Ce roadster aux allures de Ducati Monster croisée avec une MV Agusta Brutale a de quoi intimider. Mais avant cela, elle fait tourner les regards et séduit nombreux motards rencontrés lors des mes balades à son guidon. Elle a de l'allure et est valorisante. Son cadre treillis tubulaire, son échappement en position scrambler avec une cartouche façon GP, sa fourche Marzocchi inversée de (très) gros diamètre, ses étriers Brembo impossants, ses feux 100% LED et plus généralement sa ligne élégante conjuguée à une finition soignée sont ses principaux arguments. Ensuite, lorsque l’on se tourne vers la fiche technique, elle a de quoi se défendre. Son bicylindre parallèle de 754cc développe 76cv 8’500tr/min et 67Nm à 6’500tr/min. Pas de quoi casser trois pattes à un canard ni effrayer les novices, mais de quoi déplacer ce charmant roadster avec entrain. La seule chose qui fait tache, c’est peut-être son poids conséquent ; affiché à 228kg tous pleins faits, c’est lourd et ça m’a quelque peu inquiété au moment de la lecture de la fiche technique. L'acier, à défaut d'alu, étant majoritairement utilisé péjore le poids total... Enfin, passons au-delà des préjugés et enfourchons cette "Italienne" !
J’insère la clé dans le Neimann et découvre l’écran LCD multicolore. L’affichage est simple, les informations sont claires et je m’y retrouve sans problème. Il n’y a que l’affichage nocturne, d’un style tout différent, qui fait un peu kitsch. Un bref coup de démarreur et le bicylindre s'ébroue. Mon séant posé sur la fine selle haute de 810mm, je trouve malgré tout les pieds bien posés au sol (ndlr: je mesure 174cm). A l'arrêt, le poids se fait sentir... et dans les manoeuvres à basse vitesse, je me méfie de me faire emporter par un excès de zèle. Les commandes d'embrayage et de freins sont douces, ce qui permet d'évoluer en toute quiétude.
Je m'élance pour mes premiers tours de roue. L'ambiance sonore est au rendez-vous. L'échappement minimaliste offre de belles vocalises, ni trop sourdes, ni trop timides. Pour un échappement d'origine, j'apprécie ce choix qui satisfera plus d'un. Le poids que je redoutais au moment d'enfourcher la moto s'est fait oublier. La maniabilité à basse vitesse est au rendez-vous, aidée par une position de pilotage agréable. Ni trop sur les poignets, ni trop droit, je fais corps avec la moto. La moto est bien vivante. Son bicylindre distille quelques vibrations à travers le cadre et se fait remarquer. Ce n'est pas un mal, c'est justement cette dose de charisme que j'apprécie. Quant au moteur, en évolution urbaine, il fait son travail en douceur. Les valeurs de couple généreuses n'y sont sans doute pas pour rien. La transmission, elle, est bien étagée, avec un premier rapport un peu long et les suivants plutôt rapprochés. A 50km/h, le quatrième rapport est envisageable sans subir les cognements de la mécanique. Après quelques centaines mètres parcourus à son guidon, je me sens déjà à l'aise et prêt à attaquer les virolets de ma région.
Maintenant que la mécanique est montée à bonne température, je peux me permettre d'alonger les rapports. Le bicylindre 754cc se distingue par une étonnante linéarité. Il monte dans les tours sans heurt, avec une omniprésence de couple sur toute la plage de régime. Ça tracte généreusement, accompagné du grondement de la boîte à air. Je remarque toutefois que le moteur souffre d'une certaine inertie, à l'instar des moteurs "d'époque"... comme si nous avions à faire à un moteur beaucoup plus volumineux. Assurément, il n'a pas la vigueur du bloc CP2 de l'une de ses concurrentes, la Yamaha MT-07. Une fois ceci pris en considération, on découvre un moteur plein à tous les régimes et sain dans sa propension à prendre les tours, et on aime son frein-moteur conséquent qui évite de taper dans les freins à tous les virages. Correctement réglée, l'injection est parfaite, sans à-coup à la remise de gaz, sans hésitation à régime constant. En fait, ce moteur est comme un bon pote avec qui on fait du sport. Il jouit de belles performances, sans être un sportif d'élite. Il est vivant, avec une bonne dose de couple à tous les régimes. Il est sain, à savoir qu'il ne surprendra à aucun moment.
Je me balade à bon rythme, essorant sans vergogne la poignée de gaz. J'aime cravacher ce moteur jusque dans ses derniers retranchements, puis sauter sur les freins au dernier moment et sentir la roue avant s'écraser dans le bitume. Ça freine très efficacement, bien que le mordant soit modéré, je ne m'attendais pas à de telles performances. La fourche surdimensionnée accuse le coup et confère précision au train avant. A la remise de gaz, l'amortisseur arrière s'enfonce, de même qu'il oscille lorsque la route se dégrade et mériterait un peu plus de rigueur. Quand la fourche surprend (en bien!), on s'attend à ce que l'amortisseur soit de la même trempe, ce qui n'est pas le cas. Enfin, quand bien même il y a distorsion entre les performances des suspensions avant et arrière, ce n'est de loin pas rédibitoire... autrement dit, dans le respect des limitations de vitesse et en conduite modérée, ce sont des détails qui passent complètement inaperçus.
CHF 9’850.-, c’est la somme à verser en Suisse pour s’offrir cette charmante moto atypique. Un peu chère en comparaison à la concurrence, c'est le prix de la petite exclusivité. Alors que tous s'arrachent certaines Kawasaki Z650 et autres Yamaha MT-07, rouler en Benelli s'assimile à rouler différent. Accessible aux détenteurs du permis A2, elle est une moto idéale pour débuter et progresser durant de nombreuses saisons. Un essai vaut le détour ! Pour les intéressés, voici la carte des concessionnaires de la marque Benelli en Suisse : Suisse.Benelli.com.