Les années ont passées et la Monster a su évoluer et rester un roadster aussi attrayant que par le passé. Au vu des années passées tout en restant au catalogue Ducati (la Monster est sortie fin 1992) il y a un fait qui est plus qu’établi : la firme de Bologne a su faire de la Monster un mythe !
Nous sommes maintenant en 2017 et notre monstre a une fois de plus évolué, s’adaptant à la demande et aux exigences actuelles. Mais ce modèle semble n’avoir jamais aussi bien collé à ce que fut la première, qui s’appelait alors la Mostro. Preuve en est l’accroche en aluminium située en devant du réservoir, comme sur son aïeule. Ce réservoir, puisqu’on en parle s’est affiné avec les années et, de la mouture précédente à ce modèle 2017, il a perdu un litre pour passer à une contenance de 16,5 litres.
Mais la Ducati Monster 1200 S est pleine de paradoxes. Si elle tente de ressembler à ce que fut la Mostro, si elle transbahute cet héritage d’années en années, elle n’en oublie pas pour autant d’évoluer avec son temps. Une sorte de schizophrénie ô combien agréable. Le phare avant, qui garde la forme ovale du précédent modèle, est maintenant coupé par une barre de leds pour l’éclairage diurne. Des leds que l’on retrouve aussi bien dans les clignotants que dans le feu arrière, pour coller au mieux dans l’air du temps. Bref, un look sportif, mais qui sait garder sa marque de fabrique.
Le modèle 2017 du mythe de Bologne ne s’arrête pas à quelques modifications esthétiques pour la rapprocher de ce qu’elle était. Non, elle gagne aussi en sportivité, et pour arriver à ce but, bien des changements ont été effectués.
Dans un premier temps, la géométrie de la moto a été revue. Empattement réduit grâce à un nouveau bras oscillant raccourci, angle de la colonne de direction refermé, voilà de quoi faire gagner l’italienne en vivacité. C’est bon ça ! D’autant plus que le moteur n’est pas en reste. Malgré une norme Euro 4 qui n’avantage pas nos montures, la Ducati se permet de faire sortir quelques 150 purs-sangs italiens du bicylindre en L Testastretta. Belle amélioration, puisque cela représente 15 chevaux de plus que sur le précédent modèle. Le couple, en revanche n’a pas changé puisqu’il continue d’avoir une valeur maximale de 12,7mkg à 7'750 tr/min.
Et pour permettre à la belle de respirer, un nouveau « double échappement » dont les silencieux adoptent maintenant une forme carrée, comme l’étaient ceux de la Monster R 2016.
L’électronique que la Monster 1200 S embarque de série est la preuve irréfutable qu’elle est bel et bien un modèle « new génération », orienté vers un souci de performance. Un superbe écran TFT couleur permet de plonger dans un véritable ordinateur de bord permettant de paramétrer tout l’électronique. Et croyez moi, les fans des assistances vont être servis !
Pour commencer, on peut choisir le mode moteur, à savoir Sport, Urban et Rain. Mais il est également possible de se paramétrer son propre mode de conduite… ce qui peut très facilement vous faire rentrer dans un monde totalement déraisonnable ! Et croyez moi, il n’est vraiment pas difficile de devenir déraisonnable sur la Monster !
Chacun de ces modes de conduite est paramétrable et gérera différemment le DTC (pour Ducati Traction Control), le DWC (pour Ducati Wheelie Control), ou encore l’ABS Cornering siglé de la marque Bosch… Ouaip… du beau matos ! Et tout ça, la firme de Bologne l’a rassemblé sous la belle nomination Ducati Safety Pack (DSP).
Vient ensuite le choix cornélien de savoir si l’on souhaite le « simple » shifter ou si l’on préfère l’option « up & down ». Une simple pression sur le comodo vous permettra de sélectionner l’une ou l’autre des options du DQS (Ducati Quick Shift).
Des chevaux, du couple, de l’électronique, il y a de quoi avoir une brêle performante. Mais tout ca ne serait rien sans une partie cycle qui vaille la peine. Et là encore, la Ducati Monster 1200S est bien née. Et pour agrémenter le tout, le suédois Ohlins est de la partie, que ce soit pour les suspensions, dont la fourche de 48 mm. Et pour taper comme on aime dans ces suspattes, rien de mieux que des freins capables de ralentir un TGV lancé à bloc. En même temps, avec du Brembo M50, on ne pouvait pas s’attendre à autre chose.
Reste à voir si tout ce qu’on a sur le papier est aussi performant sur la route…
En dynamique, la première impression qui m’aura frappé, c’est cette sensation de tenir la roue avant entre mes mains. Un comportement sain mais rapidement, l’électronique un peu trop intrusif me gonfle et m’empêche de ressentir ce qu’il se passe sur la moto. C’est presque anémique. En même temps, toutes les assistances étaient au max. Ca ira bien sous un déluge mais là… Un petit arrêt sur le côté de la route, je libère modérément l’électronique.
