Essai publié le 18 janvier 2018

Essai Yamaha MT-09 SP 2018 - Le bonheur est dans les suspensions

Texte de Marc / Photo(s) de Yamaha

Pour 2018, le constructeur aux trois diapasons a décidé d’adjoindre une version SP à son best-seller nommé MT-09, cette nouvelle version est plus richement équipée, notamment au niveau de la suspension avec un amortisseur Öhlins ainsi qu’une fourche Kayaba aux petits oignons. Elle est également immédiatement identifiable en adoptant le même code couleurs que les fameuses R1M et MT-10 SP soit le Silver Blue Carbon. Bienvenue à la MT-09 SP.

Le fait que la MT-09 soit un immense succès commercial est indéniable et est prouvé par les chiffres. Chez Yamaha, la gamme Hyper Naked représente pas moins de 48 % des ventes et parmi ces 48 % un tiers est représenté par la MT-09 ! Pour comparaison, le segment des Supersports ne représente que 9 % des ventes du constructeur…

Je vous propose de commencer par un petit retour dans le temps, la marque aux trois diapasons a lancé fin 2013 celle qui va rapidement devenir son best-seller. La MT-09 sera ensuite rapidement revue au niveau de son ECU, la vigueur de son trois cylindres de 874cc étant jugée un peu brutale. Enfin, pour 2017 elle a adopté la face avant arachnéenne de sa grande soeur la MT-10 ainsi qu’un bienvenu quickshifter en sus d’une multitudes d’autres retouches.

Toujours au top au niveau des ventes, Yamaha a toutefois décidé pour 2018 de doter la MT-09 d’une version SP qui a comme principal objectif de gommer son talon d’Achille : sa suspension jugée perfectible. On retrouve donc à l’arrière un amortisseur Öhlins à bonbonne séparée et à l’avant une fourche Kayaba haut de gamme. Tous deux sont entièrement réglables autant en compression qu’en détente et précharge.

De prime abord, le fait d’associer une fourche Kayaba à un amortisseur Öhlins pourrait paraître étrange, mais c’est un excellent choix, le fabricant japonais n’ayant plus rien à prouver sur ses modèles haut de gamme comme celui présent et sérigraphié à son nom. Le fait de prendre une fourche d’origine suédoise comme l’amortisseur n’aurait fait que faire grimper la facture pour un résultat similaire.

Et pour identifier immédiatement cette version SP, Yamaha l’a affublée de son fameux coloris Silver Blue Carbon réservé aux modèles premium de la marque à l’instar de la R1M et de la MT-10 SP. Personnellement, et pour adopter un langage jeune, je trouve qu’elle déchire grave avec ces couleurs qui sont parfaitement assorties aux jantes bleues, elles également dédiées à cette version. Pour finir, les commandes sont laquées en noir et tout cela lui amène une « touch of class » fort appréciable.

Enfin la troisième grosse différence se situe sous vos yeux lorsque vous conduisez : le tableau de bord adoptant un affichage blanc sur fond noir à l’inverse de celui de la MT-09 standard. Cet affichage doit amener une meilleur lisibilité en même temps qu’une touche une tantinet plus sportive.

Le CP3, soit le bloc moteur, lui n’a pas été retouché. Il faut dire qu’avec ses 115cv et son énorme couple de 87,5 Nm disponible très bas il a de quoi voir venir, surtout depuis que les ingénieurs Yamaha l’ont « civilisé » quant à sa réponse à l’ouverture des gaz.

Je ne vais non plus pas attendre pour vous donner, et le mot est bien choisi, une information capitale ! Avec son tarif fixé pour l’instant, en attendant les fluctuations de l’Euro, à CHF 10’990.-, soit seulement CHF 1’000.- de plus que le modèle standard on est en droit de se dire que c’est une sacrée belle affaire ! Le coût supplémentaire n’étant même pas celui de son amortisseur si vous deviez l’acheter en adaptable… donc tout le reste évoqué ci-dessus est du bonus !

Des suspensions accordées au diapason

Maintenant reste à savoir ce que vaut cette SP sur la route et ça tombe bien, m’sieur Yamaha nous ayant convié à essayer la bête sur les routes ensoleillées du Portugal dans la région de Faro. Le soleil et la douceur du climat de l’Algarve nous ont bien accueillis.

Une fois en selle, on est en terrain connu, la position ne changeant pas par rapport à la MT-09. La large selle, avec ses surpiqures bleues spécifiques à cette SP, est accueillante, les commandes tombent bien sous les mains et l’embrayage assisté ne réclame aucun effort. Un plus lors des trajets en ville où il sera utilisé lors des rétrogradages, le shifter s’occupant de passer les rapports à la volée.

