sans nul doute le fait qu'en termes légaux et financiers, la firme de Bologne est devenue la propriété de... Lamborghini ! Techniquement, Ducati est désormais une filiale du constructeur automobile italien. Ceci expliquant cela, on comprend mieux l'entrée de Gabriele del Torchio, PDG de Ducati, au Conseil d'Administration de Lamborghini il y a de cela quelques semaines.
Bien que l'acte de possession de Ducati sous l'enseigne Lamborghini soit une formalité, les deux marques étant maintenant sous contrôle du groupe Audi – Lamborghini ayant été absorbé dès 1998 -, la transaction révèle deux aspects importants : l'un symbolique, l'autre pragmatique.
Symboliquement, Ducati reste sous giron italien. A noter toutefois que ce point très important pour nous autres européens semble n'avoir que peu de portée une fois à l'extérieur de notre continent.
Pragmatiquement, l'intégration de Ducati à Lamborghini et non à Audi présente certains avantages dans le cadre des activités de contrôle de l'Union Européenne. Ce n'est un secret pour personne, l'Europe mène la guerre aux émissions des véhicules motorisés et applique de manière successive et rapide des normes de plus en plus strictes. Ces restrictions ont amené d'importants problèmes aux fabricants de voitures de sport, dont les grosses cylindrées et les émissions moyennes sont bien évidemment au-delà de toute acceptabilité.
Une méthode permettant de contourner ces règlements est de cumuler les véhicules, par structure d'entreprise. Il faut comprendre que les normes européennes établissent une moyenne d'émissions convenable en comptabilisant les rejets de tous les véhicules de la structure. Concrètement, deux solutions s'offrent alors aux constructeurs. Cumuler des véhicules hors normes dans une seule et même structure que l'on pourrait qualifier de « sacrifiée » (ce qui généralement amène à une amende), ou combiner les véhicules hors normes aux véhicules d'une autre marque, moins consommateurs et responsables de taux plus faibles d'émissions, compensant ainsi la différence.
C'est ainsi que se rencontrent Lamborghini et Ducati. Vu comme ça, l'acquisition du constructeur italien par le groupe Audi ressemble de plus en plus à un coup de maître financier qu'à une surenchère de prestige.
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