Hummm, ça commence à venir… L’accélération se fait plus virile et j’ai enfin un aperçu du couple de la belle sans jamais être débordé. L’ABS se déclenche un peu trop facilement à mon goût mais je pourrais encore diminuer l’assistance par la suite, voire même le déconnecter.
Je dis souvent qu’un roadster, c’est la moto qui doit être capable de t’amener au boulot sans encombres, aller chercher ton pain le dimanche matin, et être le premier arrivé en haut d’un col quand on arsouille.
Ben là, la Ducat’ m’a montré qu’elle pouvait m’amener au boulot sans encombre. Et même que si l’envie d’emmener ma passagère préférée me prenait, il me suffirait de sortir la selle, et en enlevant deux petites vis, le capot de selle s’enlève super facilement. Simple, mais appréciable. D’autant plus que le confort du passager n’a pas été mis de côté. Quelques kilomètres parcourus avec mon SDS préféré auront suffit à avoir un retour positif de ce côté là.
En parlant de la selle, Ducati à également pensé aux petites tailles. Une fois la selle enlevée, il suffit de retirer deux petits ergots et de faire un réglage (ça dure au moins 4 secondes et demi) et voilà la moto suffisamment rabaissée pour que les petites tailles prennent autant leur pieds que les grands.
On regrette juste un peu cette chaleur que la Monster dégage au niveau des jambes… un vrai four qui pourra vous faire regretter une traversée de la ville…
Le boulot, le pain le dimanche matin, c’est bien, mais c’est pas pour ça qu’on veut une Ducati Monster 1200S… Alors, c’est parti pour l’arsouille !
Première chose indispensable pour une déconnexion totale, faire de même avec l’électronique. Le petit diable qui sommeille en moi se réveille et rien de tel qu’un petit monstre sur roues pour le laisser s’exprimer.
Une fois entièrement libre de s’exprimer, ça pousse. Mais jamais on n’a l’impression que c’est trop. On a un peu l’impression que ca vient en deux temps. D’abord, le couple. Imposant, viril, il déleste sans cesse la roue avant qui n’est plus contrôlée par l’anti-wheelie. Puis vient la puissance. L’allonge du bicylindre n’est évidemment pas infinie, mais elle est largement suffisante pour profiter des 150 chevaux qui tractent les 209 kg de la belle.
Je pars en direction de mon terrain de jeu et, avant d’attaquer correctement, je remarque qu’à un rythme « moyen », le down shift montre des signes de faiblesse. La vitesse descend dans un premier temps, avant de sauter et de me faire un faux point mort… Pas super rassurant, surtout en entrée de virage.
Paradoxalement, ce défaut s’estompe quand le rythme s’accélère. Rien à craindre en pleine bourre, ce n’est que lorsque l’on roule sur un « faux-rythme » que ce désagrément apparaît. En gros, il faut soit rouler pépère, soit attaquer comme un goret !
Mis à part ce souci, il n’y a rien d’autre à craindre. La partie cycle est démente d’efficacité dans les virolos. Il n’y aura aucune peine à être le roi du col au guidon de la Monster 1200S. Son large guidon et sa position légèrement sur l’avant permettent d’aborder chaque virage un peu plus fort et sans vraiment se fatiguer.
Ca ne veut pas dire que l’on sort indemne d’une virée sur la Ducat ! Vraiment pas même ! En fait, on arrive à l’approche d’un virage serré, on prend les freins. Là, il faut serrer la machine, fort. Les Brembo M50 vous plantent la fourche dans le goudron. Rapidement, on en vient à se dire qu’on va pouvoir freiner biiiieeeeennnnn plus tard.
Léger déhanchement, on pousse sur le large guidon intérieur et on inscrit la moto sur l’angle. Là, on est sur un rail, c’est sain, ca ne bouge pas et à nouveau, on se dit qu’on va pouvoir rentrer plus fort… Après, on ré-accélère. Et c’est au couple de s’exprimer, malmenant autant le pneu arrière autant qu’il épargne la roue avant qui elle, prend l’air. On pousse son rapport pour profiter de la puissance qui nous amène vers le prochain virage ou le bal de la Ducat’ pourra recommencer au plus grand plaisir de son pilote.
Finalement, la Ducati Monster 1200S n’est pas qu’une belle moto, performante etc… C’est surtout une machine qui possède sa propre aura. Une moto qui flatte l’égo de son proprio, que ce soit sur la route ou devant la terrasse d’un bar. Mais au prix de CHF 18'390.-, la plus belle des Monster a un de quoi faire mal au porte-monnaie avant de vous rendre fier de votre monture.