Le « nouveau » tableau de bord est des plus lisible, surtout que comme indiqué, un large soleil a décidé de nous accompagner pour la journée. Cette affichage blanc sur fond noir est très réussi à mon goût. Toutes les informations comme les trips, les températures moteur et de l’air, la consommation, etc sont disponibles mais pour moi il manque un bouton au guidon afin de les faire défiler. Là, je suis obligé de lâcher le guidon pour changer les informations, pas très pratique…

Les compte-tours par barre-graphe m’aura demandé un petit temps d’adaptation, il faut bien baisser la tête pour le regarder, mais ce n’est pas un problème, le moteur étant des plus souple !

Il ne m’aura pas fallu parcourir de nombreux kilomètres pour apprécier le duo de suspensions Öhlins-Kayaba, en effet dès le premier dos d’âne qui se situait à moins de 100 mètres de l’hôtel, la MT-09 SP m’a filé la banane en absorbant ce « ralentisseur » et ce, sans pomper comme le modèle standard. Fini les rebonds ! Le fait d’avoir des ressorts un peu plus souples et de faire travailler les suspensions sur l’hydraulique est une réussite. Les lois d’amortissement définies par les ingénieurs sont les bonnes.

La fourche Kayaba est d’une rigueur et d’un feeling impressionnants, elle améliore grandement le ressenti de l’avant et permet à la SP de s’engager avec force dans les virages en rivant le pneu au sol. C’est vite vu, en chargeant un peu l’avant qui peu devenir léger à l’attaque, j’ai l’impression d’être sur une grosse Supermot’. Il est également possible de prendre les freins en pleine courbe sans que cela ne perturbe la trajectoire de la MT.

Ça freine fort

D’ailleurs, le freinage déjà performant sur la MT se trouve encore amélioré sur cette version car la fourche encaisse très bien la décélération en plongeant peu et en permettant à l’hydraulique de travailler sur les bosses sans déclencher l’ABS, là ou la fourche standard de la MT serait largement dépassée.

Pour l’amortisseur c’est exactement pareil, il encaisse sans broncher la charge lors de l’ouverture à fond des gaz, sans s’enfoncer exagérément et en permettant du coup de digérer les aspérités de la route. Et lors de la prise des freins c’est pareil, sa course morte plus libre lui permet de garder la roue arrière au contact du sol.

C’est d’ailleurs là que j’adresserais ma deuxième critique à la MT-09 SP, avec la dose de fun qu’elle dégage, il n’est pas rare par exemple lors des sorties de virage en deuxième, voire en troisième s’il y a une bosse, que la roue avant parte faire un coucou au soleil, j’aurais bien voulu avoir un ABS déconnectable à l’arrière pour permettre de rouler à la Supermotard et faire glisser la roue arrière lors des freinages de trappeurs que permet cette MT-09 SP.

J’ai loué la qualité du freinage durant tout l’essai, le trouvant au moins aussi, voire plus performant que celui qui équipe ma R1 c’est dire ! Perso je trouve le mordant à la prise du levier droit tout simplement bluffant.

Pour revenir sur l’accord des suspensions, et pour l’anecdote, au premier arrêt j’ai demandé à notre ouvreur (sportif…) de route si les réglages avaient été faits pour cet essai, il m’assuré que les motos étaient comme sorties de caisse.

C’est les watts

Et le moteur dans tout ça ? Bah c’est simple, le CP3 de 115cv peut enfin s’exprimer pleinement dans ce châssis à la rigueur enfin trouvée. Les reprises sont excellente, et ce dès les plus bas régimes en repartant dès 2’000tr/mn sans aucun problème, à-coups ou hoquet. Pour relancer avec vigueur, pas besoin d’être haut dans les tours, le couple du trois pattes faisant merveille à 5-6’000tr/mn déjà et pour ensuite grimper sans interruption jusqu’à la zone rouge. Le son dégagé par le moteur crossplane est toujours aussi agréable.

L’embrayage assisté ne demande aucun effort et est facilement dosable. Il est grisant de démarrer à bloc et de monter les rapports grâce au shifter, et ce même si les vitesses atteintes sont très vite largement inavouables…

Les routes que nous avons empruntées durant cet essai de 220 kilomètres n’ont pas grand chose à envier à celles de notre belle Helvétie au niveau du nombre de virage, par moment je me serais presque cru sur un grand huit tant ça tournait dans tous les sens et surtout par le rythme (chuuuuut vous n’avez rien entendu) adopté pour suivre mon ouvreur hollandais doté d’un excellent coup de poignet droit. Je peux vous garantir que j’ai dû me concentrer autant que pour rouler sur piste !

