Avec le X-ADV, le constructeur ailé a quelque peu bouleversé les codes en amenant un genre nouveau, à savoir celui du gros SUV hyper confortables qui faire fureur dans le monde automobile, et qui sont néanmoins capables de prouesses lorsqu'il faut sortir des routes goudronnées et partir à l'aventure. Ce n'est pas étonnant pour un constructeur qui boxe dans les deux catégories, quatre-roues et deux-roues,
En fait, il ne manque que le mode hybride très en vogue en ce moment dans le monde auto à la nouveauté Honda. Cela viendra-t-il un jour ? D'autres constructeurs en parlent et travaillent dessus mais... Ceci est une autre histoire.
Pour revenir à nos moutons, ce maxi-scooter a en effet détonné lors de son arrivée sur le marché en étant à la croisée des chemins entre moto et scooter. L’avant, les suspensions, le moteur et la boîte DCT proviennent du secteur moto, pendant que la partie arrière avec son assise typique et son coffre sous la selle viennent eux du monde du scooter.
La nouvelle ligne est encore plus agressive et saillante que l’ancienne, ce notamment grâce aux phares LED qui apportent une sacrée touche de modernisme. En faisant le tour du "propriétaire", on constate que l’assemblage des plastiques est « à la Honda », à savoir irréprochable.
Les périphériques sont à la hauteur de l’engin avec, ce qu’on remarque tout de suite, des jantes à rayons, mais tubeless s’il vous plait, chaussées de pneus qui, bien que tout à fait adaptés au roulage urbain qui sera à 99,9% la vocation du X-ADV, fleurent bon les évasions dans les chemins de graviers. Bref, ça sent l’Adventure et ça c’est plutôt flatteur et dans l’air du temps.
Pour le reste on trouve tout ce dont on peut rêver, un double-disque à l’avant, des suspensions de qualité à grands débattements, notamment à l’arrière. Le poste de pilotage n’est pas en reste avec un écran TFT couleurs paramétable dans tous les sens au niveau de l’affichage et permettant d’intervenir sur de nombreux paramètres : mode de conduite (user, gravel, pluie, normal et sport), la boîte DCT, l’ABS,… bref de quoi occuper de longues soirées d’hiver.
Pour moi qui viens du monde de la moto, je ne suis pas plus perturbé que cela quand il s’agit de monter sur le X-ADV. Cela se fait en effet comme sur les montures dont j’ai l’habitude, à savoir en passant la jambe par-dessus et non en s’asseyant « dedans » comme sur un scooter. Ce qui m’a bien plus perturbé c’est d’avoir un levier à gauche… en effet, j’ai déjà essayé des Honda munies de la boîte DCT sur lesquelles l’absence de levier signifie : pas d’embrayage. Là, comme sur un scoot, il s’agit du frein arrière. Et je me serais fait piéger plusieurs fois en roulant en actionnant le frein alors que je cherchais par réflexe l’embrayage avant de m’arrêter par exemple. Cela démontre à quel point le Honda est proche du comportement d’une moto en arrivant ainsi à me tromper !
L’assise, quant à elle, est vraiment confortable sur la large selle, et cela même pour le passager. Le guidon n’est pas trop éloigné et assez large pour permettre de manœuvrer avec l’aisance et l’agilité d’un gros matou sous caféine. Par contre, la conduite se fait plus à la mode scooter que moto. On utilise le guidon et bien moins le poids sur les cales-pieds, euh pardon les marches-pieds en l’occurence, pour guider la bête. Mais le mode d’emploi est vraiment très instinctif.
Le twin parallèle calé à 270 degrés trouve toute sa place dans le X-ADV. Autant il était un peu faiblard dans la Honda NC750, autant ici ce bloc à longue course fait merveille avec son couple élevé à bas régimes dont la crête se situe à seulement 4'750trs/min. On comprend mieux les excellentes reprises dont est capable ce maxi-scooto ou maxi -moter !
En mode « Standard », les rapports passent en douceur à mi-régime, juste dans le gras du couple, grâce à la boîte à double embrayage DCT. Le X-ADV offre de sacrées reprises sur les 3 premiers rapports qui ont été raccourcis. Il suffit de sélectionner le mode « Sport » pour voir l’aiguille du compte-tours grimper dans les tours à la recherche de la puissance.
