La gamme Dark Custom, ce sont 6 modèles prêts à être personnalisés. Ils ne sont pas nécessairement noirs, mais expriment plutôt le côté obscur de la marque. La Street Rod est la dernière à rejoindre cette famille. Sur celle-ci, ce qui saute aux yeux c’est l’échappement juste gigantesque. Dommage qu’il soit plutôt quelconque, mais il y a le reste de la moto qui relève honorablement le niveau.
Le moteur Revolution X trône en plein milieu, avec son admission d’air inspirée des Muscle Car à compresseur. Entièrement noir à l’exception du haut du V, la finition du coeur de la machine est plutôt soignée. Les câbles sont proprement posés, il n’y a pas non plus de durite qui dépasse bêtement. Le réservoir est assez plat au sommet mais très large entre les genoux, ce qui impacte la position. J’aborderai ce sujet plus loin.
Le grand guidon drag bar colle bien à l’esprit de la Street Rod : agilité, dynamisme et efficacité. Le rétroviseurs montés au bout offre une bonne visibilité tout en intégrant une rotule pour le rabattre en cas de choc fortuit, ceci sans déserrer de vis. Caché derrière le saute-vent de couleur assorti, l’instrument de bord se résume à un unique compteur analogique pour la vitesse avec un petit écran pour le régime moteur et le rapport engagé. Il ne manque qu’une jauge d’essence et tout ce que j’aime s’y retrouve.
Pour les jantes, Harley-Davidson a imaginé un beau dessin à 7 branches qui se divisent encore en deux. Ces jantes 17” en aluminium sont chaussées des derniers Michelin Scorcher précisément développés pour la Street Rod. Les feux arrières enfin, full LED, affichent un arc de cercle pour la position et les clignotants, ont un logo de la marque en leur centre, lequel est illuminé par l’arrière quand il est utilisé.
Pour propulser la Street Rod, Harley-Davidson a remis son moteur de 750cm3 sur la planche à dessin. En plus de le rendre conforme à la norme Euro4, il fallait le rendre plus efficient. Le premier changement a été la culasse plus haute pour permettre une course de soupapes plus importante permettant un débit lui aussi plus important. D’une part le double corps d’admission de 42mm gavé d’oxygène depuis la grosse prise d’air et d’autre part vers l’échappement redessiné. Lorsqu’on ferme les gaz au delà de 5’000tr/min et qu’on revient à nouveau à la limite d’ouverture des papillons, on a droit à quelques jolis retours bien agréables dans le silencieux. Malheureusement ma sympathie pour cet échappement s’arrête là, ses vocalises sont tout ce qu’il y a de plus conventionnel.
Ainsi, le bloc fournit 20% de puissance et 10% de couple supplémentaire. Avec 71 chevaux et 65 Nm, les performances sont en adéquation avec les 238 kg de la Street Rod. Même si les points de montage du moteur sont identiques, le châssis a subi de sérieux changement. L’angle de chasse est ramené à 27° (contre 35°) alors que le bras oscillant s’allonge pour réduire la différence d’empattement à 25 mm, par rapport à la Street 750.
La suspension a aussi subi une mise à jour pour recevoir une fourche inversée avec des tubes de 43mm et un double amortisseur, réglable en 5 positions de précharge, sur le bras oscillant. Celle-ci augmente son débattement de 30%, une grosse différence au service du confort et de la tenue de route ! Un équipement sérieux, correctement dimensionné pour la moto et modifiant surtout la garde au sol ainsi que l’angle maximum autorisé. En théorie, la Street Rod accepte de pencher 37.3° à gauche et 40.2° à droite, sa devancière s’arrêtait elle à 28.5° !
Quand je m’installe sur la Street Rod, je note tout de suite que la selle est particulièrement bien dessinée et laisse croire que la route sera confortable. Seulement au moment d’utiliser les reposes pieds, ceux-là sont exactement dans l’alignement de la selle. Ils voulaient une position facile pour mettre les pieds à terre, mais finalement mes genoux se retrouvent trop hauts, les pieds bizarrement vers l’extérieur.
Au début je pensais avoir la bonne position, mais j’avais le pied droit posé sur le frein arrière... Ça explique pourquoi je trouvais la moto difficile à faire tourner… J’ai commencé l’essai sans trop m’aider des pieds pour conduire, avec le large guidon droit on a un bon contrôle de la moto mais je me suis crispé. Et pourtant, même comme ça la Street Rod accepte de rentrer à bon rythme dans les virages ! La garde au sol et la géométrie revues permettent de pencher généreusement.
Après un certain temps je me recule au maximum sur la selle, ce qui me permet de déplier un rien mes grandes jambes et gagner un peu en confiance. Mais au fond ce qui me perturbe c’est de ne pas m’appuyer contre le réservoir en roulant. Cependant, je dois avouer que je suis bluffé par l’agilité de cette américaine, l’entrée en courbe se fait très naturellement. Une fois inscrite, elle reste stable et confortable jusqu’à remettre les gaz. Là, la poignée manque de progressivité à mon goût, l’admission s’ouvrant un peu brusquement.
La Street 750, toujours au catalogue, pêchait par son freinage, sur la Street Rod ils ont ajouté un deuxième disque sur l’avant. La puissance de freinage est sécurisante, avec beaucoup de mordant. Certains l’ont trouvé difficile à doser, j’étais plutôt très satisfait de pouvoir freiner fort avec finalement peu d’effort de la main droite.
À la fin de mon essai j’étais plutôt satisfait de ce que la marque américaine avait pu mettre sur la route. Une moto carrément dans l’ambiance de la gamme, mais offrant une grande agilité et un moteur pêchu qui a bon caractère. Un débutant aura tout loisir de la prendre en main pour ses premiers tours de roue, lui permettant aussi de passer facilement son permis avec.
Disponible en noir brillant (Vivid Black), noir mat (charcoal Denim) et olive mat avec petites touches or (Olive Gold), la Street Rod est vendue entre 8’500.- et 8’800.- en fonction de la couleur choisie. Elle peut être limitée à 35 kW pour les jeunes conducteurs si besoin et la gamme d’accessoires est évidemment très vaste comme il est d’usage pour les motos de Milwaukee.
Franchir la porte d’une concession Harley-Davidson n’est pas réservés à un certain type de personnes, ils sont même très fort pour accueillir quelqu'un qui semble y mettre les pieds une première fois. Si la Street Rod vous fait de l’oeil, allez vous forger une opinion sur la route et non sur l’enseigne du garage, vous pourriez passer à côté de celle qu’il vous faut.