Les infos techniques c’est sympa, mais ce qui nous intéresse avant tout, c’est de savoir comment la Niken se comporte en pratique non ?
Sur le coup des 8h30 notre groupe des journalistes Suisses quitte l’hôtel en premier. La météo qui s’annonçait catastrophique pour tout le weekend nous a fait un petit cadeau inespéré : ce matin on part avec un soleil radieux et un ciel bleu, quelle chance !
Vient enfin le moment d’enfourcher la bête. La selle est basse (820mm), c’est un atout pour ceux qui n’ont pas des longues jambes. Le poids se fait sentir à l’arrêt quand on la manœuvre, mais pas plus qu’avec un gros trail. Bien qu’elle soit pourvue de trois roues, la Niken ne tient pas debout toute seule sans la béquille car il n’a pas de moyen de bloquer l’inclinaison des roues. Une fois en mouvement, le poids se fait vite oublier et je me rends compte que la prise en main de la Niken est instantanée.
Certes, l’avant est visuellement large et imposant, mais le comportement est en tout point similaire à un deux-roues. La position de conduite est effectivement plus reculée que sur un roadster et plus « relaxe », notamment grâce à la large et confortable selle. La protection au vent est très bonne, et même à 130 km/h je n’ai pas de turbulences dans le casque.
En route vers le Grossglockner, le col le plus célèbre d’Autriche, on se familiarise avec la bête en testant ses réactions en prenant une bordure de trottoir par exemple. C’est vraiment surprenant comme le train avant encaisse tout sans broncher.
Au moment où l’on passe la gare de péage du Grossglockner, on peut enfin s’en donner à cœur joie. Il est si facile et naturel d’inscrire la Niken en courbe que le rythme augmente rapidement. Ce train avant est tellement stable qu’à son guidon on a vite fait de se prendre pour un super pilote. Avec elle, on peut se permettre de transgresser les tabous du motard comme freiner ou accélérer en plein courbe sans se faire satelliser.
J’ai d’ailleurs senti à plusieurs reprises le cul glisser en envoyant la patate trop vite dans le virage. Une fois la surprise passée, et quand on voit à quel point le train avant encaisse tout, j’en viens presque à faire exprès de remettre les gaz trop tôt tellement c’est grisant.
Tout aussi remarquable que ses performances dynamiques est le sentiment de sécurité dégagé par la Niken. Je le remarque bien car lors du lancement de la Yamaha Tracer en Espagne il y a un mois, j’étais avec les même journalistes et par moment je devais me faire violence pour suivre leur rythme. Au guidon de la Niken, je n’ai jamais eu l’impression de m’approcher de cette zone critique bien qu’on roulait probablement plus fort encore.
La partie cycle est d’ailleurs tellement bonne que je regrette presque que Yamaha ne lui ait pas greffé le moteur de la MT-10 avec ses 160 Cv. Je suis sûr qu’elle pourrait les encaisser sans problème. D’ailleurs, en parlant de motorisation, ce qui fait le plus défaut à la Niken à mon avis, c’est le bruit. Le trois pattes est vraiment trop discret pour un engin aussi hors normes. L’échappement Akrapovic disponible en option me semble obligatoire.
On s’arrête au sommet du Grossglockner pour profiter de la magnifique vue et échanger nos impressions. Tout le monde est unanime. Non seulement la Niken est impressionnante d’efficacité, mais surtout elle met en confiance et elle est vraiment fun à rouler.
Le freinage n’a pas le mordant de certains roadsters sportifs. Ceci s’explique peut-être du fait de la roue supplémentaire qui génère une masse en rotation supplémentaire à freiner. Le résultat est un freinage plutôt progressif, mais tout à fait à la hauteur de la tâche.
Nos montures hors du commun ne tardent pas d’attirer les motards curieux qui arrivent au sommet du col. J’échanges quelques mots avec deux allemands, la cinquantaine, qui me disent que c’est une bonne idée de faire des motos à trois roues pour les personnes âgées… J’ai défendu la Niken comme si c’était ma propre création, mais je me suis vite rendu compte qu’avec ce genre d’individus bornés, il n’y a rien à faire…
Lors de la descente du col, on s’arrête pour le premier photo shooting avant de troquer les beau virages et l’excellent tarmac pour une petite route sinueuse, étroite et en mauvaise condition. Pour couronner le tout, il commence à pleuvoir ! Rien ne semble perturber cet ovni à trois roues, je commence à avoir le sentiment qu’il est impossible de la mettre en défaut.
Après une bonne centaine de kilomètres sous un ciel très couvert, on arrive juste à faire le second photo shooting avant d’être rattrapé par la pluie et les derniers clinquantes kilomètres se feront sous un déluge biblique.
Là encore, on roule à un rythme que je n’aurais jamais osé assurer avec une deux roues sur des routes aussi inondées. Le contrôle de traction s’est même activé en plein ligne droite car la roue arrière était en aquaplaning… L’avant lui, ne bronche toujours pas.
Après 280 kilomètres au guidon de la Niken, on arrive à l’hôtel et je regrette déjà de la rendre. J’ai froid, je suis mouillé, mais je me rends compte que je ne suis pas du tout fatigué comme je l’aurais été après une telle virée sur un deux-roues. Les bénéfices de la technologie LMW (Leaning Multi Wheel) avancés par Yamaha sont bel et bien validés et approuvés en pratique !