Un petit coup d’autobeurk pour fuir la jungle urbaine me fait apprécier ce qui était un handicap en ville : sa transmission longue. Là, le mono ronronne comme un gros chat au coin du feu, un peu en-dessous des 5’000tr/mn entre 120 et 130km/h. Il suffit d’une rotation du poignet droit pour avoir une réponse immédiate du gros piston qui propulse la Vitpilen en avant pour dépasser. Il faut dire qu’à ce régime on est juste à 1’000tr/mn de la crête du couple.
Par contre, la protection, comme on peut s’en douter, n’est pas son point fort, même si grâce à la position assez basculée sur l’avant il est possible d’entrevoir un trajet court sans trop de fatigue, ne comptez pas voyager loin avec la Husky, ou alors allez-y avec votre ostéopathe, vos cervicales en ayant besoin.
Ça tombe bien, je sors de l’autoroute et je sens ma Vit’ qui trépigne d’impatience entre mes jambes, apparement on arrive sur son terrain de prédilection : les routes de campagne. Là, tout son potentiel me saute au casque. Sa légèreté et son mono joueur s’expriment à merveille sur ce terrain de jeux.
Prenez un col ou une route tournicotante, il sera difficile d’y battre la Vitpilen tant elle y excelle ! Avec ses suspensions de qualité, la position basculée sur l’avant et la largeur du guidon évoqué plus haut, j’ai l’impression de faire corps avec la machine et elle obéit au doigts et l’oeil à mes demandes. Il est aisé de la placer au millimètre en entrée de courbe et quel pied d’avoir un réponse immédiate du mono en sortie avec la sonorité si typique ! Ce brooooooaaaap est tout simplement… jouissif.
Et dire que je n’ai « que » 75cv à disposition ! Comme quoi que comme le dirait un manufacturier pneumatique : sans maîtrise la puissance n’est rien. Et c’est là que l’Husky fait tout juste, elle est aisément maitrisable et permet de prendre un pied d’enfer sans se sentir débordé.
Le blipper fonctionne très bien dans ces conditions, en fait, il suffit d’être assez haut dans les tours pour qu’il soit agréable. Le freinage est également à la hauteur, facilement dosable, le simple disque ralentit facilement les 170 kilos de la Vitpilen, même si perso j’aurais apprécié un deuxième disque pour plus de mordant. Le disque arrière, lui tient parfaitement son rôle de ralentisseur et permet soit d’assoir la moto lors des gros freinages, soit de rejoindre la corde, euh pardon l’intérieur du virage si on est rentré avec un peu trop d’optimisme.
En ralentissant un peu le rythme en mode « promenade pépère », je profite du paysage. En roulant à des vitesses légales, il ne faut pas laisser le moteur descendre sous les 3’000tr/mn sur les rapports intermédiaires, faute de quoi comme en ville, le piston vous démontrera son mécontentement en cognant allègrement. Par contre, l’autonomie est excellente et grâce à cette transmission longue, le mono fait preuve d’un appétit d’oiseau.
Au niveau de la viabilité, le gros compteur centrale permet de bien lire la vitesse, par contre, le barregraphe du compte-tours n’est pas des plus lisibles. Vaut mieux le faire à l’ancienne et à l’oreille. Le nombre d’infos affichées n’est non plus pas folichonne avec les trips, la conso et… voilà. Mais bon, pourquoi ronchonner, la Vitpilen est faite pour rouler vite sur les petites routes, pas pour rouler longtemps et loin.
Avec les restrictions en vigueur dans notre beau pays (et même autour…), à quoi bon se balader avec une moto qui développe plus de chevaux qu’il n’y a de poids à trimballer ? Le secret du plaisir ne serait-il pas dans la Vitpilen ? Jamais débordé par la puissance, un sentiment de maîtrise complet et des vitesses de passage en courbe hallucinantes, elle en remontrera à bien des sportives sur un parcours sinueux.
J'ai rapidement pardonné ces petits défauts à la Vitpilen pour me concentrer uniquement sur le plaisir de conduite de ce mono unique dans la production actuelle et ce plaisir sera solitaire... des fois c’est bien !