Les modèles testés ici sont : Arai RX-7V (version unie ou Ghost Blue ou encore les réplicas Freddie Spencer 30th ou 40th Anniversary), Shark Race-R Pro Carbon (version Red), Shoei X-Spirit 3 (réplica Kagayama) et X-Lite 803 Ultra Carbon (version SBK en modèle standard et version Hot Lap en modèle RS pour “Racetrack Setup”).
Tous ces casques sont en taille XL et, comme vous pourrez le noter sur les photos, certains arborent les stickers réfléchissants obligatoires pour circuler chez nos voisins français. A cette liste, cependant, j’aurais aimé intégrer les références piste de chez AGV (Corsa R ou Pista R) et Bell (Race Star) mais cela n’a pu se faire.
Ces références sont des casques très sportifs, voire typés racing ; ils sont de véritables fers de lance de leurs marques et viennent “coiffer” leurs gammes respectives.
Voyons ce que donnent ces heaumes haut de gamme en termes de protection, de poids, de ventilation et de confort, aussi bien au niveau statique que dynamique. Ce qui suit est le résumé des impressions personnelles de tests effectués en 2018 et 2019 sur circuit, mais pas que…
Nous avons là trois écoles parmi nos cinq protagonistes : les modernes, les classiques et les atemporels. Le Arai fait partie de ces derniers : la forme ronde n’a pas bougé depuis des lustres (« des siècles », selon certains), pour des raisons de sécurité (selon le fabricant). Certains motards n’aiment ou n’aimeront pas cette forme ronde et se tourneront vers les autres. Les classiques regroupent le Shark et le X-Lite SBK, tandis que les X-Lite RS et le Shoei font partie des modernes avec leurs formes profilées et leurs multiples spoilers directement inspirés du monde de la compétition. On a tous (-tes) une connexion particulière avec une marque, une forme, un design. La mienne remonte à l’adolescence, avec un certain Freddie Spencer arborant un Arai aux couleurs d’un cigaretter lors de son doublé 250/500 la même année. Et aujourd’hui je verrais bien le profil d’Alien recouvrir celui d’un X-Spirit 3, tant la forme de ce dernier rappelle celle du super prédateur…
On note un très bon niveau de finition sur l’ensemble des modèles testés, qui est normal au vu de leur positionnement dans leurs gammes respectives. Cependant, on remonte une petite déception sur le Shark, au niveau des ajustements du double aileron arrière et de l’entrée d’air frontale.
La trame des fibres de carbone apparente fait vraiment classe sur le Shark et les X-Lite. Le coloris bi-ton du Shark est du meilleur effet, tandis que l’aspect full carbone des X-Lite apporte cette allure racée qui sied si bien au monde de la compétition. Sur ces derniers, le vernis est relativement fragile et peut se marquer assez rapidement si l’on n’en prend pas soin.
Avec une qualité incroyable de la peinture et du vernis chez Arai.
Les fermetures se font par jugulaire en double D, la plus sûre et la seule homologuée pour la compétition.
En taille XL, la moyenne des Arai pesés est de 1’715 grammes. Dans l’absolu, c’est (très) lourd, surtout lorsque l’on découvre le verdict de la balance pour les autres protagonistes : 1'475 grammes pour le Shark, 1'560 pour le Shoei, 1’455 pour le X-Lite Ultra Carbon et enfin 1’525 pour le X-Lite en Racetrack Setup. On a ainsi une différence de 260 grammes entre les deux extrêmes – une belle prouesse de la part de Shark et de X-Lite.
Pour resituer le contexte, un Shoei NXR en XL pèse 1’400g avec Pinlock…
Le système et la procédure de changement de l’écran est simplissime chez Shoei. Le changement prend quelques secondes de plus chez les autres, le plus compliqué restant le système du Arai. Ce dernier a été simplifié par rapport à l’ancienne version, et reste malgré tout assez facile (une fois que l’on a pris le coup de main).
Sans exception, tous les casques de cet essai sont livrés avec un écran clair. Le X-Lite RS comprend un écran sombre supplémentaire. Et, excepté le Shark dont l’écran est traité anti-buée, tous sont également livrés avec un Pinlock.
A noter 1 : l’écran livré d’origine sur le Shoei est équipé d'ailerons générateurs de vortex et le casque est compatible avec les écrans du NXR et Ryd (modèle désormais arrêté), ce qui lui donne accès au modèle photochromique. Chez Arai, seul le Pinlock est photochromique.
A noter 2 : sans exception, les écrans iridium sont relativement fragiles et se rayent assez facilement.
A noter 3 : le Shark se distingue ici par la qualité de son écran – d’une épaisseur de plus de 4mm, ce dernier offre une qualité optique sans faille et sans distorsion.
A noter 4 : sur le Shark, l’écran se verrouille grâce à un petit ergot métallique sur le côté gauche, dans un clac franc. Un petit curseur de blocage look carbone remplit cette fonction sur le X-Spirit 3, mais il reste assez difficile à trouver et à manipuler. Un système issu de la Formule 1 verrouille l’écran du Arai là aussi dans un clac franc. Chez les X-Lite, ce verrouillage est le moins précis.
Il y a des aérations partout : menton, front, sur les coté, à l’arrière. Les canalisations d’air sont omniprésentes et on parle même d’effet Venturi pour le Shark ! Le but étant d’obtenir une ventilation optimale, et ainsi permettre au pilote d’avoir la meilleure visibilité et de garder la tête froide dans le feu de l’action. A noter la présence d’une ventilation des joues sur le Shoei.