L’électronique ne m’a amené aucune critique durant tout l’essai. Les modes moteur restent les mêmes à savoir A, standard et B et le traction control peut toujours se régler sur 1, 2 ou off. Personnellement, j’ai adopté la plupart du temps le mode standard avec le TC sur 1 ce qui est parfait. Le travail de ce dernier se fait en toute transparence, il ne coupe pas brutalement le moteur.

Nous avons tout de même fait une partie du parcours à un rythme plus cool ce qui m’aura permit d’apprécier le côté « couteau-suisse » de la MT, pour vous dire on aura même fait un passage en off-road à cause d’une route fermée pour cause de travaux.

Autant elle est capable de rouler avec rigueur, fermeté et la précision d’un scalpel, autant elle est capable d’adopter un rythme tranquillou en digérant parfaitement les aspérités de la route. Et pour rappel, au besoin il est aisé d’assouplir la suspension en hydraulique, le ressort étant parfait, au moyen d’une molette à l’arrière gauche et d’un petit coup de tournevis à l’avant.

D’ailleurs à la vue des photos, on pourrait d’ailleurs croire que la molette de réglage de l’amortisseur pourrait être gênante pour le passager mais il n’en est rien, nous avons essayé la place arrière et même avec du 43 aux pieds on ne vient jamais buter contre celle-ci.

Enfin, toujours au niveau du confort, la large selle est confortable et permet de bien bouger sur la moto. Elle ne glisse pas, ce qui sera parfait pour emmener un passager occasionnel ou votre sac de sable habituel.

Conclusion

Avec ses suspensions au top, le moteur de la MT a enfin trouvé un châssis à la hauteur de ses performances et on se dit que le ratio annoncé par Yamaha, à savoir qu’ils attendent 30 % des ventes de MT-09 dans cette version SP, va certainement s’inverser car pour moins de CHF 11’000.- cette moto vous offrira un rapport satisfaction-prix et un sourire aussi large qu’un régime de banane !

Surtout qu’un catalogue d’accessoires complet existe et dotée par exemple d’un saute-vent et d’une paire de valise souple, elle vous amènera au bout du monde.

Avec cette version SP, vendue pour rappel seulement CHF 1’000.- de plus que la version de base, Yamaha va donner du fil à retordre à la concurrence, les Street Triple RS et autre KTM Duke 790 ont de quoi frémir, le comparatif s’annonce intense. Bon je vous laisse je crois que je vais aller passer commande…

Marcouille

Au final...

On a aimé :
+
suspensions au top
+
moteur coupleux et disponible
+
rapport plaisir/prix imbattable
+
fun
On a moins aimé :
-
pas de bouton au guidon pour les infos au tableau de bord
-
ABS à l'arrière non déconnectable
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Au final...

On a aimé :
+
suspensions au top
+
moteur coupleux et disponible
+
rapport plaisir/prix imbattable
+
fun
On a moins aimé :
-
pas de bouton au guidon pour les infos au tableau de bord
-
ABS à l'arrière non déconnectable

Fiche technique

Véhicule
Marque :
Yamaha
Modèle :
MT-09 SP
Année :
2018
Catégorie :
Roadster
Moteur
Type :
Trois cylindres, 4 temps, double arbre à came en tête, quatre soupapes par cylindre
Cylindrée :
847 cm3
Refroidissement :
Liquide
Alimentation :
Injection
Performances
Puissance max. :
115 ch à 10'000 tr/min
Couple max. :
87,5 Nm à 8'500 tr/min
Transmission
Finale :
Chaîne
Boîte :
six rapports, prise constante
Embrayage :
Multidisque en bain d'huile
Partie cycle
Châssis :
Diamant
Suspension AV :
Fouche inversée Kayaba entièrement réglable
Course AV :
137 mm
Suspension AR :
Amortisseur Öhlins à bonbonne séparée entièrement réglable
Débattement AR :
130 mm
Pneu AV :
120/70 ZR 17
Pneu AR :
180/55 ZR 17
Freinage
ABS :
Oui
Freinage combiné :
Non
Frein AV :
Double disque de 298mm, étriers radiaux à 4 pistons
Frein AR :
Simple disque de 245mm
Dimensions
Longueur :
2'075 mm
Empattement :
1'440 mm
Largeur :
815 mm
Hauteur de selle :
820 mm
Poids total :
193 kg
Réservoir :
14 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Silver Blue Carbon
Catalogue
Prix de vente :
CHF 10'990.-
Prix pouvant varier dans le futur suivant les fluctuations de l'Euro
En ligne :
Garage :

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