Cette transmission DCT s’améliore au fil des modèles et sur le X-ADV elle verrouille parfaitement les rapports et surtout transmet très peu d’à-coups. On voit tout le travail emmagasiné. Surtout, elle digère parfaitement tous les modes de conduite, que l’on veuille rouler « à la cool » ou alors faire péter un chrono car on a oublié le pain pour la fondue du soir alors que celle-ci trépigne déjà d’impatience dans le caquelon.
Enfin, pour en finir avec le bloc, on notera que les 3 derniers rapports étant un peu plus longs, ils permettent d’abaisser le régime de rotation du moteur et donc sa… consommation ! Perso sur l’ensemble de l’essai où j’ai un peu tout alterné mais ai quand même beaucoup roulé en ville, celle-ci s’est établie aux alentours des 5 litres au cent, ce qui est raisonnable. Il y a moyen de la faire vite baisser lors des balades en rase campagne.
Et c’est justement sur ce terrain de jeu que le X-ADV est bluffant et fait parler ses gènes issus du monde de la moto. Son comportement n’a rien à envier à bon nombre de routières en étant très sain et avec une excellente tenue de route grâce à ses suspensions. En plus, les petites routes tournicotantes permettent de jouer avec les palets « - » et « + » à la manière d’une boîte mécanique, c’est assez fun.
La protection est excellente, ce notamment grâce à la fois à la bulle ajustable, pas en roulant mais c’est une habitude chez Honda, qui ne vient pas gêner le champ de vision et aux protections de côté qui sont un peu comme sur un scooter. Cela permet d’envisager de longs trajets en toute sérénité.
Le seul bémol que j’aurais à lui reprocher est l’attaque du frein avant. Non pas qu’il manque de puissance mais personnellement j’aime bien les freins qui ont un bon mordant d’entrée et où il n’y a pas besoin de tirer trop fort sur le levier. Mais avec les deux leviers sous les (deux) doigts, je n’ai jamais eu de soucis à arrêter le X-ADV.
Bon je vous avouerais que je n’ai pas tenté de faire de l’enduro avec le crossover Honda, mais il en est tout à fait capable. Il suffit de sélectionner le mode « Gravel » et roulez jeunesse dans les sous-bois. A ce propos, David, mon confrère et grand gourou de l’enduro, a même partagé un bout de route sur un rallye avec un concurrent qui roulait en X-ADV. Preuve qu'avec un minimum de préparation ce maxi-scooter est capable de vous emmener au bout du monde.
Par contre, à chercher les compromis entre deux mondes, le (ou la ?? On est un peu perdu avec ce mélange des genres) Honda a été obligé de faire quelques sacrifices comme tout d’abord la transmission par chaîne. Bien que celle-ci se trouve bien protégée, elle devra tout de même passer par les cases tension et graissage obligatoires. Une courroie aurait été sympa mais aurait nécessité de gros changements sur le bloc issu de la NC750, donc des coûts. Elle aurait aussi été peu en phase avec la vocation tout-terrain, car fragile face aux cailloux qui pourraient s’y loger.
Autre sacrifice, la place pour un seul casque sous la selle. Pour emmener votre belle (ou votre beau) et profiter d’une pause sans s’encombrer d’un casque il faudra impérativement passer par la case top-case. Par contre, on notera la présence d’une prise sous la selle pour recharger votre précieux portable. Le système Keyless est aussi sympa. Il suffit de glisser la clé au fond de votre veste et plus besoin de la chercher pour déverrouiller la direction ou encore ouvrir la trappe à essence, voire la selle.
Alors le X-ADV, futur de la mobilité à deux-roues ? Je n’ai malheureusement pas de boule de cristal pour le savoir (sinon j’aurais déjà une Suter MMX 500 dans mon box grâce au loto) mais il est indéniable qu’on s’en approche. Notre monde va devoir un jour ou l’autre, à l’instar de ce qui se passe dans celui de l’automobile, s’adapter pour survivre.
Dans tous cas, pour Honda c'est un exercice réussi, en parvenant à conjuguer le meilleur des deux mondes pour créer un engin abouti et qui saura amener beaucoup de plaisir grâce, notamment à ses qualités dynamiques indéniables. En plus, il faut l’avouer le X-ADV a une sacrée gueule qui ne (me) laisse pas indifférent. C’est un objet valorisant comme peuvent l’être de nombreuses motos plus classiques.