Test SHARP
Ce test a été instauré en 2007 par le Ministère des Transports (DfT) au Royaume-Uni, et se déroule dans un laboratoire indépendant. Le protocole d’essai comprend 32 tests d’impact (30 en linéaire et 2 en oblique), sur un échantillon de 7 casques dans les tailles visées et à trois vitesses d’impact différentes (6.0, 7.5 et 8.5m/s). Ce test est connu pour dépasser les exigences de la norme européenne ECE 22-05.
A l’exception des X-Lite qui n’ont pas encore été testés, les autres casques ont obtenu la note maximale de 5 étoiles aux tests SHARP. En comparaison, le Shoei NXR cité plus haut décroche 4 étoiles.
Les Shark et X-Lite sont les plus abordables ; il faut compter autour de 670CHF pour s’offrir le premier, et l’acheteur devra s’acquitter de 700CHF pour le X-Lite 803 version SBK. Puis vient le Shoei, tandis que le Arai ferme la marche, avec des prix catalogue qui peuvent donner le tournis (par exemple le Isle of Man TT 2019 culmine à 1169CHF). A noter la différence chez l’ensemble des fabricants entre les versions unies et les versions décos, et encore plus pour les versions réplicas de votre champion adorée ET les séries spéciales (exemple de l’Arai commémoratif « RC30 Force V4 »). Votre serviteur en sait quelque chose !
Conditions de test
Ces casques ont été portés sur les deux dernières saisons de roulage, soit au bas mot plus d’une trentaine de journées de circuit avec AcidTracks, FVP, Tortue Team, First On Track et ActivBike. Un petit mot sur les X-Lite, qui n’ont pu être testés sur piste car commandés et reçus tard dans la saison 2019. Cependant, tous ont été portés pour des trajets sur la route, sur des distances allant de 20 à 650 kilomètres dans la journée et mêlant agglomérations, routes et autoroutes, et pendant les quatre saisons.
Les Shark et Arai s’enfilent naturellement, pas d’oreilles qui traînent sur les mousses au moment de l’enfilage. En revanche, j’ai dû faire un peu plus attention pour les X-Lite et les Shoei, et remettre ensuite mes oreilles de Bouddha une fois le casque sur la tête. On a affaire à des modèles haut de gamme, la mousse est ferme mais relativement douce. Une mention spéciale pour le RX-7V qui donne l’impression de l’avoir toujours porté, même lorsqu’on l’enfile pour la toute première fois. Un petit mot sur la jugulaire magnétique du Shark qui peut se détacher de temps en temps, chose que l’on n’observe pas avec des boucles de jugulaires qui se clipsent par bouton pression.
Durant les trajets et pendant les sessions de roulage, je mets des bouchons d’oreille (protections auditives). Les rares fois où j’ai roulé sans l’ont été pour évaluer la qualité de l’insonorisation et le niveau de bruit. Et ce, sur de très courtes distances autoroutières. De tels casques favorisent souvent la ventilation, au détriment de l’insonorisation. On dira donc que le moins bruyant sans bouchons d’oreille reste le Arai, suivi par le Shoei…
En action le poids du Arai se fait moins sentir, preuve d’un bon équilibre dynamique. Néanmoins, la comparaison avec les autres casques sur un week-end de roulage ne plaide pas en sa faveur. Le poids modéré des autres casques leur assure d’être plus prévenants avec vos cervicales et vos visites chez l’ostéopathe.
Tous les casques essayés présentent une ventilation efficace qui n’appelle pas de commentaires particuliers. Cela est particulièrement appréciable pendant l’été et durant les épisodes de chaleur. À noter que celles du Shark et des X-Lite se sont montrées particulièrement efficaces, notamment pour les porteurs de lunettes et en conditions plus « fraîches ». À noter que la ventilation des joues sur le Shoei n’est pas trop perceptible.
Testé sur les circuits plus typés grandes vitesses que sont Dijon et Cremona, avec des lignes droites qui paraissent interminables en gros roadster… Le Shark et le Shoei se sont montrés très stables au fur et à mesure que la vitesse augmente. On note juste une légère résistance du Shoei lorsque l’on tourne la tête et que l’on sort de l’axe. Un trait sans doute lié à sa surface latérale plus importante. Le Arai se situe juste derrière ces deux-là mais sa forme plus ronde vous permettra de tourner la tête avec une résistance moindre qu’qvec le Shoei.
Testés sur la route, le même constat s’applique aussi sur les X-Lite, plus particulièrement dans la déclinaison RS : l’aérodynamisme de ces casques a été bien travaillé et l’air est leur allié tant ils semblent portés par ce dernier !
Tous les casques présentés ici ont un champ de vision périphérique et frontal large. Ce qui est important quand on est en limande la tête sur le réservoir. Ou bien en position (très) basse, le regard à la recherche de l’apex…
Techniquement, sur les cinq casques qui ont été testés, il n’y en a aucun de mauvais. Mais…
Dans l’optique d’une utilisation mixte piste/route, je partirais avec les Shoei/Arai puis les X-Lite et enfin le Shark.
Dans l’optique d’une utilisation purement piste, les Shark/Shoei et X-Lite se posent là. Puis vient le Arai.
Dans les deux cas, toujours avec des bouchons d’oreille.
Ensuite, au-delà des aspects purement techniques, le choix d’un casque peut aussi se faire sur la grâce d’un dessin, un détail de finition, le prix ou les promotions incitatives, voire une déco coup de cœur (Santa est un peu en avance cette année) …